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Guerre et Paix
Mercredi, 30 Novembre 2011

Comme les Trois Mousquetaires, ils seront désormais quatre !!!

L’union fait la force, a-t-on souvent l’habitude d’entendre… La chose n’est pas nouvelle et dans bien des domaines, c’est assez courant. Au fond, on cherche toujours des partenaires quand on est devant l’impossibilité d’y arriver tout seul ! Et pour surprenante qu’elle ait été, la triple alliance de circonstance pour Madrid, je devrais dire quadruple, n’en est pas pour autant totalement illogique. L’Histoire en regorge…

Exit la competencia donc, la libre concurrence, avec ce nouveau quatuor qui représente certainement le groupe le plus puissant jamais monté dans le monde taurin. En politique, on a vu fréquemment des partis s’allier avec d’autres - et on en voit encore !-, ne serait-ce que pour des questions électorales, sans que personne n’y voie quoi que ce soit de reprochable. Simple arithmétique sur fond de comptage de voix ! Dans le commerce, on s’y met parfois à plusieurs par manque de budget propre pour monter une affaire. Et dans les toros, ce n’est pas non plus une première.

Sauf que ce qui peut surprendre, c’est ce rapprochement de « frères ennemis » qui se sont un temps tiré la bourre. Mais tout change, et face à un cahier des charges pour le moins exigeant dans une période qui n’est pas forcément idéale, pour une raison ou une autre, personne n’avait probablement les moyens de faire cavalier seul en étant sûr de l’emporter. La vérité d’un jour n’étant pas forcément celle du lendemain, on en arrive donc à l’enterrement de la hache de guerre et à cette solution de rapprochement… que certains rejettent en bloc avant même qu’elle ait fait ses preuves.

Certains, ce sont ceux qui ces dernières années se sont insurgés contre Taurodelta, l’empresa en place, qu’ils auraient souhaité voir balayée, ce sont aussi ceux pour qui l’énoncé du simple nom de Casas provoque immédiatement une forte poussé d’urticaire. Parfois, pour ne pas dire souvent, ce sont les mêmes. Il serait d’ailleurs intéressant de connaitre le nom des empresas que ces champions du procès d’intention, de la suspicion, de la défiance, auraient souhaité voir tenir la barre… parce qu’en fin de compte, il faudra toujours quelqu’un pour tenir le gouvernail et que par le biais de ce concours, la gestion de Las Ventas, comme elle était ficelée, ne pouvait pratiquement échapper ni à l’un, ni à l’autre, si l’on considère les intentions déclarées de candidature.

Une fois cette alliance entérinée, sous réserve bien sûr d’acceptation par la Comunidad, ce qui apparemment ne devrait pas poser trop de problèmes, restera le plus important, mettre en place son programme, et c’est bien là-dessus qu’elle devra être jugée. Sur les faits, rien que sur les faits. Las Ventas devant rester ce qu’elle doit être, à savoir le garant d’une certaine authenticité, d’un sérieux dans le choix du bétail et plus généralement des cartels, mais aussi une vitrine culturelle et un bastion de la défense de la Fiesta.

Tout cela étant au programme de la nouvelle empresa, on attend donc de la « Cátedra » qu’elle donne l’image d’une tauromachie à la fois créative et originale qui ne perd rien de son âme et de sa mission, qui impulse et qui en définitive soit attrayante pour l’aficionado. Vaste chantier, mais combien exaltant, pour ceux qui en auront la charge.

Pour l’heure, dans un souci de voir les choses aller dans le bon sens, enhorabuena et suerte à ceux qui vont être aux commandes, avec mention spéciale à Simon Casas qui quoiqu’on en pense, vient de réussir un formidable pari. Un essai qui ne demande qu’à être transformé par une programmation exemplaire.

Des félicitations qui auraient été d’ailleurs les mêmes si un autre Français s’était hissé à ce niveau… mais pour revenir à Casas, un mot encore pour rappeler que contrairement à ses nouveaux partenaires qui sont nés dans le giron, il a dû se faire seul, partant très jeune en Espagne avec son cul et sa brosse à dent, devenant un précurseur en compagnie d’Alain Montcouquiol, et en passant devant Las Ventas, ne pouvant certainement pas imaginer qu’un jour il en serait à la tête !

L’apogée d’une trajectoire jalonnée de première conquêtes et qu’on le veuille ou non, une conviction et un esprit d’entreprendre qui soulèvent des montagnes. Qu’on apprécie ou non la personne, qu’il ait comme tout le monde ses qualités et ses défauts, qu’on puisse contester certains de ses choix, je veux bien, mais ne pas reconnaître chez lui un certain talent et sa capacité à mener de grandes arènes, frôle carrément le ridicule. Dont on n’est pas obligé de franchir le seuil.

Comme vous probablement, je n’ai pas attendu que Simon Casas soit à Las Ventas pour aller poser mes augustes fesses sur ses travées, et comme d’habitude, j’essaierai de rendre compte le plus objectivement possible de ce qui s’y passe car j’ai toujours préféré juger sur pièces que par des idées toutes faites. Et pour l’heure, je n’ai aucun scrupule à penser que pour Casas, c’est un magnifique rêve qui se réalise. C’est déjà un bel aboutissement, sur le plan professionnel et humain, si l’on pense au chemin parcouru. Qu’il est loin le Madrid des années 60 !!!