Jeudi 18 Avril 2024
DIVAGATIONS DE PATRICE

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Deo juvante » (avec l’aide de Dieu in french) : Sébastien et la Marquise...

Sébastien Castella, matador de toros por la gracia de Dios, a fait état de sa despedida.

Sa décision me donne à réfléchir sur la mienne.

Sur ma despedida disons… définitive.                 

Alors, je le fais.

Un peu à la façon de Marie de Rabutin-Chantal, Marquise de Sévigné (apodo « La Rabú»), 5 de febrero 1626 en Paris (75006) / 17 de avril 1696 en Grignan (26146).

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« Mes bons,

Je me trouve dans un engagement qui m’embarrasse : je suis embarqué dans la vie voilà soixante et onze ans et dans celle des toros, en voilà près de cinquante-cinq.

Il faudra un jour que, comme ce bon Castella sort du monde des toros, je sorte de la vie tout court.

Cela m’assomme.

Comment en sortirai-je ? Par où ? Par quelle porte entrebâillée ? Côté « Cheval Blanc » ? C$oté «  Trois Maures » ? ou côté « Lisita » ?  Par quel fenestrou entrouvert ? Par quelle porte-fenêtre mal fermée par où passe le chat?

Quand sera-ce ? Verrai-je l’alternative de Solal ou celle de Lalo ?

En quelle disposition ? Aboulique comme Manolete padre ? Hystérique comme Aparicio Jr ou obsessionnel comme Ortega Cano ?

En quel lieu ? Dans une suite du « Wellington » ? Dans une mansarde du « Zahira » ? A Carremeau ou à l’EPAHD  de Belvès ?

Souffrirai-je mille douleurs qui me feront rendre l’âme désespéré devant un texte pas encore rédigé ou une anchoïade pas terminée ?

Aurai-je un transport au cerveau qui me rendra encore plus con? Mourrai-je d’un accident de ma « C1 » de 2015 ou d’un excès d’abus de Pernod ou de pétun ?

Comment serai-je avec Dieu, avec Simon, avec la Divina Pastora et avec mes collègues de 5ème A2 ?

Qu’aurai-je à leur présenter ?

La crainte, la nécessité me feront-elles revenir vers lui et à m’éloigner d’eux ?

N’aurai-je aucun autre sentiment que celui de la peur du patio de caballos ? Que puis-je espérer ? Une vuelta al ruedo si JP Crudo est au palco ?

Suis-je digne du paradis ? Suis-je digne de l’enfer ? Suis-je digne de l’affection que certains me portent ? Suis-je digne de manger la gardianne ou la rouille?

Quelle alternative !

Quel embarras !

Quel bordel !

Rien n’est si fou que de mettre son salut dans l’incertitude ; mais rien n’est si naturel.

Je m’abîme dans ces pensées, et je trouve la chose si idiote et tellement ordinaire que je considère la vie plus pour ce qu’elle m’y mène que pour les roses ou les épines qui s’y rencontrent.

Vous me direz, mes bons, que je veux vivre éternellement.

Point du tout ; mais si on m’avait demandé mon avis, j’aurais bien aimé à trépasser entre les bras de Monsieur Molière, de  Mme Rita Hayworth ou de Morante, dans une vigne, un bistrot espagnol ou sous la corne d’un bête irraisonnable et pas un triste  après-midi de novembre, assis à mon bureau en train de rédiger des billevesées et autres tonterías.

Cela m’aurait ôté bien des ennuis et m’aurait donné le ciel bien sûrement et bien aisément.

Mais parlons d’autre chose.

Je relis M. Racine avec un plaisir qui m'enlève... Ce qui s'appelle chercher dans le fond du cœur avec une lanterne, c'est ce qu'il fait.

Mieux que moi, lorsqu’avec une lampe dont les piles sont usées, je vais chercher une boutanche de pinard à la cave.

Il nous découvre ce que nous sentons tous les jours, et que nous n'avons pas l'esprit de démêler ou la sincérité d'avouer ; en un mot, j’ai vu mieux toréer mais rarement mieux écrire que ce Monsieur-là.

Sans la consolation de la lecture, la présence de Joëlle, celle occasionnelle de ma fille et votre compagnie, je mourrais d'ennui.

Il pleut sans cesse et il fait froid ; il ne vous en faut pas dire davantage pour représenter ma tristesse...

Pensez-vous qu’un peintre comme Claude Viallat ou Eddie Pons sauraient bien représenter l’horreur de ces paysages ?

Je suis au désespoir que vous ayez un climat si doux et que vous viviez en une si belle contrée.

Ma solitude me fait la tête si creuse que je fais des affaires de tout. Les courriers et les réponses font de l'occupation, mais il y a du temps de reste et les activités ménagères, le ramassage des caracoles ou les logiques d’Internet ne le remplissent pas de félicité.

Mais je m’arrête là.

En effet, pour tout vous confesser, je suis un peu à la bourre car, sur l’heure, je vais faire quelques courses nourricières à la boulangerie-épicerie du pueblo dont le patronne ne lit pas M. Platon.

Voilà une activité qui, vous l’imaginez, enrichit l’esprit et me comble d’aise.

Mais je n’en ai cure car j’espère avant de rendre compte au Dieu Tout Puissant avoir l’occasion sde faire la même chose à la panadería de le rue Fresque dont je goûte particulièrement la fougassette.

Un laquais virtuel de « La Poste », en voie de privatisation, vous fera parvenir cette missive.

Quand vous la lirez, sachez, Sébastien que je vous assure de mon respectueux cariño et vous, mes bons, de mon indéfectible affection. »

MCR «  La Rabu »

Lidiando por PQ «  El Cojo »

Patrice Quiot