Dimanche 05 Mai 2024
EAUZE
Dimanche, 09 Juillet 2023
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Le courage d’El Rafi…
 
Samedi 8 juillet. Un tiers d’arènes, deux heures vingt de spectacle, temps ensoleillé et chaud. Trois toros de Jalabert et quatre de Blohorn, le deuxième Jalabert, refusé pour invalidité, remplacé par un Blohorn. Les deux élevages très bien présentés, tous une pique.
 
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Clément Dubecq « Clemente » (vert et or) : au premier, deux pinchazos, une entière, deux descabellos, avis, silence ; au quatrième, une demi-lame, silence.
 
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Adrien Salenc « Adriano » (blanc et or) : au deuxième, une entière, silence ; au cinquième, un quart de lame, un descabello, silence.
 
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Rafael Roucoule « El Rafi » (bleu marine et or) : au troisième, une demie, deux pinchazos, une entière, une oreille ; au dernier, un pinchazo, une entière, vuelta.
 
Président, Pascal Lavigne, assesseurs, Pascal Darquié et Denis Labarthe.
 
El Rafi, qui plonge entre les cornes, aussitôt balayé par un « piton », roule au sol où le toro le cherche. Le grand frisson, mais le garçon se relève et courageusement se remet en place pour le volapié… même scénario. A force de courage, Rafael Raucoule parvient à estoquer son adversaire. C’est une explosion de joie et d’admiration parmi le public qui demande l’oreille, celle des braves. « Au palco nous étions bien décidé à la donner après sa superbe faena et cette mise à mort pas très orthodoxe, mais courageuse. Quand on a bien compris l’unanimité du public, j’ai sorti le mouchoir… » nous confiait Pascal Lavigne à la fin de la course.
 
Nous en étions au troisième toro et El Rafi, avec cet animal de Blohorn, venait de relancer la corrida qui sommeillait, à l’image des deux premiers toros. En effet, de belles robes, des cornes plutôt bien faites et impressionnantes, ces toros camarguais avaient de quoi séduire les aficionados. Mais très vite, ils se sont révélés de piètres combattants, avançant au pas plutôt que chargeant, répétant rarement dans la muleta… donnant bien souvent l’impression d’un film au ralenti plutôt que d’un combat. Une déception pour les aficionados et sûrement pour tous les organisateurs qui font tout pour maintenir ce sympathique rendez-vous du début de l’été. El Rafi eut la chance d’affronter un des plus mobiles et il ne laissa pas filer cette opportunité. Dès la cape, il profita de ses charges pour servir deux ou trois véroniques et une excellente demie. Il ouvrait sa faena de façon plus spectaculaire avec des passes à droite servies à genoux. Il poursuivait sa série avant de changer de main et de dessiner d’impressionnantes naturelles qui déclenchaient la musique et arrachaient des « olé » chez les aficionados. Le jeune torero du Sud-Est rayonnait. Tout était parfait jusqu’à la mise à mort. Le courage du garçon allait faire la suite et le public complétait par une oreille ces moments de peur et de courage. Avec le dernier adversaire, un Jalabert, il abordait le combat avec ce même désir de vaincre et triompher, arrachant des naturelles parfaites à un adversaire tout de même peu coopératif. Ce n’étaient pas les moments précédents, mais tout de même de beaux instants taurins.
 
On connaît les grandes qualités de Clemente et Adriano, mais comment auraient-il pu les exprimer face à des toros, certes beaux, mais apathiques ? Au cours de leur présence en piste, ils ont vite compris que ce n’était pas le jour. Pour eux, une course de regrets et de déceptions.
 
(Jean-Michel Dussol – corridasi – Photos : Philippe Gil-Mir)