A propos d'une visite à la finca "Mirandilla"...

Il y a environ un mois, les membres de l’association « Torrito Aficion » s’étaient rendus à la finca Mirandilla pour vivre leurs traditionnelles journées autour du mayoral Fabrice Torrito…

 Deux jours de convivialité et d’aficion, avec plusieurs moments forts, le tentadero, la visite du campo, l’herradero et bien sûr, leur assemblée générale.

Pour avoir une idée de ce rassemblement, cliquez ICI

Quelques jours après, le ganadero nous quittait. Une immense perte pour le monde des toros, mais son épouse « Maruchi » a relevé le gant, soutenue par Fabrice Torrito, pour que vive encore cette ganadería légendaire.

M’étant rendu dans cet élevage fin octobre, nous avions évoqué avec Fabrice la vie à Mirandilla, les améliorations apportées,  les satisfactions comme les épreuves, et les perspectives pour la temporada suivante. Avec pour commencer, l’évocation de la corrida de Vergèze…

« Vergèze, c’était le retour en corrida des Albaserrada treize ans après et c’était important d’exister à nouveau. Les points positifs, c’est que l’arène était pleine, des gens étaient venus voir où on en était. Moi, en tant que mayoral, je suis resté lucide, en voyant les bons côtés, mais aussi les mauvais…

C’est une course qui a bougé au début, ça cassait les planches, mais il faut reconnaître qu’après le passage à la pique, le niveau a baissé. L’important, c’est qu’on existe, on parle de nous, et c’est aussi qu’il y a des gens qui avaient vu les toros au campo et qui sont allés voir une corrida pour la première fois, ce qui n’est pas à négliger par les temps qui courent !

C’était une course de l’ancien sang, de même lignée, du même étalon, qui était le père et le grand-père des six toros, je voulais voir ce que ça donnait, mais je n’ai pas la solution et on continue à travailler…

En 2014, on a lidié une novillada non piquée pour la première fois près d’Almería et c’était important pour les Espagnols de voir qu’après avoir lidié en France, on pouvait aussi produire chez eux. Ça s’est très bien passé, puis il y a eu la présentation dans le Sud-Ouest avec une novillada piquée à Parentis et là, je dirais que c’est la novillada qui n’est pas sortie au bon endroit ! Elle est sortie très toréable, peut-être même trop toréable pour ce public. Si tu sors la même course dans une arène moins torista, elle passe mieux.

Il faut certes que les toros soient toréables, mais on doit leur mettre à présent ce moteur, ce piquant dans l’embestida qui crée l’émotion, et ça je cherche, mais je n’ai pas encore trouvé ! On continue donc à travailler la sélection en interne pour essayer d’apporter ce qui nous manque.

Pour 2015, nous avons une corrida de toros, deux novilladas piquées et après deux autres lots en non piquée, mais ça dépendra de la demande. Je pars donc sur cinq lots et pour la première fois, j’anticipe et je garde deux corridas pour 2016. Il n’y a encore rien de fait, mais ça bouge, les responsables reprennent le chemin de Mirandilla…

Cela dit, j’aimerais bien lidier une novillada piquée, voire une corrida, en Espagne car c’est un élevage qui avait ses lettres de noblesse en Espagne, ce serait donc logique de revenir ici, sans que ce soit pour autant exclusif.

Concernant le bétail, c’est vrai que j’ai eu pas mal de pertes en peu de temps. C’était chaque fois des toros qui par leur personnalité étaient devenus attachants et en plaisantant, je dis que ce sont des toros qui lisent le blog, qui sont hors normes, et ça, les autres ne l’acceptent pas ! Ils doivent sentir qu’un toro différent, il faut le faire disparaître…

Au sujet du blog « Les carnets du mayoral », je suis très transparent dans mon approche, tout le monde sait ce que je suis en train de faire, il n’y a rien de caché, je montre tout, ce qui n’est pas très courant dans le milieu taurin. Avec Torrito Aficion, ça fait rêver tous ces passionnés, c’est une façon de leur rendre tout ce qu’ils font pour moi et de les informer.

C’est aussi une façon de montrer que dans les toros, il n’y a pas que la corrida, mais toute une vie avant, dans leur milieu naturel, et c’est fondamental pour éduquer le public afin de mieux comprendre la corrida. Pour l’instant, j’écris sur le blog, mais je n’écarte pas l’idée de publier un jour un livre sur ma fonction de mayoral, et c’est une histoire qui est loin d’être terminée…

La Cerca de Los Franceses, c’était parti de l’idée de remettre l’élevage en état, la ferme et le bâti étaient un petit peu abandonnés et ce corral était lui aussi en mauvais état. Je n’avais ni lez temps, ni les moyens, de la rénover et mes amis français du Club Taurin, qui sont un peu maçons aussi, ont alors émis l’idée de le prendre en charge et de le remettre en état. Ils ont mis trois ans, sur leurs journées de congés, à venir et à transformer ce corral en arène, qui est devenue la Cerca de Los Franceses et qui me permet à présent de sélectionner tous les animaux là-bas.

C’est une façon de participer à l’aventure, on a mis le pied à l’édifice, ce sont des gens qui viennent à l’herradero, aux tientas, qui viennent aussi visiter le campo et voir comment on évolue, ça va beaucoup plus loin que le simple fait d’aller voir nos toros dans l’arène !

Les azulejos, c’est pareil, l’idée est que les personnes ou les clubs qui sont passés par là laissent une empreinte de leur passage et c’est une façon aussi de participer à l’aventure et de dire que si l’élevage se porte bien dans quelques années, j’y ai participé !

Ce soutien est très important et se retrouve même dans le village en termes de fréquentation des bars, restaurants, hôtels… Ça fait cinq ans que je travaille ici, ils savent que Fabrice Torrito n’est pas seul et que si tous ces gens sympathiques viennent le voir, c’est qu’il y a quelque chose qui se passe. Ce soutien moral est fondamental pour moi… »

Autre site à découvrir à propos de la finca Mirandilla : cliquez ICI

Suerte, mayoral, pour la temporada 2015 et promis, à mon prochain passage, il y aura un azulejo de Torofiesta sur les parois de la Cerca de Los Franceses…