Dimanche 12 Mai 2024
Têtes blanches
Dimanche, 03 Juillet 2011

Samedi dernier, j’étais aux arènes de Nîmes pour la despedida d’Eddy Mitchell…

Bon, d’accord, ce n’est pas très taurin, mais de temps en temps, changer un peu des toros, ça ne fait pas de mal… Et puis vous savez bien, dans les arènes de Nîmes, il n’y a que de mauvaises corridas, alors un petit coup de rock et de blues, ça remet d’équerre…

Vous avez dit blues ? Eh oui, cette nostalgie qui ne nous lâche pas et qu’un simple morceau de musique est susceptible de faire remonter à la surface. Avec M. Eddy, c’est gagné à tous les coups ! Accompagné dans tous les pupitres par une artillerie lourde en guise de « Cuadrilla del Arte », un super show que je vous conseille de ne pas rater… si vous êtes « fan », bien sûr. Un des meilleurs concerts dans le genre qui m’ait été donné en tout cas d’assister. Deux heures d’un authentique électrochoc avec en substance l’évocation d’un passé tout droit sorti de mon enfance, puis de mon adolescence, puis…

Samedi, après les douze coups de minuit, alors qu’Eddie tirait sa révérence, il venait d’inscrire 69 ans au compteur. Toujours bon pied bon œil, le bougre, mais convenez que ça ne nous rajeunit pas ! Un bon demi-siècle de souvenirs, Daniela, Alice, les premières filles… du temps des Chaussettes Noires, les copains, les premiers vinyles,  la mobylette bleue, les booms avec l’incontournable Teppaz… et tout ce qui va avec !

Le public ? Pour être franc, je devais me situer dans une bonne moyenne, d’où mon titre, car côté capillaire, et je ne parle que des hommes, ça tenait surtout de la blancheur Persil ! Les plus jeunes générations, attirées par d’autres musiques, ou du moins interprètes, ne se reconnaissent que très peu dans ceux qui ont été nos idoles. Constat facile à établir qui m’a poussé à me poser justement la question… de savoir si en tauromachie, nous n’étions pas aussi parfois victimes d’une certaine nostalgie dans notre vision des choses.

Sans trop y prêter attention, on a souvent tendance à penser qu’avant tout était mieux, mais après les énormes progrès enregistrés ces dernières décennies dans le monde de la communication, quelques bémols viennent altérer l’image idyllique qu’on se fait des choses. Car toute époque a du bon, et l’idée qu’on se fait de la période actuelle estompe parfois quelques scories, ce qui inconsciemment nous arrange bien ! Et peut-être que certains jeunes toreros qui sont assez souvent critiqués par les aficionados les plus anciens, sont vus différemment par les générations montantes, qui ont pour eux les mêmes yeux que l’on avait il y a cinquante ans pour les figuras de l’époque…

Alors Eddy Mitchell, la corrida, n’est-ce pas finalement les images de notre propre vécu qui défilent, avec son chapelet d'illusions et d'émotions, celles qui sont le reflet des « jours heureux », celles qui à bien y réfléchir, en nous faisant beaucoup de bien… nous font aussi beaucoup de mal ! A cause de nos têtes blanches…