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Mercredi, 21 Décembre 2011 | |||
Deuxième partie de la rétrospective de la temporada 2011… Les plus belles images de la saison commentées et décryptées par les membres de notre Club de la Presse taurine… David Mora triomphe devant d'importants toros de Cebada Gago à Saint-Martin-de-Crau, la grâce du toro "Pasion" par El Juli aux arènes d'Arles, la sensation d'Alberto Lopez Simon devant la novillada de Margé à Arles, Morante de la Puebla se laisse porter par le Concerto d'Aranjuez pour triompher à Nîmes, le triomphe de titan de Rafaelillo devant les Miura à Béziers… Sur TV Sud, le jeudi 22 décembre à 11h ILLUMINATIONS A ne pas louper si vous êtes Nîmois… ou de passage à Nîmes. C’est jusqu’au 23 décembre sur le parvis des arènes et à la Cathédrale à partir de 18h. Superbe… DAX La prochaine feria de Dax aura lieu du 10 au 15 août. Une nouvelle commission taurine a été formée avec aux commandes Jacques Pene, adjoint au maire, et Hervé Touya, entouré de huit membres, qui travaille sur l’engagement des élevages, les responsables voulant récupérer l’image de Dax et redonner quelque sérieux dans le domaine du bétail… PATRIMOINE L'inscription de la corrida au patrimoine culturel immatériel de la France : Artifice ou début d'une véritable reconnaissance juridique ? par Pauline Serre & Julie Passe… La Corrida a été inscrite le 22 avril 2011 au patrimoine culturel immatériel de la France, ce qui provoque ainsi euphorie et satisfaction chez les uns, et chez les autres, indignation et stupeur. Force est de constater, qu'au-delà du débat juridique, cette pratique suscite toujours autant la controverse, il est d'ailleurs extrêmement rare qu'une coutume à elle seule génère autant de conflits. L'antagonisme repose sur l'opposition ancienne entre acte de cruauté et barbarie d'un côté et pratique culturelle et artistique de l'autre. Il convient avec un recul nécessaire de s'interroger sur la véritable portée de cette décision, qui intervient dans le cadre de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (I). Cette inscription est l'occasion de revenir sur la place des spectacles tauromachiques au regard du droit interne et du contexte politique (II). I/ Quelques réflexions sur la portée juridique de la convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. A/ Un instrument venu du droit international. La notion de patrimoine culturel immatériel résulte de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée à Paris le 17 octobre 2003 par l'UNESCO dont la France est partie depuis le 4 novembre 1946. Comme l'article 55 de la constitution de 1958 l'énonce ; « les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celles de la loi, sous réserve de l'application par l'autre partie ». Autrement dit pour le profane, une fois la convention adoptée par l'État, cette dernière fait dès lors partie du bloc de conventionalité, auquel les lois ordinaires de l'État doivent, en principe, se conformer sous peine de nullité. Le patrimoine est « un ensemble de biens et d’obligations… qui comprend les biens présents mais aussi à venir ». C’est un ensemble, un tout à prendre en compte. La notion de patrimoine culturel immatériel est apparue au début des années 90 et selon l’article 2 de la Convention citée plus haut « On entend par patrimoine culturel immatériel les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d'identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine. Aux fins de la présente Convention, seul sera pris en considération le patrimoine culturel immatériel conforme aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l'homme, ainsi qu'à l'exigence du respect mutuel entre communautés, groupes et individus, et d'un développement durable.» Cette définition montre bien l’importance de cette notion de patrimoine culturel immatériel et la portée que les rédacteurs ont souhaité lui conférer. B/ Une protection renforcée par le biais de la convention Les articles 11 à 15 de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel énoncent les conditions pour que cette sauvegarde puisse être rendue possible. Les articles suivants sont plus précis en ce qu’ils donnent des indices aux États, des voies à suivre. Il revient aux États le soin de définir les éléments de ce patrimoine culturel en faisant des inventaires qui devront être mis à jour, d’adapter leurs politiques pour sauvegarder les éléments identifiés comme appartenant au patrimoine culturel immatériel, de mettre en place des organismes de protection, d’encourager des études dans le domaine et de jouer un rôle éducatif et de sensibilisation à la protection de ce patrimoine culturel immatériel. La Convention précise, en outre, que les États pourront à cette fin utiliser tous les moyens appropriés. Autrement dit, comme bien souvent, le texte international donne le ton, l’impulsion, des indications, mais rien de vraiment contraignant au final. Il revient aux États de définir ce qui rentre dans la catégorie à protéger et quels sont les bons moyens pour la protéger et la mise en place des politiques en résultant. On peut donc, ici relativiser la portée de cette Convention internationale puisqu’elle dépend malheureusement du bon vouloir des États parties. Il n’existe pas de contrainte pour les États de maintenir, sauvegarder les pratiques listées comme faisant partie du patrimoine culturel immatériel; il semblerait donc que l’on soit en présence d’une simple obligation de moyen. En France, l'application de cette Convention à la tauromachie se perçoit à travers la reconnaissance de cette pratique comme élément du patrimoine culturel français, mais aussi plus indirectement, par le biais de l'interprétation de textes nationaux. II / Une pratique culturelle implicitement reconnue : Entre interprétation juridique souple et reconnaissance politique inavouée. L'inscription de la Corrida au patrimoine culturel immatériel de la France est l'occasion de recentrer cette pratique dans son actuel contexte juridique (A) et politique (B). A/ Une interprétation extensive par les juges de l'article 521-1 du code pénal réprimant les mauvais traitements envers les animaux. Rappelons que la loi, expression de la volonté générale, pose le principe de l'interdiction de mauvais traitements envers les animaux en ces termes : «Le fait, publiquement ou non, d'exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30000 euros d'amende... ...Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. » L'article 521-1 du code pénal après son énoncé de principe prévoit plusieurs exceptions, dont celle des « courses de taureaux ». La course de taureau, dont l'absence de définition légale (ou à défaut jurisprudentielle) est à déplorer, échappe à la qualification de mauvais traitement, dès lors, qu'une tradition locale ininterrompue peut être démontrée dans la localité où se déroule ladite course. La pratique révèle cependant une interprétation extrêmement libérale des juges de l'exception prévue pour ces courses. S'agissant premièrement du critère de la « tradition locale », les juges doivent constater l'existence d'une tradition, et vérifier que cette dernière se manifeste localement. Traditionnellement, la coutume est celle qui peut se définir comme une « norme de droit objectif fondée sur une tradition populaire, qui prête à une pratique constante, un caractère juridiquement contraignant ; véritable règle de droit mais d'origine non étatique que la collectivité a fait sienne par habitude dans la conviction de son caractère obligatoire » La Cour de Cassation précise la définition de la tradition locale dans un arrêt de la chambre criminelle du 6 février 1992 , il s'agit «d'une tradition qui existe dans un ensemble démographique déterminé par une culture commune, les mêmes habitudes, les mêmes aspirations et affinités, "une même façon de ressentir les choses et de s'enthousiasmer pour elles", le même système des représentations collectives, les mêmes mentalités ». En revanche, le critère de la localité est celui qui illustre le mieux l'interprétation libérale des juges. S'agissant deuxièmement du critère de l'ininterruption de la tradition locale, il revêt un caractère extrêmement artificiel et il est réduit, en pratique, à une « peau de chagrin ». Ce très bref survol de la jurisprudence en matière de course de taureaux, est l'occasion de revenir sur l'aspect politique de la question, par le biais de son inscription au patrimoine culturel immatériel Français. B/ L'inscription de la corrida au patrimoine culturel immatériel Français : Une initiative politique silencieuse mais active. Au delà des aspects juridiques, la reconnaissance de cette pratique culturelle passe principalement par l'initiative politique. L'inscription de la corrida au patrimoine culturel immatériel Français a suscité chez certains députés une totale incompréhension donnant lieu notamment à la rédaction de questions écrites destinées au Ministère de la culture et de la communication. La réponse du Ministère est pour le moins surprenante et en total décalage avec l'inscription effectuée. L'inscription au patrimoine culturel immatériel Français à pourtant pour objet au delà du simple constat, de valoriser une pratique, de la sauvegarder, de la fixer en tant qu'élément du patrimoine. Ainsi, pour conclure, il serait illusoire de voir dans cette inscription une véritable reconnaissance ou une consécration juridique, mais pour autant, elle se place dans le cadre d'un instrument de protection reconnu juridiquement, initié par le politique et favorisant par conséquent le maintien de cette pratique culturelle. Julie PASSE. 1- Et plus spécifiquement des corridas
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