Jeudi 28 Mars 2024
DÁMASO
Jeudi, 17 Septembre 2020

dg17h

Souvenirs de Dámaso, par Patrice Quiot...

Dimanche 21 juin 1987/13h09 : Hôtel « Ritz »/Barcelone : Dans la chambre 214, Dámaso nous reçoit en pyjama rayé, parle peu mais nous dit combien il est heureux de combattre les Yonnet avec Christian et Galloso.

Le room-service apporte son déjeuner au torero.

Trois cloches en argent : Dans l’une, un « Potaje » ; dans la seconde,  « Pechugas de pollo » ; dans la troisième : « Frutas del tiempo ». Eau minérale « Lanjarón ».

Dimanche 9 août 1987: Arènes d’Arles/ Alternative de Paquito Leal, Dámaso de padrino et Tomás Campuzano de testigo.  Toros de « La Belugue ».

18h12 : Dámaso s’avance vers le tendido et brinde son toro à Jean Rossi, Président du « Cercle taurin Dámaso Gonzalez » de Montpellier : « Pa’ todos vosotros con mi immenso afecto y mucho cariño ».

Samedi 20 septembre 1991 : Nîmes, alternative de Manuel Caballero ; toros de Jandilla ; padrino : Dámaso, testigo : Jesulín. 22h24 : Restaurant « Los Toros », rue Bigot ; arrivée de Dámaso que « Le Président » est allé chercher à « L’Imperator » ; il passe un très long moment avec nous comme il l’aurait fait avec des amis de toujours et puis s’en va.

Seul.

dg18j

Vendredi 12 août 1992 : Callejón des arènes de Béziers/Dámaso, Victor Mendes et Joselito ; toros du Marquis de Domecq/19h08 : A Joël Jacobi qui lui demande pourquoi il a descabellé son toro avec l’épée de mort, celui d’Albacete répond : « Parce que ce n’est pas interdit ».

Dimanche de juillet 1993 : Mairie de Palavas/ Réception en l’honneur du maestro un mois et quelques jours après la faena historique de Madrid du 2 juin devant un toro de Samuel Flores alternando con L.F Esplá y Óscar Higares ;  nous avions regardé la corrida à la télé et, compte tenu des difficultés que nous considérions comme insurmontables qu’avait présenté l’animal dans les deux premiers tiers, nous nous interrogions, nous demandant comment une telle faena avait pu se faire devant le morlaco.

11h 46 : Questionnant  Dámaso  à ce sujet, il nous dit simplement: « Au deuxième capotazo, j’avais vu que le toro était bon ».

Un matin de printemps 1994 : Château d’O/Montpellier/Tentadero avec Dámaso. Il ne fait nul cas des anti-corridas qui lui jettent des fumigènes, demande à Jean Rossi de lui faire l’honneur de piquer l’une de ses vaches, offre sa muleta à Marc Serrano, reçoit avec humilité la sculpture en béton et plomb que lui avait dédiée Jean Azémard « Zézé » et s’en retourne chez lui refusant qu’on lui règle les gastos du voyage.

Voilà.

Loin de nous « El Lechero » puis Curro Alba qui, en mai 1967, à l’occasion de sa première novillada piquée con reses de Villamarta à Santistebán del Puerto,, partageant le cartel avec Carnecerito de Úbeda,  reçut una cornada de caballo en la ingle recousue  avec du fil de cordonnier sur un coin de table à égorger les cochons à peine recouvert d'un linge.

Mais dans notre affection, Dámaso Gonzalez, un monstre de torero qui toréa cent trois fois dans sa ville, ouvrit deux fois la Puerta Grande et se vit refuser celle du Prince alors que, novillero, il en avait coupé trois.

Et, au moins aussi important, Dámaso González, un homme qui ayant su faire de l’humilité de ses origines, de son physique disgracieux - « Belmonte, Manolete, Dámaso González, les grands toreros sont laids ; ils ont des pieds trop grands », soutenait l’anarchiste Carlos Corbacho, inventeur de José Tomás et de Talavante - et de son épure professionnelle des repères  de vie éblouissants donna aux ayatollahs taurins une grande leçon sociale.

Dámaso González : La terre de la Mancha et ses sillons ; le vol d’un faucon au-dessus de Chinchilla de Monte-Aragon ; l’humble humanité d’un plat de ajo de mataero ; le noir d’une nuit d’hiver à Tomelloso et de certains sentiments humains. 

Dámaso González : Un tableau de Pierre Soulages.

Datos : Dámaso González Carrasco : 11 septembre 1948, Albacete, Espagne/26 août 2017, Madrid/Espagne.

PS : J’avais simplement oublié de préciser pour les collectionneurs de statistiques de tout poil et en tout genre, qu’entre le 24 juin 1969 date de son alternative à Alicante et sa dernière à Murcie le 17 septembre 2003, le « Fakir d’Albacete » avait toréé mille cent quarante-sept corridas de toros.

C’est pas mal, non ?