Jeudi 28 Mars 2024
Istres, Madrid, Bautista, Albaserrada, Hemingway…
Lundi, 12 Juin 2017

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Entrevista avec Bernard Marsella à dix jours de la Feria d’Istres 2017…

Plus que dix jours avant de voir défiler dans les arènes du Palio une pléiade de figuras, notamment les Castella, Manzanares, Talavante, Roca Rey, Mendoza, Fundi, Ponce, Bautista et consorts. Quatre plateaux pour quatre événements, comme aime à le répéter Bernard Marsella que je viens de rencontrer pour faire le point à si peu de jours du coup d’envoi…

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« Chaque année, les aficionados se demandent ce que je pourrais bien faire l’an prochain ! Une des identités d’Istres, c’est que ce n’est pas une feria torista ou torerista, elle est faite pour surprendre l’aficion à travers une programmation qui peut être différente de ce que l’on propose dans d’autres arènes…

C’est ma onzième année en direct, et en onze ans, on peut dire que chaque année, il y a eu un fil conducteur qui a marqué la différence sur la programmation, comme notamment avec Victorino Martín, Morante, Barrera, Joselito, ce qui nous a fait connaitre dans le monde entier, et bien sûr, Enrique Ponce…

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Ce qui était difficile, c’était l’après Joselito, comme l’après José Tomás à Nîmes ! A une échelle plus réduite, c’est la même chose, parce que qu’est-ce que l’on peut faire après ? Justement, après, il y a eu l’encerrona de Ponce qui restera une corrida historique !

Elle a débouché sur des livres, des expos, des documentaires… C’est formidable quand une corrida comme ça a autant de répercussion médiatique forte, qui dépasse les frontières nationales ! C’est l’identité d’Istres, on se doit chaque année de surprendre sur la programmation… et après, croiser les doigts sur le résultat artistique, parce que personne ne le détient. C’est le grand point d’interrogation, la météo, le comportement des toros, la forme des toreros, est-ce que l’alchimie va prendre ? Istres a fidélisé un public au fil des ans, une de ses particularités est l’intimité des arènes par rapport à leur capacité, ce qui à un certain  moment peut prendre une dimension particulière que l’on ne pourra pas forcément voir ailleurs !

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L’an dernier, la télé a été une expérience formidable. C’est incontestablement une marque de prestige pour une arène. Canal+, qui sortait de retransmettre la San Isidro de Madrid pour enchainer avec la Feria d’Istres, c’était quand même pas rien ! Beaucoup oublient que l’on n’est qu’une arène de troisième catégorie et donc, ça été très important en termes d’images pour la ville, ça a fait connaitre encore plus Istres sur l’échiquier taurin, il y a eu huit heures de magnifiques reportages dans tous les domaines sur la ville, mais chaque médaille a son revers…

En effet,  de nos jours, tout au long d’une temporada, les aficionados peuvent assister confortablement installés à toutes les plus grandes ferias, avec les élevages les plus importants et les toreros les plus en vue. Si ça a quelques bons côtés, d’un autre, ça peut avoir une incidence, dans la plupart des cas, sur l’affluence aux guichets, ce qui a été le cas pour nous l’an dernier ! Madrid est l’arbre qui cache la forêt, mais il ne faut pas se mentir, dans beaucoup d’autres arènes, ça a une répercussion négative sur la taquilla. Et maintenant, en plus, avec Taurocast, ça risque de s’amplifier ! C’est une impression personnelle, mais je trouve que la télé fait perdre la magie, et quelque part l’émotion. Par exemple, quand un torero se joue les fémorales et que tu es entouré de gens qui discutent en buvant un coup, ce n’est pas pareil que si tu es à dix mètres de lui… J’ai l’impression que de nos jours, tout est en train de se banaliser, et ce n’est peut-être pas au meilleur moment que ça arrive !

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En outre, à l’époque, Canal+, ce n’était pas pareil, ça a créé de l’aficion. Il y avait des reportages, des corridas en différé bien expliquées pour les néophytes, ce qui a contribué en partie au renouvellement du public, avec même un engouement pour la corrida. Maintenant, on est entré dans une époque où la quantité prend une grande importance, sur un rythme infernal…

Pour revenir  sur la programmation de cette année, je tiens à répéter que grâce à la municipalité qui me fait une entière confiance, dès qu’une feria est terminée, je peux commencer à me pencher sur la suivante. On annonce nos cartels en janvier, notre fonctionnement est comme ça, et pour pouvoir le faire, il faut commencer à tisser la toile bien en amont… et engager parfois des toreros alors que la temporada n’est pas encore terminée !   A Istres, on aime bien terminer la feria avec une corrida qui sort de l’ordinaire. L’an passé, ça a été les six toros de Ponce, le retour de Joselito, ça a été aussi en clôture de feria, donc depuis quelques années, c’est en quelque sorte devenu la règle, sous la forme d’une corrida événement, une corrida de gala. A partir de là, pourquoi pas le Fundi ?

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Très tôt, dès le mois de juillet, comme ce n’est pas la première fois que l’on fait revenir un torero, j’ai pensé à lui. Il jouit en France d’une ambiance exceptionnelle car il a eu tellement de générosité  en piste que ça n’a laissé pratiquement aucun aficionado indifférent. Ensuite, parce que depuis cinq ans qu’il est retiré, El Fundi n’a pas cessé de toréer des festivals et l’ayant vu très affûté, je me suis dit que ça pouvait être une belle histoire à raconter ! Il ne faut pas oublier que c’est la France, plus précisément Arles, qui a lancé sa carrière, c’est un torero qui a toréé chez nous dans les anciennes arènes, puis dans les nouvelles où il avait pris, alors qu’il était dans une situation un peu plus délicate, les toros de Margé. Je l’avais ensuite engagé avec les toros d’Escolar Gil, devant lesquels il avait triomphé, et enfin, je l’ai repris pour ses adieux avec les toros de Victorino. Le temps passe vite, et finalement, je ne regrette pas d’avoir eu ce choix. C’est d’ailleurs pour le moment, la corrida qui marche le plus fort à la taquilla !

Je dois ajouter que lorsque je lui ai proposé de revenir pour lidier cette corrida, il m’a demandé de réfléchir, me donnant rendez-vous pour le mois d’octobre. Tout s’est alors officialisé autour d’un repas, mais en fait, il était heureux qu’on lui ait fait cette proposition. Pour tout dire, ça l’agaçait quelque part de voir certains anciens toreros revenir, alors que lui, personne ne le lui proposait ! Il est évident qu’il fallait qu’il en parle à son entourage, mais en fait, je crois que dans sa tête, sa décision était déjà prise ! Quand on a mangé ensemble, c’était un peu comme un enfant à Noël !!!

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Ce que j’ai voulu faire, c’est réunir autour de lui dans ce cartel deux toreros qui ont marqué l’histoire des arènes d’Istres et qui ont réalisé une encerrona ici, qui y ont triomphé, chacun dans son style, et qui ont indulté un toro ! Les gens ont adhéré à l’histoire du Fundi, quelque chose que l’on ne verra pas ailleurs, et bien entendu, ça a eu une incidence sur les réservations puisque je pense qu’on devrait atteindre le no hay billetes, même s’il reste encore quelques places…

Pour revenir au Fundi, pour l’heure, il n’a que le contrat d’Istres, mais il a laissé la porte ouverte et selon le résultat, il envisagera après la suite à donner à ce retour dans les ruedos…

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Pour reprendre l’ordre chronologique, on débutera avec une corrida d’ouverture forte, qui pourrait être un cartel de clôture, avec Sébastien  Castella qui n’était plus venu depuis trois ans, et on est bien sûr très heureux de son retour. Avec lui, Manzanares et l’inclusion de Thomas Joubert, qui a remis le pied à l’étrier ici, où il nous avait émus sur quinze muletazos devant un toro du Pilar et qui a intégré ce cartel vedette par ses propres mérites, avec notamment son triomphe de l’an dernier. L’an passé, il a quand même tiré son épingle du jeu en coupant les oreilles à un très bon toro de Joselito et depuis, il a connu  des triomphes importants, il se justifie et fait partie des jeunes matadors à aider. Istres va donc continuer à l’épauler, et qui plus est, dans un cartelazo !

Le samedi, le cartel a pris de la plus value, puisqu’il comprend le triomphateur de la récente San Isidro, Ginés Marín ! Dans les toros, il faut avoir du feeling, car si je me sens artiste et professionnel, il faut aussi avoir de la chance ! Et ici, de la chance, on en a pratiquement chaque année... Il y a  des histoires comme ça, qui tombent au bon moment, avec aussi  Talavante et Roca Rey pour sa présentation, qui sont tous les deux dans une bonne passe…

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Concernant cette corrida, le jeune rejoneador Laury Tisser sera aussi présent. On l’avait fait débuter avec les becerradas d’Ouest Provence, et on lui a fait tuer ses deux premiers novillos en public  lors de la novillada mixte des fêtes il y a deux ans. C’est un rejoneador de talent qu’il faut épauler, d’où son inclusion dans ce cartel prestigieux…

Le dimanche, double affiche avec en matinée une corrida de rejón. On avait déjà fait une incursion dans le monde du rejoneo il y a quelques années, en clôture de la feria. On a fait le constat que quatre corridas de toros, c’était beaucoup pour Istres, c’est pourquoi on s’est tourné vers autre chose en faisant plaisir aux aficionados au rejón à qui on propose un plateau haut de gamme entre le numéro un de la spécialité, Pablo Hermoso de Mendoza, et la régionale de l’étape qui d’année en année vole vers les sommets, Léa Vicens, qui vient de couper une oreille à Madrid… C’est la première fois qu’ils feront un mano a mano de six toros tous les deux !

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Concernant les réservations, on a fait 20% d’abonnés de plus cette année ! Cela dit, il reste des places numérotées en plus ou moins grand nombre pour chaque corrida et même si l’époque est difficile, je reste résolument optimiste car compte tenu du contenu des affiches, je pense que nous pouvons atteindre plusieurs pleins !

Pour être complet, un mot sur la novillada non piquée des fêtes d’Istres, avec « Las Flores del Toreo », une tradition qui se perpétuera cette année en partenariat avec l’école taurine d’Arles, après une première édition avec le CFT qui reviendra en alternance l’an prochain. Je tiens à préciser que nous tenons à monter une course de qualité, avec tout l’environnement nécessaire, musique, areneros… L’an dernier, ça s’est bien passé, il y avait du monde, la qualité était au rendez-vous, voilà pourquoi nous renouvelons cette course avec pas mal d’optimisme… »

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Comme le dit si bien Bernard Marsella, qui a toujours le sens de la formule, cette édition 2017 sera la feria de toutes les espérances, vu les ganaderías de prestige engagées, ainsi que les toreros, et il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour qu’une conjonction d’éléments positifs s’enchainent.

Mais comme il ajoute, ce ne sont que des si, des vœux, rien ne nous appartient… Mais sur le papier, il lui aurait été très difficile de monter une meilleure feria. Suerte, que le vent nous laisse tranquilles et que les toros embistent !!!

MADRID

Trophées « Plaza1 » de la Feria de San Isidro 2017, avec un triplé pour Ginés Marín…

Triomphateur de la feria: Ginés Marín

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Meilleure faena: Ginés Marín

Meilleur novillero: Jesús Enrique Colombo

Meilleur rejoneador: Diego Ventura

Torero révélation: Ginés Marín

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Meilleure estocade: Gonzalo Caballero

Meilleur picador: Tito Sandoval

Meilleure brega: Iván García

Meilleur banderillero: Ángel Otero

Meilleure ganadería: Domingo Hernández

Meilleur toro: "Hebrea", de Jandilla

A noter que Ginés Marín s’est vu attribuer le titre de triomphateur de la feria pour être sorti a hombros par la Puerta Grande après avoir coupé les deux oreilles d’un Alcurrucén le 25 mai… Par conséquent, le jeune maestro de Jerez a obtenu le poste qui complète le cartel de la corrida de la Culture du samedi 17 juin, où il fera le paseo aux côtés de Morante de la Puebla et Cayetano, toros de Núñez del Cuvillo.

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En outre, pour la novillada des triomphateurs de San Isidro qui aura lieu le lendemain dimanche 18 juin, ont été retenus Ángel Sánchez, Ángel Jiménez et Jesús Enrique Colombo, novillos de José Luis Marca.

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BAUTISTA

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Retour sur l’indulto de « Revoltoso », toro de Rehuelga, par Juan Bautista à Sotillo de la Adrada…

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Très au goût de l’Arlésien dès sa sortie en piste, ce toro d’encaste Santa Coloma a ensuite, après un puyazo chargé, duré suffisamment pour permettre à l’Arlésien d’en afficher toutes les qualités lors d’une faena variée, avant de lui laisser réintégrer le toril, et plus tard, ses verts pâturages andalous de Benalup de Sidonia…

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Pour la ganadería Rehuelga, après la bonne course de Las Ventas, cet indulto vient à point nommé pour étayer encore plus sa réputation.

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Quant à Jean-Baptiste, il vient encore une fois de confirmer le bon moment qu’il traverse. Enhorabuena…

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(Photos : dehesabrava.com)

ALBASERRADA

Tentadero de David Garzón, l’un des trois novilleros retenus pour Riscle, à la ganadería Albaserrada…

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(Une version en langue espagnole est en préparation, et sera présentée à Madrid en Feria d'Automne)…

(Communiqué)