Vendredi 29 Mars 2024
DIVAGATIONS TAURINES DE PATRICE QUIOT
Samedi, 19 Septembre 2020

nim19ph

Le monde taurin évoqué par Patrice Quiot, une vision perspicace et colorée qui englobe tout ce que la corrida peut comporter de sensations, d'émotions, de souvenirs lointains comme ceux liés à l'actualité...

Visiblement, d'après les retours que certains ont bien voulu me signifier, les textes de Patrice Quiot, que ce soit Zahira ou Dámaso, ont capté l'attention des fidèles de Torofiesta qui si j'en crois leurs propos, lui auraient bien décerné les deux oreilles.

Bonne nouvelle, avec mon ancienne connaissance des années 60 à Nîmes, du temps où nous fréquentions le Lycée de Garçons, actuellement Lycée Alphonse Daudet, face aux arènes, nous allons perpétuer cette collaboration en exclusivité, au rythme des écrits qu'il voudra bien m'envoyer. Une autre façon de voir les choses, une autre écriture, et pour tout dire, quelqu'un qui gagne à être connu. Mais Patrice fait partie de la race des humbles, comme les plus grandes figuras, je vais donc arrêter le dithyrambe et vous souhaiter tout simplement bonne lecture.  Merci Patrice ! Bonne lecture...

Féria soñada

Samedi 19/09/2020. J2 de la « Vendimia » nimeña.

Chemise blanche flottant sur pantalon blanc, petite boutonnière d’œillets verts et rouges de chez Pichon sur la poche de poitrine, veste d’ébéniste en moleskine noire et pochette laissant entrapercevoir le logo de « Ricard », entradas por la plaza, pañuelo blanc, tabaco y « parné » en la bolsa, canne por delante, souliers cirés, lunettes de soleil, eau de toilette « Habit Rouge » de Guerlain.

Voilà comment je serais allé por las calles de la ciudad mía.

Gente de partout, embrassades de puta madre avec les amis de toute la vie, apéro au soleil, les halles et la viande des toros de la veille pour la daube de midi,  des numéros de téléphone échangés, des clés perdues et « Le Prolé » lleno.

« Les Peillasses » déguisées sur la Place du Marché, feuilles de micocouliers sur le sol du Victor, l’odeur des paellas et des chichis.

Dans les rues, bleues, vertes ou rouges, passent les peñas, les fanfares et les cliques.

Sur le Bd Amiral Courbet, devant le musée du Vieux Nîmes, des enfants font voler leurs ballons d’azote et mangent de grosses pommes d’amour.

Foulard Ricard sur les épaules nues, les mamans tiennent tendrement les papas par la main.

Sur l’Esplanade, des Incas en plumes de condor soufflent dans la kena andine qui appelait leur terre Tahuantinsuyu et leur ancêtre Manco Capac ; sur le trottoir, des vieilles en cheveu reviennent du marché le cabas plein de cèbes.

Un vieil harki descend du trottoir pour les laisser passer.

Le temps passe vite.

Une dernière copita, une fougassette que l’on croque debout, les gobelets en plastique al suelo et le camion des poubelles quand tu rentres.

Voilà comment aurait dû être el ambiente en la ciudad mía.

Arènes pleines ; no hay billetes et Rudy Nazy stylo en main pour diriger la banda rouge et blanche.

Forts ou flojos, bravos o mansos, negros zaínos, negros mulato, jaboneros o colorados ojo de perdiz, de los encastes buenos, de cortijo o de matadero ; ainsi seraient-ils venus.

De categoría o de tentadero, con o sin pellizco, con o sin garbo, con valor, gracia y entrega o sin n’a ; ainsi se seraient-ils battus.

Bien ou mal, bons ou mauvais peu importe dans la mesure où, au « 4 » à deux heures du mat’, on parlerait encore de tout ça.

Voilà comment auraient dû se passer les choses en la plaza de la ciudad mía.

Et demain la blonde du poste annonce la pluie.

M’as coumpres, Papa …