Dimanche 19 Mai 2024
Histoire de cul
Lundi, 23 Septembre 2013

« C’est très moche qu’un toro nous montre son cul ! »

Cette phrase, récemment prononcée sous le coup de la déception par Miguel Ángel Perera dans le contexte d’une corrida décastée,  dit bien ce qu’elle veut dire. A savoir que pour un torero, voir un toro tourner les sabots pour se diriger vers les planches au lieu de charger n’a rien d’agréable.

Mais on pourrait aussi inverser les rôles, et pour des aficionados, avec tout le respect que je leur dois, voir des toreros tourner presque systématiquement  le dos au toro, pour ne pas dire le cul, n’a rien de bien orthodoxe. Vous savez, ces fameuses circulaires inversées, appelez-les comme vous voulez, qui peuvent se concevoir en tant qu'adornos, mais absolument pas comme base d’une faena. Evidemment, de face, en chargeant la suerte et déviant la charge du toro, c’est tout autre chose…

Et c’est bien là où le bât blesse, car de plus en plus fréquemment, au bout d’un minimum de séries sur les deux côtés, quand c’est le cas, par manque de recours, d’imagination, de cohérence ou de talent, certains toreros, mais seulement certains, s’empressent de se retourner pour toréer… le public ! Et ça marche, ça « porte sur les gradins » comme on dit, au point qu’à peu près tous se sentent maintenant obligés de le faire.

D’ailleurs, en observant tout ça de près, on se rend compte que dès les premières becerradas et novilladas sans picadors, les jeunes aspirants semblent s’en faire une spécialité, sinon un credo ! Comme si c’était essentiel, obligatoire, prédominant...

J’entends souvent dire qu’ils toréent tous pareil, et ce n’est pas vraiment faux, tellement obsédés par l’envie de reproduire leurs modèles. Mais ils oublient une chose, avant de tomber dans les passes d’ornement, il faut avoir dominé son adversaire. Sinon, elles sonnent creux et elles agissent comme un cache-misère.

A Nîmes, le 16 septembre 2012, José Tomás n’a pas montré une seule fois son cul au toro ! Et pourtant…