Jeudi 09 Mai 2024
PATRICE
Lundi, 18 Décembre 2023
rg16pk
 
Le torero et la suicidée… (2)
 
La police intervint et on apprit que Luisa avait assisté à une fête avec la bande de Rodolfo Gaona, mais lorsqu'elle se rendit compte que le torero ne viendrait pas, maussade et craintive car elle imaginait qu'une bonne réprimande l'attendait, elle avait essayé de quitter les lieux pour rentrer chez elle. 
 
Mais il y avait là un gars qui vendait des œufs et qui répondait au nom de Cirilo.
 
En voyant l'émotion que le torero suscitait chez la jeune fille, il lui proposa de lui présenter Gaona.
 
« Attends », lui dit le vendeur d'œufs. “No está Rodolfo, pero… está Enrique, su hermano”.
 
Interrogés, les toreros déclarèrent plus tard qu'ensemble ils avaient convaincu Luisa de rester.
 
Ils se souvenaient qu'elle n’avait pas bu une goutte d'alcool, mais ne savaient pas ce qui s’était passé ensuite. 
 
Les journalistes rencontrèrent le propriétaire d'un hôtel de la rue 5 de Mayo, qui raconta comment un homme qui n'était pas Rodolfo Gaona était entré bras dessus bras dessous avec Luisa Nocker qu'il avait identifiée après l'avoir vue à la Une d'El Imparcial. 
 
Le couple, a déclaré l’hôtelier, “daba la impresión de ser amantes”.
 
Ils prirent la clé de la chambre 19 et se perdirent dans les escaliers.
 
Le propriétaire de l'établissement ne s'en soucia pas.
 
Il s'agissait d'une scène comme il y en a tant dans la vie nocturne de la capitale.
 
Le drame se produisit le lendemain, lorsque Luisa Nocker rentra chez elle.
 
Terrifiée, déshonorée, bouleversée, ne pouvant pas supporter la tempête d'émotions qui l'habitait depuis plus de 24 heures, María Luisa s’empara du revolver appartenant à son oncle
 
¡Al primero que se acerque, le disparo!”, cria María Luisa Nocker.
 
Les domestiques de la maison reculèrent, terrifiés.  
 
Le petit ami de la jeune fille, dont le nom ne fut pas divulgué par souci de bienséance et de respect, tenta sans succès de la calmer en lui parlant gentiment. 
 
Mais elle ne l’écouta pas.
 
Incapable de supporter le poids de sa propre conscience et parce qu'elle n'avait confié son aventure à personne, María Luisa Nocker se suicida.
 
Les premières investigations permirent de retracer l'itinéraire nocturne de María Luisa.
 
En apprenant que le but de Maria Luisa était de rencontrer Gaona, la police n’hésita pas :
 
Elle arrêta le torero et l'enferma dans une cave de la prison de Belem. 
 
Peu de temps après, son frère Enrique se présenta à la police et avoua sa responsabilité dans les événements. 
 
Malgré ce, Rodolfo Gaona resta emprisonné jusqu'au 30 décembre 1909, tandis que l'enquête se poursuivait. 
 
Il sortit après avoir payé une caution de cinq mille pesos
 
Et le drame de María Luisa Nocker s’évanouit au milieu des festivités et des cloches qui annonçaient la fin de 1909.
 
Sources : «Cronica»./07/08/2021.
 
Datos  
 
Rodolfo Gaona y Jiménez, né le 22 janvier 1888 à León de los Aldama (Mexique, État de Guanajuato), mort le 20 mai 1975 à Mexico (Mexique).
 
Gaona nait dans une famille très modeste. Il suit les cours de l’école taurine de sa ville natale, dirigée par Saturnino Frutos Ojitos, ancien banderillero espagnol notamment dans la cuadrilla de Frascuelo. Il se fait immédiatement remarquer comme le meilleur élève de l’école.
 
Il fait ses débuts dans la capitale aztèque le 1er octobre 1905. Trois ans plus tard, ayant acquis une maturité suffisante, il se rend en Espagne. Après une corrida en privé devant diverses personnalités du monde de la tauromachie, il prend l’alternative le 31 mai 1908.
 
Il participe dès lors à de nombreuses corridas en Espagne, notamment en compagnie de Bombita et Machaquito. Il torée en Espagne de manière habituelle jusqu’en 1920.
 
Sa dernière corrida eut lieu à Mexico le 12 avril 1925.
 
Gaona est le premier matador mexicain qui ait pu se mesurer dignement aux meilleurs matadors espagnols ; il est encore aujourd’hui considéré comme l’un des tout meilleurs matadors de son pays. C’était un torero exceptionnel qui réalisait de manière quasi parfaite la majeure partie des suertes, avec un caractère très personnel et un style particulièrement élégant. Sa figure majestueuse et son comportement de seigneur permettaient à son toreo d’atteindre les sommets de l’esthétique. De caractère aboulique, il lui arrivait toutefois souvent de ne faire que le minimum au cours du combat. C’était un excellent capeador, très élégant et varié : on lui doit l’invention d’une passe de capote appelée depuis « gaonera ». Il banderillait de manière magistrale et maniait la muleta de manière pure et particulièrement élégante. Le seul reproche que pouvaient lui faire ses contemporains était son irrégularité lors de l’estocade.
 
Débuts en public : Mexico le 1er octobre 1905.
 
Alternative: Madrid, dans des arènes alors édifiées dans le district de Tetuán, le 31 mai 1908. Parrain, Manuel Lara « El Jerezano ». Toros de Basilio Peñalver.
 
Confirmation d’alternative à Madrid: 5 juillet 1908. Parrain, « Saleri » ; témoin, Tomás Alarcón « Mazzantinito ». Toros de Juan González Nandín.
 
Patrice Quiot