Dimanche 28 Avril 2024
PATRICE
Mercredi, 31 Janvier 2024
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Iscariote Malagente… (2)
 
Car Pepe le charpentier, sur son lit d’agonie à la suite d’un coup de varlope malheureux, avait fait promettre à son adorable fils de prendre soin de l’ignoble rejeton des voisins aux fins de le rendre bon. Comme le fit «El Pipo» avec Manuel Benítez Pérez en 1962 et comme ne le fit pas Gallimard avec l’édition de «Gros Câlin» d’Emile Ajar, dit Romain Gary, en 1974.
 
Attaché à la parole donnée au Père et fidèle comme l’ombre que chantait Annie Chancel «Sheila», «El Galileo» s’en fut sur le champ à la casa d’à côté et effectua le fichaje thérapeutique d’Iscariote Malagente. Veillant au grain, la Marie en bleu fit ajouter au contrat le codicille «Ad vitam aeternam».
 
Avant de commencer la thérapie de bonification d’Iscariote, le «Galileo» crut utile d’examiner l’encaste d’où était issu le voisin. C’est ainsi qu’après avoir furtivement prélevé un poil de sa longue barbe noire, il l’envoya au département spécialisé du FBI basé à Quantico (Virginie/USA). Les spies ricains aux costumes sombres, mâchoires carrées et lunettes Ray-Ban lui répondirent par retour du courrier.
 
Le rapport établissait les éléments suivants :
 
Du côté paternel, il avait été diagnostiqué chez le sujet une manifeste ascendance pébron qui remontait à la quinzième génération et dont quelques gênes se retrouvaient également il y a deux mille cinq cents ans chez Socrate qui s’empéguait à l’hydromel et, plus près de nous, chez le général Gonzalo Queipo de Llano qui lui était accro à la cerveza et au skaï ; à un degré moindre, mais cependant présent, le gêne se retrouvait sous une forme atténuée chez Ortega Cano.
 
Le rapport ajoutait que le premier s’intéressait à la philosophie et aux garçons, le second à la répression anti communiste ainsi qu’aux putes et le troisième au toreo et au maniérisme.
 
Du côté maternel, il avait été observé une composante de sadisme assez exceptionnelle par son caractère génétique unique très proche de celui d’Élisabeth Báthory de Ecséd, comtesse hongroise née en Hongrie deux cents ans avant que Pedro Romero naisse à Ronda et à laquelle l’histoire attribue al menos six cents meurtres précédés d’extravagances sexuelles.
 
Le rapport laissait aussi entendre, mais sans cependant vraiment l’acter, une similitude chromosomique de la maman d’Iscariote avec les pratiques de l’impératrice Catherine II de Russie pour les histoires de fesse, mais établissait de façon certaine que même ce fieffé coquin de matador de toros qu’était José Ulloa Navarro, dit «Tragabuches», et qui portait un soupçon du gêne ne se serait jamais laissé aller à occire un tel nombre de ses contemporains.
 
A la lecture de l’expertise, le «Galileo» se dit : «Joder ! Danger goudron ! Mauvaise gaseosa ! Là, il y a du lourd de chez lourd. Une sorte de croisement névrotique d’Aguirre et de Sánchez Ibargüen sans l’apport adoucissant Tamarón».
 
C’est donc sur ces bases que Jesucristo entreprit la faena de réhabilitation de son banderillero.
 
Tout d’abord il conseilla à Iscariote d'observer les enfants à leur sortie de l’école. Pour ce faire il lui préconisa de les faire venir en agitant des «Chupa-Chups» imaginant qu’à la vue des yeux émerveillés des gniards galopant vers le glucose coloré, le banderillero s’attendrirait un peu et commencerait à prendre le chemin de la rédemption.
 
C’était faire preuve d’une totale méconnaissance du lascar qui, certes, achetait lesdits sucre d’orge et les présentait aux enfants en les citant de loin. Mais lorsque les mioches s’arranquaient, il se fourrait les golosinas dans le coco en leur tirant à tous un bras d’honneur et en mettant de gros emplâtres à ceux d’entre eux qui pleuraient.
 
«Complicao, el tío» se disait le «Galileo».
 
Un peu déçu de cet échec, il pensa alors à la lecture et proposa à Iscariote de se former à l’aménité humaine en se plongeant dans «Les aventures de «Babar» de Cécile et Jean de Brunhoff, ainsi que dans les romans de la Marquise de Ségur de la collection «Bibliothèque Rose». Iscariote obéit à son maestro et chourava au Rastro les bouquins du couple de parisiens et de la ruskoff Sophie Rostopchine.
 
Il lut les œuvres aux cabinets et en tira la conclusion que cet idiot d’éléphant vert ferait mieux de laisser tomber la Vioque, de mieux s’occuper du cul de la Céleste et de profiter de sa nomination de Roi pour exploiter les pauvres et se gaver de fric. Comme José Flores «Camará » le fit avec Manolete pour le fric, comme il aurait probablement aimé le faire avec la Lupe pour le cul et comme il ne le fit pas avec la doña Angustias qui, entre nous, devait être une brave casse burnes.
 
Quant à «François le Bossu», Iscariote le barbu estima qu’il n’avait que ce qu’il méritait et que lui n’avait rien à cirer des invalides à l’exception des gamines infirmes auxquelles il fourguait les photos du «Nano». Il ajouta que, si le «Galileo» trouvait Paco «El Jorobado» à son goût, il n’avait qu’à le prendre comme valet d’épée en remplacement de l’idiot de nain qui en faisait l’office. 
 
En face de ce second extraño, le «Galileo» commença à douter.
 
«Ad vitam aeternam » avait fait rajouter au contrat de fichaje la Marie en bleu. «Ad vitam aeternam, ça fait long à se farcir une telle bourougne » pensait Jesucristo.
 
Pour essayer de rentrer dans le registre du banderillero, le torero lui présenta un opus du Divin Marquis dont le banderillero ne retint qu’ un extrait de «La philosophie dans le boudoir» : « La cruauté, bien loin d'être un vice, est le premier sentiment qu'imprime en nous la nature ; l'enfant brise son hochet, mord le téton de sa nourrice, étrangle son oiseau, bien avant que d'avoir l'âge de raison.” Puis, mettant en œuvre le principe qui confortait ce qu’il pensait, il alla tirer une  branlée au «Nano».
 
Depistado, le «Galileo» se retira au burladero de la cuisine pour boire un verre d’eau et réfléchir à la manière de poursuivre la thérapie sans aller au fracaso. C’est alors qu’il pensa à la France où il avait son seul contrat.
 
«La France, pays de culture, de liberté et de tolérance ; seguro, la France ça devrait le faire» se dit-il.
 
A suivre.