Un figurón s’en est allé. Lorsque j’ai appris la terrible nouvelle, pas mal de souvenirs m’ont envahi, à la hauteur du chagrin ressenti par le départ de Jean-Louis. Paquirri, c’était pour moi le Sud-Ouest, notamment les ferias estivales, leur ambiance festive, la sympathie, l’amitié, la convivialité et l’aficion…
Pour lui rendre hommage, Patrice Quiot s’est spontanément proposé. Qu’il en soit ici remercié. Tout Jean-Louis est dans son texte. A sa famille, Hélène et ses amis, Torofiesta présente ses sincères condoléances…
PAQUIRRI
Vendredi 14 mai.
22h10.
Le téléphone sonna.
Hélène m’informa.
J’aimais beaucoup Jean-Louis Richard.
Nontron, le bassin d’Arcachon, le sud-ouest de ses origines.
L’armée où il avait servi, à côté des avions.
Chipiona où il vivait une partie de l’année quand, en France, il faisait froid.
Il avait la minutie d’un ordre de mission, la voix éraillée d’un mercenaire de Bob Denard, l’élégance vestimentaire d’un major du Raj britannique el une connaissance de carte d’état-major du campo andalou dont il aimait l’espace.
Il aimait découvrir.
Aussi bien les drailles de Barbate, les étals du mercado de abastos, le sable du Rocío, celui des plages de Matalascañas que le chemin caillouteux qui va de Lebrija à Coria del Río en évitant Séville par le bac qui traverse le Guadalquivir sur les berges duquel d’un côté courent des lapins et de l’autre sont assis des vieux qui vendent des poissons et des figues de barbarie tirés de paniers d’osier.
Il aimait l’aventure qu’aimait Blaise Cendrars.
Il aimait les becerristas qui s’entrainent à la Plaza del Pino de Sanlúcar, les épinards aux pois-chiches de la venta «Pascual» de Medina Sidonia et les petits oiseaux rôtis que Soni accommodait pour lui.
«Paquirri » était gourmand de la vie, de ses plaisirs, du vin, du foie gras, du faisan au riz de la venta «El Soldao» à côté de San José de Malcocinado, des cigarettes blondes et du soleil de Tarifa.
Il lisait «El País» à la terrasse du bar «El Picoco» de Chipiona, appréciait le poisson frit du Bajo de Guía, les copitas du «Serranito», le bar des «Pyrénées», du « Sablar » ou du « Splendid ».
Il adorait les chemises bien repassées, les rencontres, les discussions debout sur les pas de porte des bistrots et aimait se faire de nouveaux amis qu’il promenait au volant de sa Mercedes claire dont il appréciait le confort qu’elle leur offrait.
Il vouait une aficion inextinguible à Morante auquel il pardonnait tout.
Avec lui, très souvent, son copain Jean-Pierre, ancien représentant en brandade qui le dévorait des yeux
Avec lui, Hélène, son amie.
Taquine, elle lui reprochait son caractère entier.
Douce, elle le rassurait
Pour remercier « Paquirri » de tant l’aimer, la vie lui avait mis la cornada.
La méchante.
Celle du crabe.
Il avait fêté son soixante treizième anniversaire début avril.
Il est mort d’une crise cardiaque, chez lui, le 14 mai, vers midi.
Cet après-midi-là, à Vista Alegre, Morante coupait une oreille à un toro de Juan Pedro.
«Paquirri » ne l’a pas vu.
Mais il a souhaité que ses cendres soient dispersées au hasard des plazas andalouses…
Patrice Quiot
NDLR : Obsèques au Crématorium de Montussan (33) le jeudi 20 mai à 8h15. Jauge entrée : 70 personnes maximum.
(Photo : Agnès Peronnet)