Samedi 27 Avril 2024
CHECHU
Lundi, 06 Novembre 2023
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Suite à son passage à la Monumental de Gimeaux, rencontre avec le matador José Ramón García « Chechu »…
 
Le dimanche 29 octobre dans la Monumental de Gimeaux, Chechu s’est distingué lors de son combat face à un exemplaire de François André, obtenant le seul trophée de cette tarde. Suite à son passage, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec lui pour faire plus ample connaissance…
 
 
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Même s’il y a fait à l’époque quelques incursions, la France taurine a rarement eu l’occasion de voir à l’œuvre ce torero originaire de San Sebastián de los Reyes (Madrid) lors d’une carrière de novillero avec picadors jusqu’en 2008 puis de matador de toros. Avec des « altibajos », certes, dus notamment à des blessures difficiles à « traguer » mais toujours avec la volonté de relever la tête…
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En transit depuis Rome où il était sur le tournage d’un film, Chechu a fait le déplacement jusqu’en Camargue pour combattre un toro avec lequel il afficha une réelle volonté de s’imposer. Visiblement heureux de ce succès, je l’ai enregistré en suivant, histoire d’en savoir un peu plus sur lui et de vous faire partager ses propos…
 
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« Mon apodo vient du fait que j’avais le même nom que mon père et quand j’étais petit, on ne m’a jamais appelé José Ramón, mais Joséchu… un diminutif qui a donné en fin de compte Chechu ! 
 
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Aujourd’hui, mon toro n’avait pas beaucoup de forces, il se défendait, mais j’ai pu tirer de lui tout ce qu’il avait. Ce n’était pas ma meilleure faena, mais je pense avoir été a gusto et par moments, je me suis régalé, surtout avec le capote, mais aussi avec la muleta, le meilleur venant ensuite avec l’estocade…
 
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Dans ma famille, beaucoup étaient aficionados, j’avais un grand-père qui faisait le transport des toros sur la zone de Madrid, et quand j’étais tout jeune, j’allais avec lui dans le camion. Sans être professionnel, mon entourage familial était concerné par les toros et certains ont toréé des vaches. C’est ce qui a fait que quand j’étais petit, mon intention était de devenir torero. Mais je n’ai jamais fréquenté d’école taurine car autour de moi, on savait combien était dure cette profession et ils ne tenaient pas à me voir pratiquer le toreo ! Mais quand j’ai eu quinze ans, je me suis décidé à m’éloigner pour vivre ma passion. Au début, j’étais plutôt autodidacte, je possédais les rudiments, et Ángel Majano, qui a été matador de toros puis banderillero, m’a donné un coup de mains quand j’ai commencé de novillero.  
 
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Ma meilleure temporada a été celle de 2007, au cours de laquelle j’ai toréé à cinquante-trois reprises. Mes débuts avec picadors étaient à Las Ventas et j’avais bien en tête que si je ne m’imposais pas, je n’aurais pas insisté. Mais en définitive, ça s’est bien passé et ça m’a ouvert quelques portes. L’année suivante, j’ai toréé pas mal autour de Madrid avec passablement d’ambiance et j’ai aussi toréé à Las Ventas pour la Feria de la Comunidad. J’ai triomphé et par la suite, les contrats sont tombés un peu partout, dans la périphérie madrilène, mais encore à Séville, Murcia, Valladolid, Nîmes, ainsi que pour les ferias de novilladas comme Villaseca et Arnedo…
 
Le problème est survenu avec la dernière novillada toréée au cours de cette temporada à Ávila où un novillo de Miranda de Pericalvo m’a sectionné la fémorale ! A un moment où j’avais réalisé une excellente saison, cette grave blessure était pour le moins malvenue. J’étais très proche de l’alternative et forcément, j’ai très mal vécu ce qui me tombait dessus, sur le plan physique comme mental.
 
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A partir de là, j’ai dû remonter la pente petit à petit et au début, je n’avais plus rien. Le fait de devoir reprendre le dessus m’a beaucoup coûté, mais ensuite j’ai pu prendre l’alternative à Ségovie avec Manzanares et Cayetano. Je pensais qu’il fallait la prendre pour éviter que les gens m’oublient, mais c’était un peu précipité par rapport à ce que j’avais subi. Le corps médical n’était pas très optimiste, mais il fallait que je me jette à l’eau. Ma récupération a été lente et intense, mais je m’en suis sorti.  Sur le plan physique, j’en ai bavé, mais j’ai dû aussi me faire aider au niveau mental car j’ai réellement vu la mort de près, et ça te marque. On se joue la vie, mais quand l’accident arrive, quand tu es sur le point de mourir, la façon de penser devient compliquée. J’ai beaucoup souffert pour ma récupération et le pire, c’était vraiment d’être conscient de ne pas pouvoir tirer bénéfice d’une temporada importante ! Elle n’a pas été valorisée autant que ce que je pensais. Il m’a fallu beaucoup de temps pour reprendre le dessus car ça représentait un gros effort par rapport à mes forces longtemps diminuées.
 
… Concernant mon toreo, je crois que mon point fort, c’est la personnalité. Ma volonté est de réaliser le « toreo puro », en exprimant des sentiments, tout en tenant compte du public et en m’adaptant à la condition de chaque toro. 
 
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Mes modèles ? Avant tout Rafael « El Gallo », pour son concept du toreo comme sa façon de vivre et de se comporter. Mais j’apprécie toutes les figuras, particulièrement Rafael de Paula et Morante de la Puebla, Curro Romero, Manzanares, Antonio Ordóñez… Des maestros exprimant sensibilité, inspiration, personnalité, sentiments…
 
Au sujet de l’apoderamiento, j’ai mon ami Jean pour la France, et dans mon pays, plusieurs connaissances me donnent un coup de mains. Je vis à San Sebastián de los Reyes et j’ai la chance d’avoir une petite finca où mon grand-père élevait des moutons et petit à petit, j’ai pu construire une placita où je m’entraine désormais. J’y vis carrément, avec mes animaux, chevaux, chiens, vaches… Ce contact avec les animaux m’apporte beaucoup et je peux dire que je suis bien dans mon élément. C’est d’ailleurs là que je m’entraine et compte tenu de la proximité de Madrid, pas mal de toreros viennent me voir. On peut donc dire qu’il y a ici une ambiance taurine propice à ma préparation. On peut aussi faire des repas entre toreros et utiliser des équipements sportifs pour des parties de paddle, de football matadors/banderilleros, avec aussi un fronton…
 
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Mes meilleurs souvenirs ? Heureusement, j’en ai pas mal. Je crois que Las Ventas en fait partie, avec deux triomphes consécutifs. Mais il y a d’autres endroits peut-être moins prestigieux, mais tout aussi importants pour moi dans le fait de me sentir torero, comme Álcala de Henares où j’ai indulté un toro de Buenavista lors d’une corrida avec El Cid et Padilla où j’ai senti que je sortais de mon corps, une sensation que je n’ai jamais eue aussi fortement. Je profitais comme si j’étais un aficionado ! 
 
La France ? J’y ai toréé quatre ou cinq fois de novillero, je ne connaissais pas alors l’ambiance taurine de votre pays, contrairement à maintenant où il y a même des corridas retransmises à la télé. Je pense que ce qui est bien, c’est que la France taurine a ses propres caractéristiques, ce qui est quelque peu différent d’une copie de ce qui se fait chez nous. J’aime beaucoup la façon de préparer les courses et comment ses toreros sont entourés. Pour moi, c’était une porte pratiquement fermée mais j’espère à présent que je pourrai m’y produire, d’autant plus que je sais très bien que le bétail peut être de qualité. 
 
Mon but pour 2024 ? Profiter de ma profession en toréant davantage si possible, que ce soit pour des fiestas camperas, des tentaderos ou des corridas pour exprimer ma façon de toréer… Pour l’heure, j’ai des courses en pourparlers en Amérique, plus précisément en Équateur, mais je ne sais pas encore si ça va se concrétiser car ça reste encore plus compliqué qu’en Espagne où j’ai quelques promesses, reste à savoir si elles deviendront réalité… »
 
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Et pourquoi pas la France ? En tout cas, pour être passé par toutes les situations, des plus positives aux plus difficiles à aguanter, Chechu est actuellement dans une phase remplie d’espoir pour la suite de sa trajectoire. On lui souhaite qu’elle comble ses ambitions… Suerte !!!