Vendredi 29 Mars 2024
VERGÈZE
Vendredi, 16 Octobre 2020

verg16ph

Chronique d’une mort annoncée...

Il ne faut plus se leurrer, il y a dans la perception de la tauromachie des paramètres nouveaux qui progressivement, ont gagné du terrain, jusqu’à occuper un rang qui pose aujourd’hui problème.

La société a changé, évolué, qu’on le veuille ou non, de nombreux signes en attestent et à moins d’avoir de la purée dans les yeux, pour ne pas dire autre chose, ça fait quelques années que la menace est devenue  de plus en plus pressante.

On va mettre de côté, même s’il s’agit aussi de signaux forts, les raisons politico-politiciennes dans le sens de positions braquées par pur dogmatisme, celles plus ponctuelles et récentes liées à la Covid, ainsi que les divergences de ressentis selon les classes d’âge, sans parler de la profusion de distractions et d’activités, si l’on compare aux générations antérieures...

Tous cela est important, bien sûr, mais à propos de la dérive actuelle, aboutissant ces jours à la prohibition des toros à Vergèze, il convient à mon avis de s’arrêter sur ce que sont devenues la plupart de nos communes, quelles que soient leur importance, dans le domaine notamment de l’évolution des mentalités.

Quand j’étais petit, dans les années 50, que ce soit à Nîmes ou aux alentours, et plus généralement dans toutes les zones taurines, aller aux toros faisait partie des distractions, voire des passions, qui nous paraissaient évidentes et il était très rare d’entendre des voix s’élever contre ça. Je sais, il y avait bien eu en amont la levée des tridents suite à la loi Grammont, mais après guerre, l’affaire en était restée là.

Depuis, il y a un phénomène qui a accentué, selon moi, le ressenti réprobateur envers la tauromachie, c’est la transformation de nos communes en ce qui concerne leur extension et le chiffre parfois exponentiel de leur population. Ce qui signifie que petit à petit, elles se sont considérablement étendues, attirant de nouveaux arrivants venant y trouver de quoi y vivre, pour la plupart dans tous les lotissements qui jonchent désormais nos routes et qui, mais ce n’est que mon avis, n’apportent rien à la beauté de nos villages. D’autres, mieux lotis, occupent de belles villas sur les hauteurs, mais viennent souvent de régions où il n’y a pas l’ombre d’un toro à l’horizon...

Bref, à la longue, on en est arrivé à une sorte de mélange, de mixité, entre les autochtones et les nouveaux arrivants venant d’un peu partout qui au fur et à mesure de l’édification de nouvelles constructions ont fini par se retrouver les plus nombreux. Avec leurs habitudes, leur culture, leurs propres exigences et une ADN qui, au moins en partie, diffèrent de celles des personnes dont les racines sont solidement implantées sur le même sol depuis des générations, avec leurs propres coutumes et traditions. Et forcément, l’appui et la pression dans de nombreux cas de bobos-écolos-animalistes-végans, et j’en passe, finit par provoquer une sorte de rapport de forces qui n’est pas sans conséquences à l’intérieur des municipalités par la voie des urnes. Ces gens-là finissent par figurer sur des listes avec la ferme intention de faire bouger les lignes selon leurs propres convictions et de remettre en question des pratiques qui pendant longtemps n’avaient pas posé problème. Et de grignotage en grignotage...

Ce n’est pas le seul élément, certes, mais ça contribue à voir des choses évoluer et pour ce qui nous concerne ici, force est de constater que les communes qui acceptent encore de voir les toros être lidiés dans leurs arènes ont été réduites comme peau de chagrin. Simple constatation. Et ce n’est certes pas fini, car après les toros, ça risque d’être le tour des taureaux, des chevaux, de diverses fêtes, de la chasse, de la pêche et tutti quanti...

Ce soir, je pense à tous les amis qui se sont dévoués depuis très longtemps pour faire vivre la tauromachie à Vergèze, Henri, Camille et tous les autres, et qui voient à présent l’édifice s’écrouler. Qu’ils se disent bien que ça n’a pas été en vain et que l’aficion se souviendra longtemps de leur action en faveur de la Fiesta (Brava) car ils ont été d’authentiques exemples...

Tout ça pour dire que même si on le sentait venir, le coup est rude. Il s’agira maintenant de faire front pour qu’en cette période de pandémie, le mal ne s’étende pas davantage. Reste à trouver la bonne stratégie pour préserver nos traditions. Il serait temps, non ?