Jeudi 28 Mars 2024
Emilio, Landaise, Pérou...
Dimanche, 24 Novembre 2019

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Après la rupture avec Luisito, Emilio De Justo a choisi Simon Casas comme co-apoderado pour les prochaines temporadas…

 Communiqué d’Emilio de Justo…

Emilio de Justo boucle son équipe d’apoderamiento…

Simon Casas et Alberto García constituent dorénavant le tandem qui pour une période indéfinie gèrera la carrière du torero extremeño.

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A l’expérience de Simon Casas, apoderado de toreros comme Paco Ojeda, Ortega Cano, Manzanares père, ou Sébastien Castella, entre autres figuras importantes, s’ajoute la jeunesse et l’énergie d’Alberto García qui a été déjà ces deux dernières années aux côtés d’Emilio de Justo. Ses deux apoderados traiteront conjointement les contrats avec l’accord du matador…

LANDAISE

Malgré la pluie incessante dans le ciel montois ce samedi 23 novembre 2019, plus de 2000 personnes se sont mobilisées.

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Un rassemblement en soutien à la Course Landaise, aujourd’hui en péril. En effet, cette pratique sportive honorable est menacée par un rattachement au régime des fédérations sportives à partir du 1er janvier 2020 : un changement qui ferait augmenter les cotisations sociales et par conséquent, le coût d'organisation des courses landaises. Une menace pour cette pratique traditionnelle gasconne qui pourrait disparaître.

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Elus, acteurs et aficionados ont défilé au son de la Cazérienne dans les rues de Mont-de-Marsan. Entre les arènes et la préfecture, ils ont manifesté leur attachement à une tradition chère à leur cœur : celle de la Course Landaise. Sur l’air de la Marseillaise, devant la préfecture, bandas, chanteurs gascons et landais se sont réunis en attendant le retour de la délégation reçue par le préfet.

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A l’issue de cette réunion, le porte parole de la délégation de la Course Landaise, Nicolas Vergonzeanne a annoncé : « Nous avons assisté à la réunion la plus constructive depuis 3 ans, il a été décidé d’un commun accord avec les membres présents de trouver une solution pour la défense de la Course Landaise … Des moyens vont être mis en place … à l’initiative de la ministre Geneviève Darrieussecq, un rendez-vous va être pris à Paris avec tous les services de l’URSSAF pour un régime pérenne sans soucis pour l’avenir de la Course Landaise. »

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Tous les amoureux de la Course Landaise se sont rassemblés sur le sable des arènes de Mont-de-Marsan afin de faire une photo et ancrer cette date historique…

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(Photo : Roland Costedoat - Texte Marie Costedoat)

PÉROU

EMILIO LASERNA A LA RECHERCHE DU PÉROU TAURIN

Qui se souvient du torero de Murcia, Emilio Laserna ? Beaucoup de monde sans doute du côté du Vistre et plus particulièrement mes amis du Club Taurin Goya de Lunel ou la cuadrilla de Camille Martinion à Vergèze.

Après des débuts en sans picador à Arles, Emilio se lie d’amitié avec Hubert Yonnet et Pascal Mailhan. En 2002, il indulte le fameux « Pescalune » à Lunel, un brave et encasté exemplaire de la Belugo. Deux ans plus tard, à Vergeze, Regino Ortés, en compagnie de Swan Soto, lui cède un autre Yonnet pour son alternative.

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Emilio est alors cornaqué par Pascal Mailhan. « Je n’ai jamais rencontré dans ce monde taurin des gens aussi intègres et droits qu’Hubert ou Pascal. Au lendemain de l’indulto de Pescalune, Hubert me remit une enveloppe. Je pensais qu’il s’agissait d’un mot de remerciement. Dedans, Françoise et Hubert y avaient glissé 1000 euros pour me féliciter ! Je n’ai jamais connu ça depuis.... Pascal, quant à lui, me donna un coup de main et me fit rentrer dans quelques cartels sans jamais me prendre un euro de commission ou de frais. C’est vraiment un grand monsieur et une grande famille pour qui je garde une affection particulière ! »

L’année de son alternative, Emilio fait un premier aller retour vers le Pérou. Les conditions sont difficiles, mais à ne pas toréer en Europe, autant ne pas perdre la main au pied de la Cordillère. Il répètera ces va et viens pendant deux avant de décider de s’y installer progressivement et s’y marier.

« Ce fut un choix de vie et une alternative à ma profession de torero. Je n’étais pas le seul espagnol. Il y avait David Gil, Vicente Bejarano, David Esteve, Gómez Escorial et même Octavio Chacón. Les conditions étaient parfois compliquées, mais nous arrivions facilement à nous faire engager dans les corridas locales. »

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Il prend le bus pour des heures et des journées entières pour aller toréer dans des villages indigènes où la population est nichée sur des collines, où les hommes forment un véritable burladero humain, où les picadors se font lyncher à coup de pastèque ou de canettes de bière. Les codes taurins tels que nous les connaissons n’existent pas ici. Les gens survivent et n’ont que faire de l’essence même du combat du toro.

« A mes débuts, j’ai toréé quelques exemplaires d’animaux « cunero » (race mi bave, mi sauvage, et surtout mi déjà toréée) qui portaient encore le vautour sur leurs échines (la fameuse fête du yawar). C’était hors du temps, hors des célébrations taurines connues, il m’a fallu être très fort et ne jamais renoncer malgré des conditions d’un autre âge».

Quand Emilio énonce des conditions d’un autre âge, il sait de quoi il parle et rappelle non sans émotion la mort de son ami et compagnon de cartel Renatto Motta, tué a Malco en 2016, dans un pueblo de 500 âmes situé dans la cordillère des Andes.

Un coup de corne dans la saphène, pas d’assistance médicale, pas d’ambulance, juste une cuadrilla et un médecin apprenti sorcier qui font un garrot et un vieux 4X4 qui transporte le blessé à Chala, à deux bonnes heures de bosses, de trous et de virages de là. Une fois à Chala, pas de sang pour faire une transfusion. Une ambulance de secours le prend en charge pour le diriger vers Nazca, mais il est trop tard, Renatto meurt vidé de son sang après cinq heures d’agonie.

« Ici, tu es prêt à tout vivre, tu sais que tu joues ta vie chaque fois que tu t’habilles de torero, mais ce jour là, j’ai vécu le pire du pire, le cauchemar. Dans ce Pérou profond, il n’y a ni curé pour te donner le saint sacrement, ni alcool pour désinfecter les blessures. Tu es loin de tout, mais tu es torero ! »

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Emilio ne cache pas que depuis son implantation définitive au Pérou en 2011, il peut vivre de son métier. « Ici au Pérou, il n’y a pas d’intermédiaire, ni d’empresa. Afin de réduire les coûts du spectacle, ce sont les mairies ou les comités des fêtes qui te contractent directement. Au fur et à mesure, tu peux exiger plus de garanties, comme celle de demander à tuer uniquement des toros de race. J’y suis parvenu au fil du temps. Autre condition, celle économique. Tu touches ici 2000 dollars net pour toi par corridas. Ici, quant on parle de corrida, ce n’est pas 6 toros pour 3 toreros, ce sont généralement deux toros ou même un à tuer. C’est pour cela qu’il y a environ 700 spectacles par an pour 250 « arènes ». Il faut exiger 50 % de ton cachet à la signature et les 50 autres le matin de la course. Sans ça, pas de paseo. Parfois, il m’arrive de m’habiller dans une mairie ou une salle où tout le monde mange, c’est très spartiate comme condition, mais ça fait partie du folklore local.»

Emilio, qui se fait maintenant appeler Serna et plus Laserna, pourrait raconter des anecdotes comme celle où une corrida se donne au tirage au sort. « Il s’agit d’une même corrida donnée dans un village proche de Puno. Il y a deux clans du village qui organisent une corrida à la même heure, dans la même plaza. Il se trouve donc qu’il y a deux corridas en même temps et qu’un tirage au sort décide quel clan va faire « lidier » son toro et son torero en premier. Et la, c’est de la folie, quand tu torée pour un clan, l’autre clan t’insulte, te jette des bouteilles, des pierres et vice versa. J’ai vécu ça une fois et je n’y suis plus retourné ! »

Pour toréer parfois à plus de 3000 mètres d’altitude, il faut avoir une bonne santé physique. « Au début, c’est compliqué car tu n’as pas l’habitude, tu as le souffle coupé au bout de trois passes et tu cherches l’air. Depuis que je me suis établi ici, mon corps a appris à se faire à ces conditions spéciales et même s’il m’arrive de « cracher les poumons », je suis toujours prêt physiquement.»

Huamanchuco, Andamarca, Huambos, Huari, Huancavelica, Hualgayoc autant d’arènes que Google Maps n’arrive pas à localiser, mais où Emilio Laserna entretient ses espoirs. Au travers de ces vallées de la peur, il y a la secrète Vallée de l’espoir, celle de confirmer son alternative à Madrid ou de rentrer chez nous dans quelques corridas et connaître le destin d’un Octavio Chacón qui lui aussi,pendant sa période de vaches maigres, alla tâter l’Alpaga et la bière chicha de la jara pour enfin connaître le Pérou en Europe.

La trajectoire et l’histoire humaine d’Emilio Laserna mérite une petite attention, celle du cœur et de la sensibilité. Une organisation ou une empresa de chez nous, aura-t-elle le panache de le faire ? C’est tout le bien que l’on souhaite à ce torero « hecho en Perù »…

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(Reportage de Jean-Charles Roux, actuellement au Pérou avec des clients de son agence JCS Voyages… Voir ICI)