«No hay billetes».
 
 
 
Affichait à 17h30 la pancarte.
 
Au-dessus du guichet.
 
 
 
Comme il y a presque.
 
Trente ans.
 
 
 
Quand en juin 1994, Julio César Rincón Ramírez.
 
Avait vingt-neuf ans.
 
 
 
Et que dix-sept jours avant à Madrid.
 
Son destin avait croisé la route de «Bastonito».
 
 
 
Cette année-là Sébastien fêtait onze ans.
 
Et Emilio aussi.
 
 
 
Mais le dimanche 25 juin 2023.
 
Le premier avait déjà ouvert six fois la Puerta Grande.
 
 
 
Et le second essayait d’oublier ce jour des Rameaux de 2022.
 
Quand un toro de Pallarés l’avait laissé presque tétraplégique.
 
 
 
A St Sever dans l’air lourd.
 
Et la chaleur épaisse.
 
 
 
Six toros de Salamanque.
 
Les attendaient.
 
 
 
Deux du Puerto de San Lorenzo d’origine Atanasio.
 
Et quatre de la Ventana del Puerto de procedencia Domecq Díez.
 
 
 
Trois.
 
Pour chacun.
 
 
 
Mano a mano.
 
Ça s’appelle.
 
 
 
Une affiche.
 
De luxe.
 
 
 
Un caviar.
 
De cartel.
 
 
 
Et.
 
L’arène était pleine.
 
 
 
Avant d’y entrer.
 
Je retrouvai Vincent Bourg.
 
 
 
Il me parla.
 
De cette vache équatorienne qui lui fit mal.
 
 
 
Il me parla de l’épopée.
 
De son voyage retour.
 
 
 
Il me parla aussi de deux commodes XVIIIème.
 
Qu’il fut à deux doigts d’acheter.
 
 
 
Vincent parla.
 
Vincent parla magnifiquement.
 
 
 
Et dans ses paroles de plaisir je fus heureux.
 
De retrouver la guasa immortelle de «Zocato».
 
 
 
Une minute d’applaudissements.
 
A la mémoire de Jean Cazaubon.
 
 
 
L’ovation et le salut des deux toreros.
 
Ouvrirent le ban de l’acto.
 
 
 
Sébastien Castella a jeté.
 
Ses vieux démons aux orties.
 
 
 
Maestro, Sébastien l’est.
 
Dans ses manières.
 
 
 
Sans un mot.
 
De la pointe de l’épée.
 
 
 
Ou d’un imperceptible.
 
Signe de tête
 
 
 
Il dirige sa cuadrilla.
 
Plus qu’il ne la commande.
 
 
 
Son exigence.
 
Est souveraine.
 
 
 
Irréfragable.
 
Eclatante.
 
 
 
José Chacón, Raphael Viotti et Luis Blázquez.
 
Exécutent à la lettre ce que Sébastien demande.
 
 
 
Maestro, Castella le fut.
 
Dans son trasteo.
 
 
 
Il régla limpidement le caractère décomposé
 
De son maniable premier.
 
 
 
Avec la minutie.
 
D’un horloger suisse.
 
 
 
Calibra à l’aune de l’intelligence torera.
 
La faiblesse noble de son second.
 
 
 
Qu’il aurait souhaité tuer après l’avoir cadré.
 
Par le seul positionnement de son corps.
 
 
 
Et montra au cinquième ce que sont.
 
La douceur d’une promenade sur le canal du Midi quand le Ventana del Puerto fit preuve de noblesse.
 
 
 
Et l’arrimón d’un gamin de la Devèze.
 
Quand le même vint abajo.
 
 
 
Trois faenas.
 
Sobres de propreté et cousues de temple.
 
 
 
Trois faenas
 
Presque confidentielles.
 
 
 
D’intimité troublante.
 
Dans le lisse d’un plaisir retrouvé.
 
 
 
Et trois estocades.
 
Qu’on dira, mais peu importe, tombées.
 
 
 
Pour trois oreilles.
 
De résurrection.
 
 
 
« Tout ce qui est caché sera découvert. Tout ce qui est secret sera connu. » dit le Livre de Mathieu.
 
 
 
Si Emilio de Justo coupa.
 
Les oreilles de l’excellent ultime à la mobilité irradiante.
 
 
 
Et le tua d’un estoconazo en lo alto.
 
 
 
Son premier où il alla de menos a más.
 
Lui demanda beaucoup.
 
 
 
Et il le tua mal.
 
 
 
Et je le vis aguicheur et presque populiste.
 
A son faible et noble second.
 
 
 
Qu’il ne tua pas bien.
 
 
 
Je crois que le toro de Pallarés.
 
Du dimanche des Rameaux de 2022 le hante encore.
 
 
 
Et que quelque chose en lui.
 
S’est peut-être rompu.
 
 
 
« La blessure vit au fond du cœur » écrivait Virgile.
 
 
 
Sa sortie en triomphe avec Sébastien.
 
Lui redonna le sourire.
 
 
 
Comme si à cet instant il songeait à redevenir.
 
Ce qu’il fut.
 
 
 
Et ce serait bien
 
Ainsi.
 
 
 
Le 25 juin.
 
L’été venait de naître.
 
 
 
« Lumière profuse ; splendeur. L’été s’impose et contraint toute âme au bonheur. » écrivait Gide.
 
 
 
Et ce jour-là St-Sever.
 
Donna à voir un beau dimanche de toros.
 
 
 
Je dormis.
 
La fenêtre ouverte.
 
 
 
« La luna vino a la fragua. Con su polisón de nardos. » écrivait Fedérico.
 
 
 
Le lendemain.
 
Je repartis riche de souvenirs.
 
 
 
Datos 
 
Dimanche 25 mai/Vespertina.
 
Ciel nuageux.
 
Présidence : Miguel Telleria.
 
Toros de Puerto de San Lorenzo (3º y 4º) y La Ventana del Puerto (1º, 2º, 5º y 6º), de juego desigual.
 
Destacó el buen sexto, con transmisión y movilidad de un conjunto manejable pero justo de fuerzas a excepción del sexto.
 
Sébastien Castella : Oreja tras aviso, oreja tras aviso y oreja.
 
Emilio de Justo : Ovación, ovación y dos orejas.
 
Sobresaliente : Jérémy Banti.
 
Patrice Quiot