PATRICE
Caso.
Raro.
Comme sobresaliente.
De mon genou.
Et à la façon d’une rotule.
A cinq doigts.
Longtemps elle me servit.
À marcher.
Malgré ses extraños.
D’extravagance.
Car désobéissante.
Elle était.
Quelques fois.
Oubliant sa destinée singulière.
Elle me lâchait.
Y perdiendo los manos.
Iba.
Al suelo.
Maladroite aussi.
Elle fut.
Elle pliait mal les capotes.
Ne savait pas bien attacher les machos.
Vissait à l’envers le tornillo.
Assujettissant la muleta au palo.
Se piquait.
De sa pointe.
Se coupait.
Avec l’estoque.
Et renversait.
La bouteille d’eau.
Sur les zapatillas.
Du compañero.
Mais elle aimait.
Le contact rugueux du burladero.
Nouait avec style.
La corbatín sur la chemise blanche.
Et affectionnait.
Dans les moments de doute.
Se poser sur l’épaule
De l’ami.
Souvent, toucher, effleurer même.
Vaut mieux que parler.
Me.
Disait-t-elle.
Une fois.
Elle s’essaya.
Tremblante.
Dans le toque.
A donner.
Une mauvaise passe.
La vache.
Me mit minable.
Je ne lui en fis.
Jamais le reproche.
Studieuse cependant.
Mi mano derecha.
Était bonne en dictée.
Et appréciait tourner les pages des livres.
Dans les discussions
Elle me servait à appuyer des arguments.
Elle m’aidait.
A lancer des anathèmes.
Et son index accusateur.
Dénonçait l’injustice
Faite.
Aux toreros français.
Laissant à la main gauche.
Le soin de mettre à l’occasion des gifles.
Elle allait suelta.
Libre de toute contingence.
Ramasser la hierbabuena.
Dans le campo andalou.
Donner la « mite du coiffeur».
Aux collègues.
Et se glisser.
Dans le corsage des filles.
Aujourd’hui.
Elle a vieilli.
Les rides.
L’atteignent.
Des tavelures.
La marquent.
L’arthrose ankylose.
Ses doigts.
Elle a perdu.
En sensibilité tactile.
N’arrive plus.
A ouvrir les huîtres.
Et tremble un peu.
Pour allumer la cigarette qui me tuera.
Mais elle mouche toujours.
Le nez qui coule.
Et court.
Avec une allégresse encore juvénile
Sur le clavier de l’ordinateur.
Essayant le plus souvent.
Au gré.
De sa fantaisie.
De raconter des histoires d’antan.
Et quelquefois.
D’autres.
Choses.
Ella sigue.
Escribiendo.
C’est une façon à elle.
De continuer à vivre.
Se refusant à une despedida définitive.
Et à finir.
Conservée telle la jambe du « Tato ».
Dans le formol d’un reliquaire.
Sur l’étagère d’un rade.
De la rue de l’Etoile.
Entre une boutanche de « Veterano Osborne ».
Et une de manzanilla «La Guita».
Patrice Quiot