Vendredi 03 Mai 2024
CHEMIN de MÉJANES
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IIe édition d’un périple en Camargue « muy parcecido al Rocío »…
 
Le 7 octobre, lieu de rendez-vous de cette deuxième édition, le Bouvaou d'Aubanel, s'animait autour d'un petit déjeuner offert par le Comité des Fêtes Saintois en présence de son président Denis Brès.
 
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Présentation, retrouvailles pour certains, abrazos ou poignées de mains... Uni par une même passion, ce mundillo est en ébullition.
 
Les robes de coccinelles, les trajes cortos, sombreros, calezones côtoient les tenues locales : peau de taupe, châles à carreaux, imprimés Souleiado s'animent et se confondent en échanges courtois. La joie de vivre, d'être là, de participer, de partager, sont palpables...
 
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Un invité de marque cette année en la personne de José María Sánchez Cobo, ami de Paco Ortiz, nous fait l'honneur de sa présence. Cet écuyer de la prestigieuse Ecole Royale Andalouse d'Art Equestre a fait le déplacement depuis son Andalousie par amitié pour ses hôtes Michèle et Francisco. Il donne de fait à l'évènement ses lettres de noblesse. Los jinetes vont chevaucher pour l'occasion trois chevaux prêtés par les écuries Gérald et Patricia Pellen.
 
A ses côtés, Juan, déjà présent l'an passé, compagnon de Paco lors de la Route de Nebrija. Cavalier émérite, ancien novillero, il est aficionado à los toros y a los caballos. Un homme d'agréable compagnie qui savoure le puro comme personne.
 
Une fois le dernier cafelito avalé, tout ce petit monde s'affaire auprès de leurs montures ou attelages : après un ultime coup de bouchon, il faut seller, garnir ou harnacher... Fin prêt, chacun met le pied à l'étrier et ainsi se regroupe l'ensemble des cavaliers par affinité.
 
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Au signal, voilà que s'ébranle la caravane vers la Terre Promise. Au milieu des marais encore asséchés par les brûlantes températures d'un été sec qui semble se prolonger indéfiniment jusqu'à interdire l'automne.
Caminando, nous apercevons très vite au loin sur notre droite le bois des Rièges. Ce mythique refuge boisé qui abrita jadis la Bête du Vaccarès, si chère à Joseph d'Arbaud. Là est la Camargue secrète, solitaire, silencieuse, nue... La magie opère et fait son œuvre pour y découvrir ses mystères.
 
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L'immensité est à nous, elle s'offre à perte de vue, comme un mirage, un rêve éveillé : les cavaliers précèdent la caravane de calèches et autres véhicules hippomobiles qui se succèdent dans une longue marche qui va durer presque 4 heures.
 
Ce sont des Comtois, Franche-Montagne, Ibérique, Camargue qui donnent du collier et tendent les traits. A bord Michèle et Virginia, mais aussi des amis et surtout l'intendance très importante avec le breuvage enivrant, carburant essentiel à la célébration...
 
Les 4 mules de Pierre-Marie Meynadier, harnachées selon la tradition andalouse, cadencent de leurs grelots et donnent le ton de cette procession.
 
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A la fois pèlerinage et Romería, tous convergent vers un même lieu guidé par une même volonté, une même passion, une invisible étoile... comme celle du berger, vers la Croix Templière de cette demeure familiale pour y recevoir dans quelques heures la bénédiction de Don Emmanuel. Pour l'heure, ce dernier chevauche à nos côtés. Sous sa selle, un petit Crin-blanc allonge le pas.
 
Crin-blanc : nous laissons sur notre gauche la demeure de son père spirituel, le domaine de « Cacharel ». Sous les pieds de nos montures craquent les salicornes et autres végétations propres à ces terres salées, brûlées par le chaud soleil des étés sans protection.
 
C'est à cheval qu'il faut parcourir la Camargue, la hauteur nous permet de voir la nature sous les meilleurs angles. L'allure du pas favorise la concentration et invite à la réflexion.
 
Des tamaris, çà et là, balisent notre parcours, frangé également de roseaux. A perte de vue s'étend ce sable limoneux. Il glisse lentement jusqu'aux limites aquatiques des étangs. D'abord l'étang des Impériaux puis celui du Vaccarès « Es muy parecido », chuchotent nos amis espagnols.  C'est pour cela que Paco a souhaité en son temps le jumelage des Parcs de Camargue et de Doñana. Qui se ressemble s'assemble, dit le proverbe...
 
Hors de toute civilisation, un groupe de flamants roses plongent leur col dans la vase à la pêche à la crevette. La saladelle n'en finit pas de bleuir.
 
Chacun fait son profit de ce qui s'offre à la vue : tous les sens sont en alerte...
 
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 Ponctués de quelques arrêts sympathiques pour nous abreuver : la manzanilla coule dans nos gosiers asséchés.
 
Nous rejoignons la draille caillouteuse et croisons à présent des cycles de toutes sortes, affublés de mini-remorques pour enfants et autres animaux de compagnie...
Nous longeons le domaine de Carrelet : deux magnifiques Tíos de Blohorn nous font l'honneur de regarder le train de notre déplacement. Un colorado surtout, imposant de trapío et de fierté.
 
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Les guitares du groupe « El Coro Flores de sal » grincent de joie lors d'une ultime halte au Mazet du Vaccarès. La traditionnelle barque bleue, toute prête à une mise à l'eau immédiate.
 
Les cris et les chants déchirent le calme naturel du lieu. Se fêtent la vie et l'amitié voulues par le métissage de deux cultures qui s'affrontent et se confondent.
 
Par la volonté de Michèle Ricard, de Virginia, de Paco avec l'aide de Véronique, cheville ouvrière, se perpétue ce rassemblement automnal. C'était mon souhait le plus cher : les maîtres des lieux ont eu la volonté de l'exaucer.
 
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Après la bénédiction en provençal par don Emmanuel dans la cour du Mas, c'est avec un verre de Ricard à la main que les cavaliers ont pu se désaltérer avant de se restaurer en terrasse de la Bergerie.
 
Mais déjà, il a fallu se quitter, le cœur serré, se séparer pour mieux se retrouver en octobre prochain sous ces mêmes Cieux...
 
Freddy Porte