Lundi 29 Avril 2024
PATRICE
Mercredi, 10 Avril 2024
tri10pq
 
Espagne de Tri-Naranjus...
 
 
C’était en août.
 
J’avais douze ans.
 
 
 
Et en passant le col.
 
De la Retirada.
 
 
Je découvrais.
 
L’Espagne.
 
 
Celle.
 
De la douane.
 
 
Et.
 
Des passeports.
 
 
Celle.
 
Des chaussées.
 
 
En.
 
Nids de poule.
 
 
 
Celle.
 
Des ventas aux toits en canisse.
 
 
Celle.
 
Des villages en murs de chaux.
 
 
Et aux rues.
 
En sinuosités.
 
 
 
Celle.
 
Des maisons.
 
 
Aux portes.
 
En faux acajou.
 
 
 
Constellées.
 
De clous de cuivre.
 
 
Celle.
 
De la Guardia Civil.
 
 
En tricornes noirs.
 
De cuir bouilli.
 
 
Moustache fine, lunettes noires.
 
Et visage de pierre.
 
 
Celle.
 
Des épiceries.
 
 
Aux sacs de jute.
 
Remplis de haricots et de pois chiches.
 
 
Dans lesquels.
 
Je prenais plaisir.
 
 
A enfouir.
 
Mes bras.
 
 
Celle.
 
Des curés en soutane.
 
 
Et chapeaux.
 
Arrondis.
 
 
Dont les enfants.
 
Baisaient la main.
 
 
L’Espagne.
 
Des billets verts.
 
 
A l’effigie.
 
De Francisco Franco y Bahamonde.
 
 
L’Espagne.
 
Des hommes.
 
 
Aux habits.
 
De coutil.
 
 
Et à la barbe.
 
Piquante.
 
 
Celle des femmes.
 
En cheveux.
 
 
 
Qui noires.
 
Allaient.
 
 
Le long des murs.
 
Ramenant le pain.
 
 
 
L’Espagne.
 
Des petites filles.
 
 
En robe plissée.
 
Et en médailles de la Vierge.
 
 
Et des niños.
 
En culottes courtes et bérets.
 
 
 
Jouant.
 
Ensemble.
 
 
Avec des cailloux.
 
Et des morceaux de bois.
 
 
L’Espagne.
 
Des maisons fraîches.
 
 
Qui rendaient.
 
Supportables.
 
 
 
Les siestes.
 
Obligatoires.
 
 
L’Espagne.
 
Où je commençais.
 
 
A comprendre.
 
Le plaisir.
 
 
Des longues soirées.
 
De sangria sucrée.
 
 
Et de Tri-Naranjus.
 
Sous la lune.
 
 
L’Espagne.
 
Des plages.
 
 
Où la mer.
 
Me semblait différente.
 
 
Celle.
 
Où pour la première fois.
 
 
Je vis.
 
Un aigle.
 
 
Et aussi.
 
Nos parents danser.
 
 
Celle.
 
Où je prenais goût.
 
 
A une langue.
 
Pleine de sons.
 
 
Que.
 
J’ignorais.
 
 
 
C’était.
 
A Bagur.
 
 
Entre Gérone
 
Et Barcelone.
 
 
Où le cinéma.
 
Local.
 
 
Affichait.
 
« ¿ Dónde vas, Alfonso XII ?».
 
 
Quand.
 
Adriano Celentano.
 
 
Chantait.
 
«24.000 besos »..
 
 
 
C’était.
 
La Costa Brava.
 
 
C’était.
 
Bien.
 
 
C’était.
 
L’Espagne.
 
 
Mais.
 
Je savais déjà.
 
 
Que je voulais.
 
Voir plus loin.
 
 
Car je devinais
 
Que je ne savais.
 
 
Rien.
 
D’elle.
 
 
Un an avant.
 
Le 7 août à Nîmes.
 
 
 
J’avais vu.
 
Antonio Ordóñez.
 
 
Devant «Matajacas».
 
De Juan Pedro Domecq.
 
 
Et ce jour là.
 
J’avais su.
 
 
 
Que j’aimerai.
 
Toutes les Espagnes.
 
 
Datos 1961 
 
*Depuis la fin de la guerre civile (1936-1939) qui a fait près d'un million de morts, le pouvoir politique est concentré entre les mains du général Francisco Franco. L'Espagne est un État catholique, totalitaire et corporatif, qui exerce une sévère répression contre toute forme d'opposition. La modernisation de l'économie, qui s'accélère au cours des années 60, s'accompagne de timides réformes démocratiques. 
 
 Le contexte de la Guerre froide favorise un rapprochement au cours des années 50, particulièrement avec les États-Unis qui accordent une aide économique importante en retour de bases militaires. L'Espagne devient membre de l'Organisation des Nations Unies et du Fonds monétaire international au cours de la même décennie. 
 
Cette année là meurent : Patrice Lumumba, Blaise Cendrars, Mohammed V (sultan puis roi du Maroc), Maurice Merleau-Ponty , Gary Cooper, Carl Gustav Jung, Louis-Ferdinand Céline, Ernest Hemingway, Chico Marx.
 
Cette année là : Georges Bataille publie« Les Larmes d’Éros », Julien Gracq « Préférences », Michel Foucault « Histoire de la folie à l’âge classique », René Char : « La Parole en archipel» , Léopold Sédar Senghor : «Nocturnes».
 
Et cette année là, Curro Girón est leader de l’escalafón avec 71 corridas de toros.