PATRICE |
Glucose taurino…
Enfant j’adorais les sucreries et, adolescent, souvent elles m’accompagnaient aux arènes. Alors un peu comme Marcel, des saveurs et des souvenirs aujourd’hui me reviennent.
La boule de meringue colorée au goût de coco et saupoudrée du même ; croquante et douce, presque sirupeuse, elle éclatait sous la dent libérant un exotisme lointain d’inconnu troublant et d’inaccessible horizon. Un plaisir de salon de thé.
Comme le toreo d’Antonio Ordóñez Araujo.
Le chewing-gum «Malabar» de couleur rosa mexicano avec la devinette en papier qu’on jetait après l’avoir lue. Un peu dur au début, il rompait à la mastication gardant cependant tout au long de sa vie de gomme parfumée, un tranco, une élasticité contraignante sollicitant les ratiches. Un tío était le «Malabar», un chewing-gum de macho.
Comme le toreo de Jaime Ostos Carmona.
Le «Zan» en plaquette rectangulaire et quadrillée. Negro zaino, il était et collait au palais. Carreaux de réglisse astringents et doux à la fois, sans concessions à la facilité, il exigeait un savoir-faire technique, une régularité de métronome à la succion et une réflexion sur le travail bien accompli.
Comme le toreo de Dámaso González Carrasco.
La boule changeante constituée de plusieurs couches de sucre glace. Plus qu’une gourmandise, c’était une confiserie à ne pas croquer, mais à déguster en laissant les différentes saveurs peu à peu s’exprimer en fondant. Un plaisir d’attente, un plaisir de gourmet. La bécasse de la friandise à ne pas donner à ceux à la recherche de l’immédiat.
Comme le toreo de Francisco Camino Sánchez.
Le coco Boer en poudre et en boîte ronde fait de réglisse sauvage italienne et d’extraits secrets. A savourer en se léchant le doigt de lui imprégné ou directement, la langue dans la boîte. Râpeux et doux, piquant et suave, une austérité enchanteresse de forme et de fond.
Comme le toreo de Santiago Martín Sánchez.
La poudre pétillante qui explosait dans la bouche ; coquine, rigolote, un plaisir immédiat, un enchantement de l’instant, une coquetterie fugace qui se voulait tendre en faisant presque pleurer les yeux. Une sucrerie de miston aux dents de lait qui plaisait aux gamines en jupe plissée.
Comme le toreo d’Antonio Borrero Morano.
La sucette «Pierrot Gourmand» dont l’ancienneté remonte à 1924 ; sucre d’orge parfumé et coloré en forme de fer de lance monté sur un bâtonnet de rotin de Madagascar qui permet de savourer la chose sans se salir les doigts. Lujo de golosina et iconique fut celle au caramel, l’aristocratie au sang bleu du bonbon.
Comme le toreo de José María Dols Abellán.
Aussi :
« Tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin, à Combray, parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe, quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul… » (« Du côté de chez Swann »).
Et me revient le goût des carambars, sucres d’orge Candy, bonbons Michoko ou Roudoudou comme le souvenir de Capea, Tinín, celui de Galloso ou Miguelín….
… Todos juntos en una calgabata de golosinas toreras…
Patrice Quiot
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