Samedi 27 Avril 2024
Autre louche
Mercredi, 29 Janvier 2014

Le torchon brûle toujours à la Maestranza…

 Dans le conflit G5/Empresa de Séville, il ne se passe guère de temps avant qu’un fait nouveau ne survienne. Et aujourd’hui, El Juli a en rajouté une louche de plus sous la forme d’un long communiqué dans lequel il précise en détail sa position à l’aficion de Séville…

« Je rends public ce communiqué après une profonde analyse de la situation que nous avons vécue avec l’empresa qui gère la Real Maestranza de Caballería de Séville.

L’absence de réponse de la part des Maestrantes pour résoudre le problème généré par l’empresa Pagés lors de la conférence de presse de novembre dernier, aggravé par une note postérieure dans laquelle cette empresa ratifiait sa position belligérante contre certains compañeros me fait réfléchir sur ces circonstances. Je veux transmettre à l’aficion les motifs qui me poussent à rompre n’importe quel type de négociation avec ceux qui gèrent cette arène.

Les déclarations malintentionnées des représentants de l’empresa Pagés, lors de la rencontre avec la presse déjà mentionnée, ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase d’une situation insoutenable. Mais ces manifestations ne sont que le reflet du traitement infligé aux toreros par cette empresa depuis pas mal de temps. Despotisme, superbe et insolence, des termes qui pourraient décrire la majorité des négociations engagées avec eux.

Le manque de respect à des compagnons comme El Fundi, Gómez Escorial ou Juan Diego est inadmissible. Ils nous représentent et ont été démocratiquement élus par tous les matadors de toros. L’attitude qui leur a été opposée a été caractérisée par les agressions verbales permanentes, face à des toreros qui comme nous méritent un traitement convenable, tout autant en tant que dépositaires des volontés d’un collectif que pour leur propre dignité.

Mon apoderado et moi-même avons vécu aux premières loges cette façon mesquine de procéder. A ce sujet, ils ont plaisanté sur la possibilité que je sois admis par l’aficion de Séville et que j’ouvre à nouveau la grande porte qui me fait rêver. Ils se sont gaussé en insinuant que la seule possibilité pour moi, ce serait en comptant sur la bienveillance d’un public rendu aveugle à cause de la pluie, ou  témoignant que pour mille oreilles que le Juli pourrait couper à Séville, il n’intéresse pas l’aficion.
 
En 2006, je ne suis pas allé à Séville, acculé par une offre en dates, ganaderías, cartels et honoraires me poussant à donner une réponse négative. En 2011, après avoir coupé cinq oreilles et ouvert la Porte du Prince, avec quatre pleins, on m’a réduit mes honoraires pour toute la feria, y compris San Miguel, plus bas que ce qui avait été convenu avec mon apoderado.
 
Après ce coup bas économique lors de la liquidation de la temporada 2011, décision adoptée et imposée unilatéralement par l’empresa, lors de la saison 2012, j’ai reçu un appel de cette empresa trois jours seulement avant que les cartels ne soient publiés, après qu’ils les aient bouclés. Après le forfait d’une figura, ils m’ont proposé deux corridas et le Domingo de Resurrección en enlevant Daniel Luque, alors qu’il y avait un accord avec lui bien connu dans le milieu. Je n’ai pas donné suite à cette proposition, pas plus qu’au traitement inconvenant réservé à certains de mes compañeros, alléguant qu’il s’agissait de représailles pour appartenir au G10. Tous se souviendront de la réponse à la question que j’avais posée à l’empresa : « Vous avez appelé Miguel Ángel Perera ? », ce à quoi ils répondirent que lui non plus ne les avait pas appelés.
 
Malgré l’arrogance avec laquelle j’ai été traité, j’ai cédé la plupart du temps pour l’immense respect que je ressens pour l’aficion sévillane et pour tous ceux qui viennent d’Espagne ou d’autres pays, au printemps comme à San Miguel, pour vivre avec sérieux et passion la Fiesta des toros.

Qu’il soit bien clair que nous les toreros, nous demandons du respect pour toutes les valeurs que nous représentons. Le même respect que celui avec lequel l’aficion de la Maestranza m’a sorti a hombros par la Porte du Prince, qui n’est rien d’autre que celui avec lequel je m’habille pour faire le paseo sur le sable de cette arène, celui que je ressens pour la tauromachie quand j’ai subi ici la plus grave cornada de ma vie, ou celui qui m’a remué intérieurement quand je me suis annoncé avec une corrida de Miura, étant poussé à toréer le 12 octobre passé un festival caritatif, de façon désintéressée, en faveur de la Banque Alimentaire. Je tiens à ajouter que ce festival a été organisé par l’empresa Pagés, à la place de la corrida du Día de la Hispanidad.
 
Les toreros rêvent de toréer à Séville. Ça fait des années que nous cédons par rapport à son aficion et parce que ce rite ancestral fait remuer les cœurs, mais cette entrega sur le plan matériel et ce qui remue l’esprit de ceux qui aiment le toreo, ne correspond pas au traitement que nous recevons de la part de cette direction d’arène, d’une façon privée comme publique.

En ce qui me concerne, en vertu de mon engagement moral envers la tauromachie, je peux affirmer que je ne toréerai pas pour l’empresa Pagés tant qu’elle ne respectera pas ma condition et ma dignité de torero, la mienne comme celle de mes compañeros. Je considère que la plaza de la Real Maestranza de Caballería, pour son aficion, sa catégorie, son importance historique, et parce que le toreo en a plus besoin que jamais, doit avoir des gestionnaires qui aiment profondément l’art de toréer. »

Visiblement, le malaise est profond et bien malin qui pourrait affirmer quand et comment interviendra la sortie de crise… Reste qu’on approche de la feria et que les lignes vont encore certainement bouger, le tout étant de savoir dans quel sens…

C’est vrai qu’une feria sans la plupart des têtes de liste, ça n’est pas trop dans les habitudes de la maison. Mais apparemment, au Baratillo, on va droit dans un mur. La question du jour : qui essuiera les plâtres ?

(Spéciale dédicace à celui qui prétend... que je sers la soupe au Juli !!!)