Édifié à la fin des années 20, témoin privilégié de l’histoire dacquoise jusqu’à sa fermeture en 2012, le Splendid a rouvert ses portes en 2018 après un vaste chantier de rénovation.
Si le Rocher de la Vierge et le casino contribuent à l’identité de Biarritz, on peut considérer que les arènes et l’hôtel Splendid représentent les deux monuments emblématiques de Dax.
Le Splendid occupe depuis 1928 une place privilégiée sur les berges du fleuve, à l’emplacement même d’un château construit au 12e siècle. Il fut la résidence des vicomtes d’Acqs, puis celle du prévôt royal et enfin du marquis de Poyanne. Lors de la guerre de Cent Ans, l’armée anglaise et les Français lui dirent supporter moult assauts. Le roi Louis XI y séjourna deux semaines en 1463 et consentit à financer les réparations. Ce sont d’ailleurs les vagues successives de travaux et d’aménagements au cours des siècles qui contribuèrent à transformer le château en approximation architecturale, servant de caserne jusqu’au milieu du 19e siècle.
Progressivement abandonné, la ville de Dax récupère l’édifice en 1888 puis le fait démolir trois ans plus tard. Profitant de la ressource naturelle des lieux, la Fontaine chaude, la société Dax Salins Thermal décide la construction d’un établissement ambitieux, dont la conception est confiée à Pierre Esquié, Prix de Rome, que complète un casino. Hélas, en juillet 1926, un terrible incendie ravage les deux bâtiments et libère une nouvelle fois cet emplacement privilégié sur les bords du fleuve aquitain.
Réputée depuis l’Antiquité pour ses eaux minérales chaudes et ses boues adaptées à la rhumatologie et à la phlébologie, la ville de Dax développe une large infrastructure d’accueil des curistes entre les années 20 et 30. De nombreux architectes sont mis à contribution, parmi lesquels Albert Pomade, à qui l’on doit déjà les arènes de la ville, Jean Prunetti ou encore Georges Fudji.
C’est d’ailleurs ce que décrit l’écrivain Yves Harté dans sa nouvelle « Les yeux verts du Splendid » publiée par les éditions Le Festin (ouvrage « Lumière du Sud-Ouest ») : « En 1925, Eugène Milliès-Lacroix, maire, dignitaire landais et fils de ministre, décida envers et contre tous que Dax devait posséder sur les rives de l’Adour une façade comparable à celle des plus belles stations. Le Splendid en serait le firmament. Les campagnes contre un projet jugé faramineux n’y firent rien. »
André Granet, qui vient de concevoir la salle Pleyel à Paris, se voit confier la réalisation du nouvel hôtel sur les berges de l’Adour, en remplacement de l’établissement calciné. Granet est un architecte reconnu dans les années 20, promoteur passionné du style Art déco. Il s’en inspire d’ailleurs largement lors de la conception de l’hôtel Splendid, qu’il imagine comme un paquebot, à destination d’une clientèle aisée, habituée aux croisières transatlantiques.
L’Art déco, distillé avec parcimonie sur les longues façades de l’établissement, explose sitôt le hall franchi. L’impressionnante verrière éclairée s’impose à l’ensemble de la salle, que vient enrichir le grand escalier. Le carrelage, les éléments de décoration, le luminaire et les pièces de mobilier contribuent également à rendre le lieu exceptionnel, d’une rare élégance. Le style Art déco s’invite partout dans l’hôtel, de la salle de restaurant au fumoir et aux nombreuses chambres.
L’inauguration de l’hôtel Splendid en 1929 attire du beau monde : Ernest Hemingway, Joseph Kessel, Jean Cocteau ou encore Sacha Guitry. Il permet d’asseoir, à l’instar des autres établissements et du casino, la réputation de Dax comme station thermale de tout premier plan. La clientèle du palace ne se limite pourtant pas aux seuls curistes. Ainsi, les festivités tauromachiques de Dax attirent chaque année une foule nombreuse de spectateurs et des matadors prestigieux.
« De nombreux matadors venaient à Dax pour les férias : Antonio Ordóñez, Paco Camino, José Mari Manzanares, Enrique Ponce… et bien souvent, ils refusaient de signer leur contrat s’ils n’étaient pas logés au Splendid. Je me souviens de Luis Miguel Dominguín qui, par superstition, demandait toujours la même chambre, la 134, l’actuelle Suite Arena. Une fois, cette chambre était occupée. Il a failli repartir et a exigé que la cliente change de chambre » raconte ainsi Pierre Albaladejo sur le site officiel du Splendid.
L’établissement s’installe dans la ville et dans la vie des Dacquois, qui le considèrent toujours un peu comme un univers à part, réservé à une élite à laquelle ils n’ont pas le sentiment d’appartenir. L’écrivain Hemingway, passionné de corrida, continue de le fréquenter. L’acteur Pierre Fresnay le découvre avec enchantement lors du tournage de Monsieur Vincent en 1946. L’artiste Maurice Utrillo décède dans la chambre 237 en 1955. Marcelo Mastroianni, invité à la feria, se déclare tellement impressionné par le hall qu’il appelle Fellini pour envisager le tournage d’une séquence.
En 1991, le Splendid fait l’objet d’une inscription à l’Inventaire des Monuments historiques. Quatre ans plus tard, une première phase de rénovation est initiée, mais, au fil des années, l’activité thermale de Dax régresse invariablement, peut-être en raison d’une absence de politique volontariste de la ville ou d’une conjoncture jugée plus difficile.
En 2013, le taux d’occupation de l’hôtel ne dépasse pas les 12 % et il est décidé, la même année, de mettre en place un projet de cessation d’activité, entraînant de facto la fermeture de l’établissement.
Pour les Dacquois, l’annonce de cette fermeture est douloureuse, tant le Splendid symbolise leur cité. La mairie, persuadée que l’activité thermale correspond à un secteur économique pérenne et solide, lance un vaste plan de modernisation, auquel elle associe différents partenaires institutionnels, dont la Caisse des Dépôts, le Département et la Région.
Un budget de 16,5 M€ est ainsi réuni. L’agence KAPZUL, l’agence BAL et Nathalie Saccu de Franchi sont chargées d’assurer la restructuration complète des 149 chambres et des trois espaces classés à l’Inventaire des Monuments historiques, à savoir le hall, le restaurant et le salon. Le projet s’accompagne également de la création du spa et d’un centre d’affaires.
Lancé en 2014, et appelé à durer quatre ans, le chantier fait appel à une quarantaine d’entreprises et à plus d’une centaine d’intervenants, tous corps de métier confondus.
Dans le hall d’accueil, chaque pièce de l’imposante verrière lumineuse est démontée et nettoyée, permettant de mettre à jour des détails oubliés. Les verres manquants ou trop abîmés sont remplacés après de longues recherches de pièces similaires en France et même aux États-Unis. Les fauteuils d’origine bénéficient d’une vraie restauration grâce à des rééditions de tissus initiées par une filiale d’Hermès.
La rénovation consiste finalement à reprendre le faste d’antan tout en apportant au palace les éléments indispensables de confort et de sécurité. Ainsi, dans la salle du restaurant, les motifs originaux de la moquette sont fidèlement repris grâce à des clichés d’époque. Dans les chambres, les portes, les placards et les radiateurs sont restaurés et conservés, à la différence des salles de bain, entièrement refaites et redécorées, mais selon le style Art déco qui prévaut dans tout l’établissement.
Après quatre ans de travaux, le « nouvel » hôtel Splendid rouvre enfin ses portes. La ville reste propriétaire des murs, mais confie l’exploitation au groupe hôtelier Vacances Bleues. Le projet consiste avant tout à sortir du seul périmètre des cures médicales, à s’ouvrir à diverses opportunités commerciales et à élargir la gamme de la clientèle. Dax inaugure ainsi le thermalisme ludique, susceptible de séduire des clients plus jeunes et des familles à la recherche de séjours dédiés au bien-être.
Enfin et surtout, l’hôtel Splendid s’ouvre pleinement aux Dacquois, qui l’ont souvent considéré comme inaccessible, malgré sa proximité. Yves Harté trouve les mots justes dans son texte « Les yeux verts du Splendid » : « La rumeur de la ville ne parvenait pas jusqu’à lui, il fallait dans ces années-là un courage de rugbyman pour aller jusqu’au bar commander un Porto et on avait alors l’impression d’avoir côtoyé un autre monde. »
Aujourd’hui, bien au contraire, le hall accueille diverses manifestations locales.
Même l’extérieur du palace a été réaménagé. Les jardins ont profité de nouvelles ouvertures, les transformant en parc semi-public. « Il a suffi de les remettre dans un contexte urbain et de recoudre le bâtiment avec la ville, qui était isolé sur l’Adour comme un paquebot à quai », indique Sandrine Forais, l’architecte de l’agence KAPZUL.
Sources
« France Sud-ouest Olivier Sorondo /14 janvier 2020 Datos : Fêtes de Dax 2021 Vendredi 13 août à 18h : Toros de Nuñez del Cuvillo pour Morante de la Puebla, Roca Rey et Pablo Aguado.
Samedi 14 aout à 11h : Novillada sin caballos de Alma Serena et La Espera pour El Melli (Sanlúcar) par Mario Navas (Salamanque) – Eric Olivera (Badajoz) Marcos Linares (Linares) – Ismael Martín (Salamanque) Tristan Barroso (Landes – Badajoz).
Samedi 14 août à 18h : Toros de La Quinta pour Daniel Luque, Emilio de Justo et Adrien Salenc.
Dimanche 15 août à 11h : Novillada piquée de Zacarías Moreno pour Jean Baptiste Molas (Dax) – José Fernando Molina (Albacete) Manuel Perera (Badajoz).
Dimanche 15 août à 18h : Toros de Santiago Domecq pour Miguel Angel Perera, Ginés Marin et Juan Leal.
Voir ICI
Patrice Quiot