Lundi 13 Mai 2024
Lettre ouverte
Samedi, 02 Juillet 2011

En apprenant la composition des cartels de la Semana Grande de San Sebastián, Iker Cobo a eu une bien mauvaise surprise...

"Je m’appelle Iker Cobo, je suis né à San Sebastián le 22-05-81, c’est six heures du matin au Vénézuela et comme tous les jours, je me suis levé pour aller m’entraîner… quand j’ai eu la surprise de lire les cartels de la Semana Grande de San Sebastián, ma ville, sans que mon nom ne figure dans aucun d’entre eux.

J’ai fait mes premiers pas à la Peña Taurine La Paz de San Sebastián et j’ai toréé mes premières becerras à Lastur. Plus tard, j’ai fait partie de l’école taurine de Salamanque et j’ai participé à de nombreuses novilladas jusqu’à mes débuts avec picadors à Vitigudino. J’ai toréé 57 novilladas piquées et j’ai foulé des arènes importantes comme Las Ventas deux fois, la feria de Salamanque à deux reprises aussi, Saragosse et de nombreuses compétitions importantes… avant de prendre l’alternative à Peñaranda de Bracamonte (Salamanque)  le 11 avril 2009, où j’ai coupé trois oreilles.

Depuis cette date, la famille Quintero m’a ouvert les portes de sa maison au Vénézuela et les Vénézuéliens m’ont ouvert leur cœur,  m’offrant les opportunités qu’on ne m’a pas données chez moi, en particulier la famille Chopera. Mais je continuerai à m’entraîner quotidiennement la tête haute et à toréer dans ma deuxième patrie, le Vénézuela, jusqu’à ce que l’on me donne la chance que je crois mériter chez moi. Sans rien à rajouter, un salut du seul matador de toros en activité de San Sebastián et la province de Guipuzkoa."

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Adressée publiquement aux Chopera, cette lettre, en forme de protestation, est symptomatique du sentiment d’injustice qui frappe un torero local dès lors qu’il n’est pas engagé dans sa ville. Le phénomène n’est pas unique et quelque part, on peut comprendre son ressentiment.

On sait très bien aussi que les engagements tiennent à de nombreux paramètres qui font que ça ressemble à un puzzle dont certaines pièces sont assimilables à des chaises musicales… Un coup tu y es, un coup tu sautes, un coup tu reviens et un autre coup… tu n’y es plus ! Ce qui arrive à Iker Cobo n’est donc pas un cas isolé, mais il a eu un courage certain en mettant ses états d’âme sur la place publique. Y gagnera-t-il quelque chose ? Rien n’est moins sûr, mais il aura eu au moins le mérite d’étaler sa déconvenue au grand jour.

On dit toutefois que dans les toros chacun est à sa place… Je ne sais pas quelle est celle d’Iker Cobo, pas plus si revendiquer un poste dans des cartels de feria en s’étant exilé aussi loin, mais peut-être devrait-t-il dans un premier temps envisager de revenir en Europe pour repartir à la base, se faire un nom et éventuellement monter en puissance. Car justement, tous ceux qui sont partis très loin pour assouvir leur passion ont certainement toréé, voire triomphé, mais sauf erreur de ma part, ça n’a jamais eu une grande répercussion ici. C’est bien le cas d’Iker Cobo, à qui bien sûr, je souhaite toutes les chances de s’en sortir…

Photo : Juan Pelegrín - Las Ventas