Lundi 13 Mai 2024
Question d'appréciation
Lundi, 11 Juillet 2011

On dit que tout toro a sa lidia, même les mansos…

C’est certainement vrai, et c’est encore mieux si ceux qui sont chargés de les lidier font les efforts nécessaires et adaptés aux conditions de chaque opposant.

Dimanche matin, à Céret, lors de la très intéressante novillada de Moreno de Silva, ce ne fut pas toujours le cas, hélas. Je détacherai un exemple qui me parait symptomatique et qui n’a pas eu forcément l’adhésion de tout le monde. Car si l’on dit parfois que les toreros, ou du moins la plupart d’entre eux, sont formatés dans le même moule, il arrive aussi que ce soit le cas sur les travées. Et si chaque diestro se doit de faire avec les caractéristiques de chacun de ses opposants, les spectateurs doivent aussi comprendre que tous les toros ne sont pas pareils ! Et qu’ils ne sont que trop rarement… comme ils voudraient qu’ils soient !

Cet exemple, il nous vient du deuxième novillo de Moreno, manifestement manso, que Sergio Blanco s’est obstiné à vouloir faire piquer en le plaçant loin, comme s’il s’agissait d’un toro bravo… qu’il n’était pas ! D’où des longueurs, des hésitations, des incompréhensions pour finalement des charges rapprochées et… reprochées ! Car faire partir un manso de loin, c’est aussi aléatoire que de vouloir faire danser une lanceuse de marteau dans la troupe du Lido ! Un manso, ça se pique de près, en avançant, en tentant de le coincer, lignes ou pas, le reste étant pure utopie. Qui malheureusement, se rencontre aussi parfois sur les gradins où il n’y a pas que des aficionados avertis.

Autre exemple, le soir même, lors de la corrida d’Escolar Gil où certainement poussé par sa volonté de bien faire les choses, Fernando Robleño a voulu lui aussi faire partir de loin son premier adversaire, malheureusement pour lui le moins encasté. Et là aussi, il n’a trouvé que réticence de la part de son opposant, car il n’avait pas les conditions nécessaires pour assumer une telle lidia. En revanche, le deuxième, celui de la vuelta al ruedo, a donné un tout autre jeu sous le fer avec de bonnes arrancadas qui ont enchanté le public.

A chacun donc d’évaluer les possibilités de son adversaire et de s’y conformer, mais surtout sans vouloir forcer la nature de chaque toro… D’ailleurs, une bonne lidia de manso a aussi son intérêt, ça fait parfois partie de la corrida, à condition justement de faire techniquement le nécessaire. Un travail de toute une équipe qui peut aussi être reconnu comme il le mérite…