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Sébastien Castella vu par Jean-Marie Magnan
Lundi, 07 Février 2011

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SÉBASTIEN CASTELLA, PLÉBISCITÉ PAR LE PUBLIC ET PAR LES INTERNAUTES DE LA REVUE APLAUSOS… 

 

Si j'ai suivi Sébastien Castella, pas à pas depuis 1999, c'est pour signaler que dès ses premiers engagements, il appartenait à la très rare espèce des enchanteurs. Les dons les plus évidents l'habitaient. On le sentait voué. Sébastien Castella ou comment les étapes d'une passion devinrent autant d'étapes et des plus belles de la tauromachie.

 

Quelques-uns parmi les critiques français qui se montrèrent les plus acharnés à dénigrer Sébastien Castella s'étaient produits sans bonheur dans l'arène. Règlaient-ils par futures vedettes interposées des comptes délicats avec eux-mêmes ? D'où l'animosité qui les poussait à l'éreintement, comme s'ils ne visaient à chaque exécution qu'à conjurer leur propre défaite.

 

Interviewer Sébastien Castella restait le plus désespérant des exercices selon Joël Jacobi. Une seule fois, le torero avait répondu pour de bon, en espagnol, à une question volontairement provocante afin de le sortir de son silence : "Pourquoi est-il si délicat de t'arracher deux paroles ? Est-ce par timidité ou par orgueil ?" Surprise de Sébastien Castella qui cligna ses yeux d'un bleu profond : "Sera por los dos !" (Ce sera pour les deux raisons) lâcha-t-il dans un sourire mi-sérieux mi-espiègle.

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Quel crédit le torero peut-il accorder à cette paraphrase de son expression, à ces gloses à l'infini, où la corrida subit le commentaire d'une rhétorique qui prétend accéder à la presque science et à une traduction de l'ineffable ? Mots rigides et compartimentés se révélant incapables de capter la joie qui envahit l'esprit et le corps de Sébastien Castella et lui donne le sentiment que ses facultés sont libérées ensemble.

 

Sébastien Castella, six ans après son alternative, est présent au rendez-vous que Domingo Ortega donnait aux élus à ce tournant de leur carrière. Il peut se jouer des critiques dont on l'abreuvait en France. Par bonheur, le public qui a le dernier mot achetait et lui donnait le temps de grandir. On ne devient pas figure du toreo sans encourir de gros risques.

 

Lorsque l'adversaire est dominé, conduit selon une constante emprise, il n'y a plus de prétendu trémendisme (cet abus de l'effroi systématique) ni de roulette russe qui tienne, il y a un maître qui a payé le prix fort pour acquérir le pouvoir sur les taureaux. Sébastien Castella à l'exemple de ses glorieux prédécesseurs portera les cicatrices de ses blessures comme autant de décorations.

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Il prétend toujours forcer la fortune et la retourner en sa faveur. Les défaites proclamées et orchestrées par ses opposants lors de ses débuts de novillero à Madrid l’atteignirent-ils ? Il continua d’affirmer dans ses entretiens avec la presse l’ambition de s’imposer au plus haut niveau. Sa sérénité ne subit aucune éclipse.

 

Inébranlée, son identification au taureau grandissait. En cas d’échec le fauve lui rappelait le destin subi d’une enfance qu’il n’était pas loin de détester alors que dans la victoire il lui figurait un destin dominé et la chance d’offrir à la musique du temple un livret inconnu.

 

Cette année, dans le Sud-Ouest, où il ne connut pas que des triomphes pour des raisons le plus souvent indépendantes de sa volonté et de sa maîtrise, un quarteron de critiques sentirent se réveiller en eux leurs vieilles rancunes. Pour un peu, ils demanderaient son interdiction dans les arènes de cette région de France où il remporta souvent ses plus grands triomphes. Et si l'on s'en remettait au choix du public ? Ouvrons la revue espagnole Aplausos et traduisons :

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"Les internautes d'Aplausos ont élu Enrique Ponce comme le numéro un de ces dix dernières années par vote sur notre web en réponse à notre questionnaire : Quels ont été les plus importants toreros de la décennie ?

 

Le torero de Valence a obtenu 34,4 % des voix dépassant avec une importante avance le second classifié, Julian López « El Juli » qui obtient 18,5 %. Le podium est complété par le français Sébastien Castella avec 17,1 % - suivi par José Tomás qui regroupe 15,6 %"

 

Est-il bien utile d'insister sur les raisons et les déraisons de certains journalistes dont les voix, malgré leur utilisation des médias continueront à clamer dans le désert ? Voici toutefois la liste complète fournie par Aplausos :

Enrique Ponce 34,4 % / Julian López « El Juli » 18,5 % / Morante de la Puebla 6,4 % / Manuel Jesús « El Cid » 1,6 % / David Fandila « El Fandi » 1,2 % / José Tomás 15,6 % / Sébastien Castella 17,1 % / César Rincón 1,4 % / José Mari Manzanares 0,9 % / Miguel Ángel Perera 2,8 %

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Dois-je préciser qu'à part les quatre premiers, ces notations ne sont pas les miennes, mais celles d'une large représentation de l'aficion avec ses goûts et ses partialités. Pour ma part, je place beaucoup plus haut José Tomás, José Mari Manzanares et Morante de la Puebla.

 

Et puis, n'oublions pas que certains jours inspirés les plus modestes des toreros peuvent s'élever au sommet et échapper aux classifications.

                                                                                                                                                                 JM Magnan