Dimanche 12 Mai 2024
La (ca) gagne
Samedi, 15 Octobre 2011

Désolé, seule, la victoire n’est pas belle…

Il y faut autre chose, du panache, de l’engagement, de la vaillance, de la maîtrise, de la technique comme du sentiment, de la profondeur et de l’efficacité, mille vertus qui ajoutées les unes aux autres font la force des grandes équipes. Mais ce samedi, au terme d’une rencontre plus crispante qu’enthousiasmante, si le Coq a finalement mangé du Poireau, on a été assez loin du compte. L’esprit cocardier, je veux bien, mais ça ne doit pas altérer la plus élémentaire objectivité, au risque de s’en rendre ridicule, un pas que n’hésitent pas à franchir parfois certains commentateurs. Et pas qu’en rugby……

Cette victoire, elle est due paradoxalement à l’énorme boulette du capitaine adverse, Sam Warburton, emporté par sa fougue en se rendant coupable d’un geste condamnable et condamné qui a coûté cher aux siens. Ni plus ni moins que la victoire. Comme exemplarité, on fait mieux !

Quant aux nôtres, s’ils se sont battus pour préserver sur le fil un score en leur faveur, on n’a pas vu grand-chose de ce que l’on attendait. Trop fébriles, ils se sont empêtrés dans un jeu sans âme, sans imagination, sans « French-Flair », sans esprit offensif, sans ces qualités qui ont fait la réputation de nos grandes sélections à différentes époques. La peur au ventre et non pas la fleur au fusil, et pour tout résumer, de leur aveu même, comme on dit chez moi, avec la « cagagne », ce qui en bon français peut se traduire par la peur au ventre, ou encore, pour les grands penseurs des medias sportifs, par la peur de gagner… Et franchement, je préfère la gagne, surtout quand elle est méritée, mais bon...

En tout état de cause, je sais bien que le rugby a changé, mais comment peut-on passer avec les mêmes joueurs, et seulement en sept jours, de la fabuleuse première mi-temps contre l’Angleterre à ce brouillon insipide ?  Aujourd’hui, le tranchant était bien plus gallois que gaulois… et je souhaite bien du plaisir aux responsables, car une chose est sûre, il faudra montrer un tout autre visage dimanche prochain face aux Blacks, sous peine de passer à la moulinette… et de se faire hacher tout cru. Arrivés au bout sans grands mérites au vu du jeu pratiqué la plupart du temps, pour positiver, espérons une saine réaction le jour J, un feu d’artifice, une totale libération, un esprit conquérant, toujours possibles en tenant compte de la versatilité d’une telle formation… aux deux visages.

Bon, je m’égare, et finalement, vous aurez eu peut-être une autre vision des choses, pensant que seule la victoire est belle… Mais désolé, pas pour moi, car outre l’enjeu, j’ai la faiblesse d’attacher aussi de l’importance à la manière ! Et c’est un peu pareil avec les toros. N’ayant aucun a priori, mais uniquement l’intention d’assister à une course intéressante, n’étant pas envahi par les contraintes de je ne sais quel étiquetage, j’ai suivi la corrida de Prieto de la Cal avec bien sûr l’envie de me régaler, sans être tenu par les convictions d’une quelconque paroisse… Et franchement, j’ai été déçu. D’abord par les toros, ou du moins la plupart d’entre eux. C’est un constat, point. Manquant le plus souvent de ce qui fait l’intérêt de ce genre de courses, à commencer par la bravoure, si ce n’est la puissance, le soufflet est vite retombé avec la plupart des tercios de piques sans grand style, ni émotion. L’émotion, justement, elle est venue surtout des toreros, de leur acharnement - à la Galloise ! - à essayer de tirer ce qu’ils pouvaient, faute d’avoir la moindre opportunité de s’imposer, faute d’allant, de continuité, de chispa et de fijeza ainsi de noblesse de la part de l’opposition.

Entre l’alignement de dizaines de passes mécaniques et l’impossibilité à en donner trois de rang, il doit bien y avoir autre chose…  Vous me direz qu’il n’y a pas qu’avec les Prieto, qu’avec d’autres élevages on ne voit pas plus, que si ou que ça, mais moi, ne procédant jamais par comparaisons entre élevages, je comptais voir justement autre chose de leur part. Que je n’ai pas vu… Comme pour la demi-finale ! Vivement le retour au beau jeu. D’où qu’il vienne…