Vendredi 19 Avril 2024
Cantos Torres
Mardi, 15 Janvier 2013

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 Biographe de la Monumental de Barcelone, José Luis Cantos Torres m’a envoyé ce texte concernant la situation de cette arène, et plus généralement de la Catalogne taurine, au travers d’un dialogue imaginaire avec Joselito « El Gallo »…

En regardant une photo…

En regardant tranquillement une photo de Joselito « El Gallo » à Barcelone, j’ai été immédiatement stupéfait en ressentant le murmure d’une voix qui me demandait d’être attentif à la question suivante :

- José Luis, je suis Gallito, Qu’est-ce-qui s’est passé à Barcelone avec la tauromachie ?

Machinalement, je suis resté paralysé devant cette question et avec quelque froideur dans la voix, j’ai balbutié :

- Pardon ?

De nouveau, la voix m’a demandé :

- Oui, José Luis, je suis Gallito. Pouvez-vous m’expliquer ce qui s’est passé à Barcelone ?

Totalement perplexe, je rejetais ce mirage sonore, et encore plus confus, j’essayais de trouver une réponse pour cette personne qui a aimé, vécu et qui est mort pour la tauromachie, et qui en outre a inauguré la principale plaza de toros de Barcelone, initiant ainsi le pari de construire des arènes monumentales que lui-même a impulsé.

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- Vois-tu, José, lui ai-je dit, la réponse est complexe et il n’y a pas un unique coupable, mais je peux t’indiquer par ordre chronologique quelques causes qui peu à peu ont favorisé la prohibition et qui ont laissé inerte la Grande Dame de la Tauromachie Catalane. Le déclin a commencé avec la mort du patriarche Balañá, en 1965. Alors, l’argent facile s’est emparé de ses successeurs, et relation de cause à effet, ils ont fait fuir les aficionados les plus fidèles. Après, entre la lente voracité catalane avec des finalités bien arrêtées, les erreurs et les mésaventures des différents organismes taurins catalans, l’intérêt plus occulte qu’animal des anti-taurins et au final, le golletazo en arrière, sur un pas de banderille, justifié par une ILP avec 0,96 % de votants catalans, ont constitué une excuse pour qu’un vote en finisse avec la tauromachie en Catalogne, et cela, avec la passivité silencieuse de l’empresa. C’est plus ou moins ce qui s’est passé, José.

- Je dois te dire, José Luis, que je ressens une grande tristesse qui envahit mon âme. Moi, avec pas mal de mes compañeros qui avons tout donné pour cet art éphémère, je suis attristé de voir que des raisons politiques ou économiques soient venues à bout d’une œuvre à l’orfèvrerie exquise, ciselée avec tant de sueur et de larmes. Cet art qui pour beaucoup de toreros modestes correspond à un rêve de jeunesse, l’infortune se chargeant de le transformer en une tragédie familiale, mérite bien plus de respect et de valorisation que ce que peuvent apporter les politiciens, les spéculateurs usuraires et les défenseurs animalistes. Dans ma vie, je suis parvenu à connaître pas mal de toreros, aucun n’est passé dans le ruedo sans laisser de cicatrices, c’est en cela que je veux te dire, ami José Luis, que comme le disait si bien Mazzantini : « Ici, on meurt réellement », et j’en ai fait l’expérience à Talavera, où j’ai payé de ma vie les plaisirs liés à ma passion. Y-a-t-il un art aussi sublime et passionnant ?

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- Ha, José ! lui répondis-je, à l’époque actuelle, il me sera très difficile de trouver du charme avec un pincement aussi fort, et tu ne peux pas imaginer l’éventail de possibilités qu’offre cette ère digitale, mais l’authenticité de la tauromachie est très immédiate et véritable.

- Bon, José Luis, à mon grand regret et avec une profonde désolation en mon for intérieur, je dois te quitter puisqu’on me réclame depuis ma chaire céleste. C’était un plaisir de discuter avec toi et merci beaucoup pour tes informations, je te salue.

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- Tout l’honneur était pour moi, maestro, donne le bonjour à Rafael, Juan et Ignacio, et surtout dis à Rafael qu’ici on se souvient encore de lui avec beaucoup de sympathie et d’affection.

José Luis Cantos Torres - http://joseluiscantostorres.wordpress.com/

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