RAFAEL
Nous avons dû parcourir 1200 kms pour atteindre ce très joli petit village de Cuevas del Valle, rafraichi par un torrent qui coule en son centre.
En levant les yeux, nous admirons le sommet de la chaine des montagnes de Gredos, très prisées des motards, qui se lancent des défis de vitesse pour atteindre le col par une route très sinueuses et parfois malheureusement mortelle.
La fête populaire et bon enfant régnait dans le village depuis la veille.
Tout le monde était joyeux et très accueillant, comme seuls savent l’être les Espagnols.
Sur le chemin, nous avions repéré le château de Monbeltrán, du XVe siècle, un des plus beau d’Espagne, qui trône dans cette magnifique sierra de Gredos.
Dans la matinée, l’événement majeur était l’encierro « comme à Pampelune », avec les novillos de l’après-midi, qui devaient parcourir les jolies petites ruelles aux balcons décorés et fleuris.
Rafael, par aficion, est allé voir…
Or, il s’est trouvé que, sur la petite place avec la fontaine en pierre, les toros se trouvaient bien et ne voulaient plus quitter ce havre de fraicheur.
Prenant son courage à deux mains, Rafael s’est présenté a cuerpo limpio et a « tiré » la « manada » jusqu’aux arènes, entrainant derrière lui les novillos, sous les clameurs de la foule.
Grâce à cet exploit, il a été connu de tous les aficionados qui l’arrêtaient dans la rue pour le féliciter.
À leur grande surprise, il leur annonçait que c’était lui qui allait les combattre l’après-midi. Rendez-vous était pris !
De plaza de toros, il n’y en avait pas, seulement un « plan » entre une falaise et le torrent.
A 17h 30, nous accueillons Javier Martín, professeur de Salamanca, avec son élève, par une chaleur suffocante.
Rafael fait la connaissance de son compadre et d’un élève qui est le fils du picador Victor « El Legionario ». Un banderillero, qui en avait vu d’autres, nous rejoint et nous fait le numéro de « j’ai toréé à Pamplona, j’ai toréé avec le Juli… » tout en s’habillant. Le sorteo a été rapidement fait, dès lors que Rafael a accepté de passer devant, nous avons tiré au sort et pour une fois, nous avons tiré le bon novillo.
La novillada était de La Guadamilla (Ávila).
Pour ma part, j’étais « esquiché » dans un burladero par des vieux du village et quand je leur ai proposé d’aller se placer dans un burladero très large, à l’opposé de la piste, ils m’ont répondu : « Jamais, c’est le burladero de la mort !!! ». En effet, ce burladero était seulement séparé du torrent par un mur par-dessus lequel la jeunesse s’amusait à se passer des poubelles remplies d’eau fraiche pour en arroser les occupants.
Quant à la faena, notre Rafael l’a commencée tout naturellement par deux faroles de rodilla et l’a terminée par une estocade entière, très bien placée.
Vous pourrez voir combien Rafael a été excellent dans un petit film que nous mettrons en ligne prochainement.
Le seul bémol de ce très bon moment, c’est que le puntillero après avoir raté plusieurs fois son coup a relevé le toro et Rafael a dû prendre le descabello, ce qui lui fit perdre la récompense suprême, il méritait le rabo. Il a reçu 2 oreilles bien coupées.
Dernier détail typique : le guante. Les jeunes novilleros font le tour de piste tendant la cape à la générosité des spectateurs, tout cela dans une ambiance festive et en musique.
Vraiment, Rafael Ponce de Leon est en plein progrès. Depuis ses derniers succès du week-end dernier de Boujan sur Libron et de Castelnau Rivière Basse.
Nous lui souhaitons une buena temporada 2023…
(Communiqué du CFT)
NDLR : 1/ Matador : outre que ce soit un torero au plus haut niveu, c’est aussi le nom donné à un petit instrument en forme de petit tube utilisé par les vétérinaires et expérimenté dans le but de remplacer la puntilla, au moins dans les non piquées, qui parfois s’avère trop déficiente. En pratique, c’est pour en finir sur le coup par une décharge sur le frontal.
2/ Bravo à Rafael qui à Lunel, à la manière d’un forcado, est allé prendre seul le novillo entre les cornes pour le faire rentrer dans le toril avant quelques compañeros ne viennent à la rescousse. Olé !