Samedi 27 Avril 2024
SWAN
Vendredi, 16 Février 2024
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L’affiche de la temporada 2024 est signée… Swan Soto !
 
                                                                                                                        Article de  Daniel J. Valade avec son autorisation…
 
Depuis qu’en 1984 Jean Bousquet a décidé de confier l’affiche-signe de la temporada à un artiste (de)renommé(e), une pléiade de talents s’y est consacrée. Eduardo Arroyo fut le chef de lidia. Jean-Paul Fournier, Maire aficionado, poursuit l’aventure. Il a judicieusement confié l’affiche 2024 au 31ième matador de toros français : Swan Soto qui, depuis sa despedida, se consacre avec bonheur aux arts graphiques.
 
Nous avons eu le plaisir, voici quelques mois, de gravir les étages de l’atelier du maestro. Les fenêtres de cet espace donnent sur la fameuse plateforme du « réservoir » (l’un des châteaux d’eau de Nîmes) situé au sommet de la rue Porte d’Alès. Là s’entrainèrent tant de futurs toreros français, dont Alain et Christian Montcouquiol et Simon Casas. On est à quelques mètres du lavoir du Puits Couchoux, espace convivial où est remise, chaque année, la médaille décernée par les Aficionados prácticos. C’est dire l’environnement tauromachique du quartier où M. Blancou apprenait les rudiments de la corrida aux élèves de son cours privé voisin pendant les (sans doute longues…) récréations.
 
Nous savons de source sûre que les élèves préféraient le toreo de salon aux thèmes latins… Swan Soto a là sa thébaïde où il se retire pour lire, réfléchir et créer.
 
Le vainqueur de la Cape d’Or 1994 a reçu l’alternative en Mars 1998. Des deux côtés de l’Atlantique, il a toréé 60 corridas. Il a même tourné dans le court-métrage « Le matador » de Louis-Paul Desanges, en 2014. Plusieurs fois au paséo nîmois, Swan Soto a été élève du Centre Français de Tauromachie, créé et dirigé par Christian Le Sur.
 
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L’atelier de Swan présente de multiples réalisations tauromachiques dont des “tondos”, ces œuvres sur supports ronds. L’évidente forme d’arène de ces surfaces constitue un appel naturel à l’inspiration où les élans de la course camarguaise intéressent aussi le plasticien, attentif aux cocardiers dialoguant avec les hommes en blanc. 
 
Elément important du talent de S. Soto : le portrait. Quelle puissance dans le rendu de ces modèles dont il perçoit l’âme qu’il rend avec une force de démiurge !
 
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L’affiche que signe celui qui, après la matière brute qu’est le taureau, affronte désormais la toile, les couleurs, les instruments du peintre, autres trastos, est d’un grand élan. Sur fond de ruedo d’or, le taureau est en majesté, dressé à l’appel de la muleta, antérieurs jaillissants, virilité affirmée comme la seconde corne visible du fauve. Il y aurait là beaucoup à gloser sur ce paramètre mythologique ! Le torero, sûr de lui et dominateur, est puissamment campé au sol dans l’attitude conquérante de Don Juan Tenorio, en bas de soie blanche, le geste technique parfait, main droite sur la hanche, élément d’élégance et d’autorité affirmé.
 
Cette œuvre, après 70 esquisses, est une faena lumineuse à l’encre. Elle a été réalisée en « petit » format, l’artiste révélant son « envie d’être surpris » au moment de découvrir le rendu en grande dimension « sur les murs de la ville ». Hommage à la force du taureau, mais aussi à la maîtrise du torero, cette image, par le rendu des échelles différentes des deux protagonistes, propose une vision emblématique des énergies en présence et en opposition/complémentarité dans la création artistique fugace qu’est toute lidia, aux acteurs binaires, duo et duel. 
 
C’est en cela que cette œuvre frappe les esprits et les imaginaires. Elle est la vision d’un artiste, torero puis plasticien lequel, tout particulièrement l’Andalousie, aura apporté sa grâce sévillane, ad majorem Nemausus gloriam !..
 
D.J.V.