PATRICE
MUGRON
Le lundi de Pâques, en milieu de matinée.
Je roulais sur une route des Landes.
Il faisait beau.
Et j’avais envie d’enthousiasme.
C’est à Grenade sur l’Adour.
Que le poème me revint en mémoire.
« Vous souvient-il de l’auberge
Et combien j’y fus galant ?
Vous étiez en piqué blanc :
On eût dit la Sainte Vierge.
Un chemineau navarrais
Nous joua de la guitare.
Ah ! que j’aimais la Navarre,
Et l’amour, et le vin frais.
De l’auberge dans les Landes
Je rêve, – et voudrais revoir
L’hôtesse au sombre mouchoir,
Et la glycine en guirlandes. »
(Paul-Jean Toulet (5/06/1867 – 6/09/1920), Chansons)
Simplicité du fond.
Splendeur de la forme.
Ce que doit être la vie.
Ce que doit être le toreo.
Et je me pris à souhaiter.
Que la novillada de l’après-midi allât en ce sens.
Cauna.
Souprosse.
Les villages défilaient.
Dans la douceur du plaisir de l’attente.
Et puis soudain au détour de la rêverie.
Mugron.
Hautes et horizontales.
Bâties de pierre d’Angoulême et de béton, les arènes de Condrette.
De l’extérieur, elles paraissent un chai vigneron.
A l’austérité presque monacale.
De l’arrière.
On découvre l’Adour et ses barthes.
Semi elliptique.
Est le ruedo sur lequel s’ouvrent des portes rouges.
D’elles, sortent les vaches landaises.
Au-dessus, des géraniums.
Et encore au-dessus, ombragée de lierre.
Une tribune où se tient la musique.
Du tout se dégage.
Une harmonie de plaisir à partager.
Une architecture.
Presque gourmande.
Qui éclaira de son ombre.
Les novillos jansénistes de Baltasar.
Réservé et sur la défensive le un.
Compliqué et impossible à gauche le deux.
Violent et avec peu d’options le trois.
Un peu plus de volume, mais sans réelle bravoure le quatre.
Le mieux présenté, peu maniable mais le moins pire du lot le cinq.
Fuyard sans transmission le six.
Tous avec plus de genio que de race.
Tous manquant de chispa.
Je repensais à la légèreté de Paul-Jean Toulet.
En me disant que.
La mayonnaise Contreras-Domecq allongée de Garcigrande-Victoriano.
Etait restée grasse au fond du cul de poule.
Avec ce fond de sauce.
Ni blanc, ni brun.
Sergio courageux et maçon.
Marcos imprécis.
Tristan aux beaux gestes, aux qualités évidentes.
Et à la personnalité à affirmer.
Ne purent nullement.
Fricasser le repas de fête espéré.
Mais au-delà de la demi déception de la tarde.
Je garderai un beau souvenir de ce lundi.
Que, plus jeunes, nous célébrions.
D’une omelette aux pointes d’asperges au Pont du Gard.
Le club taurin mugronnais.
Avait magnifiquement bien fait les choses.
Avec passion.
Et générosité.
Le matin, les erales de Philippe Bats.
Furent célestes.
Andoni leur coupa.
Quatre oreilles.
Et Hadrien en trancha une.
Pour sa première non piquée.
Les gens furent adorables.
L’apéritif copieux, les joues de porc confites de bon aloi.
Et l’après-midi, cerise sur le gâteau, ma voisine de tendido.
Fut à elle seule une vraie gourmandise.
Datos
Mugron, Lundi de Pâques.
Matinal.
Trois erales d’Alma Serena.
Andoni Verdejo : deux oreilles, deux oreilles ; Hadrien Lucq: une oreille.
Le prix des Organisateurs du Sud-ouest a été partagé entre les deux novilleros.
Le prix du triomphateur est allé à Andoni Verdejo.
Vespertina.
6 novillos de Baltasar Ibán.
Sergio Rodriguez : silence et silence ; Marcos Linares : silence après avis et une oreille ; Tristan Barroso : une oreille et applaudissements.
Patrice Quiot