Vendredi 29 Mars 2024
Cayetano
Mercredi, 21 Mai 2014

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Rencontre avec Cayetano Ortiz chez Olivier Fernay…

 Ya falta menos… Dans moins d’un mois, aux arènes du Palio à Istres, Cayetano Ortiz sera « doctoré » par Joselito sous les yeux de Morante de la Puebla. Même dans ses rêves les plus fous, il n’aurait pu songer à pareil entourage pour la cérémonie…

Mais si le cartel est à l’évidence de luxe, raison de plus pour s’y préparer à fond et le Biterrois met actuellement les bouchées doubles avec priorité absolue au campo pour toréer pas mal de toros en privé. Mardi dernier, je l’ai rencontré aux Jasses de la Ville, chez Olivier Fernay, où il lidiait deux toros sous les yeux attentifs et les conseils de Denis Loré, son apoderado avec César Pérez, avec Nicolas Bertoli sur le cheval, auteur de deux bons puyazos à chaque fois, et dans la lidia, Christian Romero et Miguelito. Un excellent entrainement pour ce jeune diestro qui voit avec confiance l’échéance se rapprocher…

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« L’année dernière, j’ai participé à une quinzaine de novilladas, j’en avais parlé avec César et Denis, notre objectif étant de faire une saison complète en novillada avant de songer à l’alternative. Personnellement, j’ai noté un changement après mes années passées en novillada et mis à part mes échecs répétitifs avec l’épée, j’ai senti une évolution dans mon toreo, que ce soit avec le capote ou la muleta. Outre le travail dans toutes les suertes, je m’efforce aussi de transmettre davantage car compte tenu de ma nature ça me coûte un peu, ainsi que la colocation devant le toro.

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Il y a aussi l’épée, et globalement, je sens que ça va mieux, que ce soit avec les toros ou au carretón. On filme tout et à partir de là, avec l’aide de Denis, j’essaie de corriger mon geste. Il m’a inculqué une bonne technique, mais après, chaque torero a son propre geste pour porter l’estocade et j’ai essayé de trouver le mien car je sais bien combien c’est important de bien conclure une faena…

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J’ai pensé que c’était le moment de passer à l’échelon supérieur et bien entendu, ma préparation est maintenant axée sur cette alternative. Je savais que j’allais la prendre à Istres et à partir de là, je me doutais bien que ce serait dans un cartel rematé, mais quand j’ai appris qu’il s’agirait de Joselito, un maestro retiré depuis dix ans qui revient pour être mon parrain, et de Morante pour témoin, jamais je n’aurais pu y penser !

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Bien sûr, quand plus petit il m’arrivait de penser à mon alternative, je me voyais bien la prendre dans les arènes de Béziers avec Sébastien Castella, mais quand on m’a annoncé le cartel, je suis resté scotché sur ma chaise !!!  J’étais déjà allé une fois chez Joselito avant de remater l’alternative, c’était assez impressionnant, j’avais tienté avec un matador de Mérida, Miguelín Murillo, puis j’y suis retourné cette année alors que je connaissais le cartel, on a tienté en mano a mano trois vaches chacun, et là, c’était un rêve qui se réalisait ! La première fois, j’étais un peu bloqué, mais cette année, comme je le connaissais déjà, j’étais plus relâché. Après, on a mangé ensemble et Joselito a même dit à mes apoderados qu’il m’avait vu plus à l’aise… Quant  à Morante, ça fait partie de mes toreros préférés et quand je le vois toréer au capote, je me dis que de devoir entrer au quite, ça va être un sacré challenge ! C’est un torero d’exception que j’ai vu récemment à Aguascalientes car on était au même hôtel, je l’ai salué, mais on a surtout parlé avec Antonio Barrera, son apoderado. 

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En ce qui concerne ma préparation, j’ai beaucoup travaillé le physique cet hiver avec un préparateur qui m’a pas mal apporté, et maintenant, tout en continuant un travail de maintien, on tue pas mal de toros jusqu’à Istres car je n’ai guère eu d’opportunités de le faire en novilladas. J’en ai toréés deux, une en Espagne où j’ai triomphé, et l’autre au Mexique, à Aguascalientes, et j’en aurai une dernière le 31 mai à El Molar, dans la périphérie de Madrid.

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Il faut donc remplacer les novilladas par des toros en privé, j’en ai achetés à Olivier Fernay et chaque semaine, on en tue deux jusqu’à Istres. Actuellement, j’ai parfois de la difficulté à m’endormir, je pense très fort au 15 juin et j’imagine surtout plusieurs faenas, mais je ne sais pas si c’est une bonne chose car ça se passe rarement comme on l’espère. J’ai surtout imaginé des choses positives, je ne sais pas si ça m’aidera, mais j’ai bon espoir que ça se passe bien…

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Je sens beaucoup de soutien autour de moi, ce qui est très important, que ce soit ma famille, mes amis, les aficionados des clubs taurins… Je vais d’ailleurs participer à une journée chez Riboulet grâce à Christian Coll du club taurin le "Mundillo" de Béziers et aux aficionados qui me suivent, chacun y met son grain de sable pour m’aider avant le grand jour et ça me fait énormément plaisir.

samedi 24 mai

Le costume ? On l’a fait faire chez Fermín, et comme je suis plutôt traditionnel, ce sera des broderies classiques. Quant à la couleur, on peut s’en douter…

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Ce dernier mois, il y a des jours où il y a des hauts et des bas, mais j’essaie de surmonter la pression en me disant qu’il faut que je profite de chaque instant car ça n’arrive qu’une fois dans une vie ! Je vais descendre une semaine à Los Barrios pour m’entrainer avec Daniel Duarte, mon banderillero de confiance, sinon je reste souvent chez moi, même les jours de corrida. Physiquement, ça va bien et je fais tout pour que le mental suive… »

L’avis de Denis Loré…

« 2013 a été notre première année avec César Pérez qui s’occupe plus du côté espagnol alors que moi, je fais le relationnel ici. Nous nous complétons bien, que ce soit dans nos contacts avec les empresas ou les ganaderos pour les tentaderos. Il y a eu des moments négatifs et d’autres positifs, puisqu’il a pu toréer quinze novilladas dans un contexte difficile de réduction de courses dans cette catégorie et grâce aux relations de César, Gaëtan a pu entrer dans des arènes importantes, comme le Puerto de Santa María, Vitoria, Peralta et Saragosse…

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Il faut dire aussi qu’on s’est entouré de gens importants dans la cuadrilla, comme Javier Rodíguez qui est le neveu de l’empresa Serolo. Il était avec Antonio Barrera, donc ça nous a facilité la tâche pour entrer dans certaines arènes que j’ai citées, même s’il n’a pas pu aller à Saragosse à cause de sa fracture de la clavicule.

C’était déjà beaucoup parce qu’en 2012, il n’avait pas beaucoup toréé et avait obtenu des résultats moyens, et ce n’était pas évident par la suite d’obtenir autant de courses. On en a parlé ensemble et on lui avait dit qu’on allait se battre, sachant que si l’on obtenait une douzaine de courses, ce serait déjà extraordinaire ! Ce n’est pas facile, mais notre relationnel a fait qu’il a pu entrer dans ces arènes…

L’alternative, on était un peu dans l’expectative. On attendait de voir son évolution, par moments on a été plutôt sceptiques, et à d’autres, il nous a donné l’espoir car il a quand même des qualités, il est pur dans son toreo et on a essayé de corriger ses points faibles. Et finalement, on a décidé de lui faire franchir le pas.

Tout le monde connait mes relations d’amitié avec Bernard Marsella et c’est lui-même qui nous a proposé qu’il la prenne au Palio. On avait évidemment pensé à Béziers, c’était la logique, mais vu qu’à Istres ce serait historiquement la première alternative et compte tenu du cartelazo qu’il montait, qui le refuserait ? Avec ces deux monstres du toreo, c’est sûr que ce sera à lui de mettre le paquet, à saisir sa chance… à un niveau dont beaucoup rêvent, mais que peu obtiennent !

Joselito est son torero préféré, et quand on lui a annoncé qu’il serait son parrain avec en plus Morante, il en est resté bouche bée ! C’est quelque chose d’extraordinaire et comme la feria est annoncée depuis janvier, le nom de Cayetano Ortiz revient souvent dans les médias, on en entend parler partout. Maintenant, la balle est dans son camp…

La novillada d’Esparragalego (Badajoz), de Cayetano Muñoz, est très bien sortie et Gaëtan a triomphé, sortant a hombros pour avoir coupé quatre oreilles et un rabo, et deux jours après, il a toréé à Aguascalientes où il est tombé hélas sur deux novillos décastés, mais ça lui a tout de même fait une expérience de plus. Il lui reste encore une novillada et il aura toréé une quarantaine de vaches ainsi qu’une quinzaine de toros en privé, donc la préparation a été très effective.

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Je ne pense pas qu’il y ait une préparation spéciale pour l’alternative, la mentalisation doit se faire pour chaque corrida et elle peut être différente selon les toreros. Personnellement, je toréais très peu de toros en privé et je ne participais pas à beaucoup de tentaderos. Il y a aussi des toreros qui ne toréaient pas de vaches, chacun pensant à sa façon ce qui est le mieux pour lui. La feuille de route, c’est d’intensifier les entrainements et de participer à sa dernière novillada. Cayetano a besoin de toros, ça fait partie de sa préparation et tout porte à croire qu’il sera prêt le jour J…

Il faut rester optimiste, laisser le négatif derrière soi. Pour le moment, on a réalisé nos objectifs, on n’a pas grand-chose à se reprocher à ce niveau-là, et la suite, ce sera de se gagner les courses suivantes, même si on a déjà deux ou trois assurances pour de futurs contrats. Disons qu’avec César, on pense qu’entre novilladas et corridas, s’il arrive à toréer sept courses pour cette première année, ce ne sera déjà pas mal. Mais une chose est sûre, ça dépendra de son alternative qui est très médiatisée, ce qui peut lui servir aussi pour l’Espagne en cas ce succès... »

Suerte à Cayetano et à ses apoderados pour le 15 juin. Que la fête, sa fête, soit belle et à la hauteur des espérances…