Triomphes d’Andy Younes pour son alternative, ainsi que de son parrain Juan Bautista le matin, et d’Enrique Ponce pour la tarde…

Matin. Environ 3/5 d’arène, soleil. Toros de différents élevages : Núñez del Cuvillo, Victoriano del Río (2) et Garcigrande (5).

Accueilli par une sympathique ovation de réception à laquelle il répondit par un salut aux tiers, Andy Younes (oreille et deux oreilles) n’a pas manqué sa cérémonie d’alternative. Il faut dire qu’il a eu à combattre un toro de Cuvillo, « Gavilán », particulièrement noble et même pastueño qui lui a permis de s’imposer en obtenant une récompense pour sceller son passage dans la classe supérieure. Varié au capote, Andy se distingua ensuite sur un quite entre les deux rencontress. Bon second tercio puis au terme de la remise des trastos, Andy alla brinder à ses parents.

Bon début par le haut près des planches, la suite essentiellement par séries droitières bien cadencées puis passages à bâbord en deux séries d’inégal impact. Revenu sur la bonne corne, Andy raccourcit les distances et se lança dans des mouvements encimistas avec inévitable dosantina, le tout entrecoupé d’une spectaculaire voltereta qui aurait pu avoir des conséquences plus tragiques. Mais en définitive, plus de peur que de mal et l’Arlésien, un temps sonné, reprit ses esprits  pour exécuter quelques manoletinas avant entière desprendida au second envoi.

L’ultime prit deux piques, poussée la première, et après un bon quite par chicuelinas puis une grosse rouste d’un banderillero, heureusement sans trop de dégâts apparents, Andy brinda à l’assistance un trasteo débuté par deux cambios au centre poursuivis par enchainements relâchés, principalement sur le flanc droit. Conclusion par trois quarts de lame en se faisant envoyer au tapis, sans autres conséquences qu’une belle frayeur. Deux oreilles, la seconde contestée par un secteur de public.

Juan Bautista (oreille et deux oreilles) a débuté avec un Victoriano bien contenu en deux assauts, puis bon second tercio avant un affrontement à la muleta qui mit en exergue la technique haut de gamme de l’Arlésien.  En effet, face à un toro qui ne l’aida guère, Juan se fâcha et l’obligea sur des séries rondement menées dans un pouce de terrain. Une belle démonstration de son entrega, Bautista affichant en outre des ganas jamais démenties tout au long de l’effort consenti. Entière caída. Au quatrième, il se signala par chicuelinas marchées avant deux rencontres, la première sur l’épaule et la suivante minimale. Il accéda ensuite à la demande de l’auditoire pour prendre en charge le second tercio, au demeurant plutôt médiocre. Mais il se rattrapa à la muleta après un brindis au public suivi d’une entame arrodillada du plus bel effet. Au son de la « Concha Flamenca », la faena prit rapidement son envol avec plusieurs séquences de plus en plus ajustées, sans grande émotion au départ, puis en faisant grimper la température dans un trasteo allant a más jusqu’aux luquecinas faisant ensuite place à un recibir foudroyant.

Alejandro Talavante (sifflets et silence) n’a pas été très à l’aise face à un premier client qui avoisinait les six ans, manso de surcroît. Faena de tanteo vite abrégée et faillite aux aciers qui n’arrangea rien. L’Extremeño prit ensuite un Garcigrande qui brisa d’emblée quelques planches sans pour autant passer dans le couloir. Deux rencontres désordonnées puis bon second tercio avant un brindis à l’assemblée. Rapidement désarmé, Talavante se reprit bien, mais on ne l’a pas pour autant senti dans un grand jour, son toro ne transmettant guère car s’avérant sans classe, ni grand son. Entière tendida.

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Tarde. Beau temps, plus de trois quarts d’arène. Toros de différentes ganaderías, Vellosino, Cuvillo et Parladé pour Ponce, et Victoriano del Río, Fuente Ymbro et Toro de Cortés pour Castella. Sobresaliente : Jérémy Banti.

Enrique Ponce (oreille, deux oreilles et silence) débuta en répondant avec Sébastien Castella à une ovation de bienvenue. Sortit alors un Vellosino  qui prit deux piques, la deuxième sortant du rayon homéopathie. Bon quite de Castella, bizarrement accompagné par la musique, avant la chute d’un banderillero pour lequel le toro pardonna la vie. Brindis à l’assistance et entame élégante, la suite par séquences agréablement menées, avec réponses molles d’un toro noble, mais faible, qui relation de cause à effet, ne transmettait guère. Suite encimista et entière caídita au second envoi. Avec son Cuvillo, Ponce fit étalage de ses bonnes manières au capote. Après les deux piques, belle entame de faena en se ployant, le maestro de Chiva trouvant dans cet opposant suffisamment de qualités pour proposer une succession de séries techniquement et artistiquement abouties.

Final par poncinas qui font toujours leur effet, puis entière libérant les deux pavillons qui ajoutés au premier, lui ouvraient la Porte des Consuls. Quant à « Ganador », son adversaire de Cuvillo, il eut droit à la vuelta posthume.

Son troisième, de Parladé, sortit en trombe puis prit deux puyazos, le premier sans style et le second protesté. Second tercio lamentable puis faena âpre face à un toro peu clair. Mais Enrique ne voulut pas lâcher le morceau, et composa plusieurs mouvements méritoires avant de plonger trois quarts de lame. A l’issue de sa faena, le Valencian coupa la coleta de son banderillero Antonio Puchol. Plus tard, Enrique Ponce sortit a hombros par la Porte des Consuls au son de l’hymne valencian*…

Sébastien Castella (silence, vuelta et applaudissements) débuta avec un Victoriano del Río bien reçu au capote. Deux piques bien dosées puis chicuelinas serrées avant une faena qui verra son opposant long à s’employer et deslucido. Séries courtes sans grande transmission, puis conclusion médiocre.

A son second, veleto astifino de Fuente Ymbro, capoteo dynamique par enchainement de véroniques et chicuelinas, puis deux rencontres sans style précédant les saluts au second tercio de Rafael Viotti et Andrés Herrera. Brindis à Enrique Ponce et bon début dans un pouce de terrain faisant place à un combat rapproché qui fit par moments passer le frisson.

Las, le Biterrois conclut sans éclat et dut se contenter d’une vuelta après une pétition minoritaire. Avec l’ultime, du second fer de Victoriano, qui fit chuter Pepe Doblado par-devant sur le premier assaut avant un bon second tercio, Castella donna deux cambios au centre dans la plus parfaite immobilité et verticalité. On pensait alors qu’il pouvait encore redresser la barre, d’autant plus que par la suite, il exécuta plusieurs séries templées en donnant la distance.

Après un désarmé, il se reprit bien, traça des redondos au parcours irréprochable, avant un final près de cornes hélas rematé d’un pinchazo, un entière tombée et un descabello. Mais dans l’ensemble, Sébastien s’est justifié et a fait apprécier une torería ajustée toujours aussi délicate.

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*A propos des musiques, il est à noter que pour cette Feria des Vendanges, l’accompagnement musical est à charge de l’orchestre Chicuelo II, comme d’habitude, mais aussi des Armagnacs d’Eauze. Côte à côte sur les gradins, ces deux formations ont joué en alternance ou conjointement, ce qui sera le cas durant toute cette feria au cours de laquelle elles donneront aussi un concert. Enhorabuena à tous, car abondance de biens ne nuit pas…

(Compte-rendu des deux corridas dominicales lundi en fin de matinée, et des principales nouvelles du week-end en fin de soirée)…