Vendredi, première corrida des fêtes. Lleno. Trois toros de Victoriano del Río et 3 toros de Cortés (1er, 4ème et 6ème), second, troisième et sixième ovationnés ; l’arrastre lent fut donnée au sixième.
 
Alejandro Talavante : silence et silence.
 
Emilio de Justo : silence après avis et silence.
 
El Rafi : vuelta al ruedo et deux oreilles.
 
C’est un lot aux petits oignons que Victoriano a envoyé aux Dacquois. Impeccable de présentation d’abord : harmonieux, entipado, et surtout aux défenses acérées, ce qui nous change de nos dernières sorties – et cela prouve que c’est possible. Au moral, il eut de nombreuses vertus : brave à la pique le plus souvent et surtout noble par la suite ; les seconds, troisièmes et sixièmes se distinguant par leur transmission. Il y avait de quoi faire et sans doute plus de ces dépouilles qui auraient dû laisser leurs oreilles sur le sable de la cité thermale. Heureusement, El Rafi sauva la tarde et ce final heureux laissera un goût savoureux pour cette ouverture. Comme une tardive mise en bouche…
 
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Alejandro Talavante était invité de dernière minute pour pallier l’absence de Roca Rey qui récupère dans sa villa de Gerena. Alejandro n’aura pas fait oublier le torero limeño. Où l’Alejandro ce ne fut hier que l’ombre de lui-même et son retour tourne à la calamité. Lui que l’on connaissait plein d’entrain, d’ambition et d’engagement est passé comme une ombre sur cette tarde caniculaire. A la muleta surtout, il ne fit aucun effort, toréant tout fuera de cacho, sans cette grâce qui nous l’avait fait aimer. A l’épée, d’habiles tentatives ne trompèrent personne : une entière sur le côté et un descabello, puis une entière (très) basse. Alejandro n’y est plus !
 
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Plus d’entrega et de désir de satisfaire chez Emilio de Justo plaisant à la cape et qui eut le mérite d’attendre son second adversaire à puerta gayola. Devant un premier opposant qui avait ses avantages, il eut de bons moments à la muleta, mais là aussi l’habileté primait sur la sincérité et les bonnes séries qu’il a pu dessiner au premier passage étaient d’un engagement limité. Le cinquième avait des charges réduites, Emilio qui semblait décidé pourtant, coupa court. Dans les deux cas, il eut du mal avec l’estoc : 5 essais et un descabello, puis un bajonazo de catégorie. Y’a problème…  
 
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Pour El Rafi, ce fut le jour de gloire. Dès son premier passage, on avait senti cette volonté de bien faire les choses et de plaire aussi au plus grand nombre dans cette ligne marquée par une profonde et louable orthodoxie qui n’exclut pas une élégance innée. En ce sens, il évoque le toreo de son mentor Patrick Varin qui marqua toute une génération d’aficionados. A la cape, il eut des quites variés : on mettra en avant ces trois zapopinas qui déchainèrent les passions lors de son premier passage. Le dernier Victoriano était une crème qui aurait mérité lui aussi une récompense : d’une noblesse profonde, sans mièvrerie ni faiblesse. On le sait, les meilleurs toros sont les plus exigeants car l’homme doit se hisser à la hauteur de leurs qualités. El Rafi avec lucidité, calme et sans concession aucune y parvint dans des séries menées par le bas des deux côtés dans un tempo idoine, ce qui lui permit d’embarquer les tendidos enfin réjouis après une longue et patiente attente, en même temps que l’animal assujetti. Une entière d’effet rapide et deux oreilles sans discussion.
 
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Tout vient à temps pour qui sait attendre : le meilleur fut pour la fin et Rafi pleinement convainquant aura vécu son Grand Soir…
 
Pierre Vidal – corridasi