Pendez-moi !
 
Au gibet de Montfaucon.
 
Aux ponts de Talabot.
 
Aux colonnes de l’Alameda.
 
 
 
Brûlez-moi !
 
Sur la place du Vieux Marché de Rouen.
 
Au feu de la garrigue.
 
A ceux des Fallas.
 
 
 
Noyez-moi !
 
Dans l’eau du Vistre.
 
Dans le río Manzanares.
 
Ou le Guadiana.
 
 
 
Pendez-moi !
 
Brûlez-moi !
 
Noyez-moi !
 
Car j’ai pris du plaisir.
 
 
 
A voir.
 
Mourir.
 
Dans l’arène.
 
Des milliers de toros.
 
 
 
Dont.
 
De presque tous.
 
J’ai vu les derniers sursauts.
 
De la patte.
 
 
 
Dont.
 
De presque tous.
 
Je me souviens.
 
Avec délectation.
 
 
 
Je suis un Gilles de Rais.
 
Du beau puyazo.
 
Un curé d’Uruffe.
 
De l’estocade en la ley.
 
 
 
Un Désiré Landru.
 
Des plazas.
 
Un Marcel Petiot.
 
Des tendidos.
 
 
 
D’où.
 
J’ai été le complice.
 
Des sicaires.
 
En lumières.
 
 
 
J’ai aimé.
 
La pique coupante.
 
J’ai aimé.
 
Les harpons plantés.
 
 
 
J’ai aimé.
 
Voir couler.
 
Le sang.
 
Hasta la pezuña.
 
 
 
J’ai aimé.
 
Leur grâce.
 
A les voir
 
Les contraindre.
 
 
 
J’ai aimé.
 
Leur grâce.
 
A les voir.
 
Les occire.
 
 
 
Sans hésitation.
 
J’ai applaudi.
 
Et béni.
 
Leurs gestes.
 
 
 
J’ai avoué.
 
Mon plaisir.
 
A voir donner.
 
La mort.
 
 
 
Je suis criminel.
 
D’avoir aimé.
 
Je suis assassin.
 
Par procuration.
 
 
 
Oui messieurs.
 
J’ai vu tuer.
 
Oui messieurs.
 
J’ai vu mourir des toros.
 
 
 
Je reconnais ma faute.
 
Mea culpa.
 
Mea culpa.
 
Mea maxima culpa.
 
 
 
Je plaide coupable.
 
Ne regrette rien.
 
Et n’ai.
 
Aucune circonstance atténuante.
 
 
 
Je ne veux pas.
 
Etre défendu.
 
Ni par Moro Gaffieri, avocat à vingt ans.
 
Ni par Floriot, le fils de flic.
 
 
 
Je livre.
 
Ma turpitude.
 
Au réquisitoire.
 
Des avocats généraux de la bien pensance.
 
 
 
Et au verdict du jury.
 
Au costume triste.
 
Des repas de famille dominicaux.
 
Et des plans d’Epargne.
 
 
 
Au nom d’une morale.
 
A la couleur de guimauve.
 
Et à l’accent.
 
De St Nicolas du Chardonnet.
 
 
 
Ils me condamneront.
 
A monter.
 
Dans la charrette.
 
Parada en Place de Grève.
 
 
 
J’écouterai.
 
La sentence.
 
Et quand le Président.
 
La prononcera.
 
 
 
Comme Gaston Dominici.
 
Je me contenterai.
 
De dire :
 
« Ah ! Celle -à elle est forte ! »
 
 
 
Pendez-moi !
 
Brûlez-moi !
 
Noyez-moi !
 
Faites ainsi.
 
 
 
Mais quand on me livrera.
 
A Samson.
 
Je sais qu’à son oreille je murmurerai :
 
« Suerte ! »
 
Patrice Quiot
 
PAUSE POUR WEEK-END TAURIN A ST-SEVER.
 
REPRISE DES LIVRAISONS LE MARDI 27/06/2023