Morante : Supplique pour devenir un ange parmi les anges |
Mardi, 15 Février 2011 | |||
Sainte Vierge de la Macarena, mère des toreros sévillans, regarde-moi à travers tes larmes ! Je viens à toi dans cet habit d’or et de lumière, tout semblable à ton manteau d’étoiles. Je viens à toi les mains nues et blanches, le visage frais rasé, mes boucles noires vaincues par la brillantine, le corps en berne, les yeux fermés.
Je suis un enfant préparé au sacrifice et je ne veux pas avoir peur. Ce cercle de sable flamboyant m’attire et me nargue. Tout-à-l’heure, quand paraîtra mon double, mon contraire, mon rival en amour et en grâce, je te demande, Sainte Mère de Dieu de m’en faire aimer, comme je veux l’aimer, moi aussi, pour te l’offrir, dans le lyrisme et la beauté.
Pour que notre danse de mort soit une danse de séduction, pour que ma cape virevolte en toute élégance, pour que mes gestes décrivent dans le ciel la courbe raffinée de ses cornes, pour que naisse enfin l’harmonie sublime entre mes passes et ses charges, voluptueuse, diaphane, divine…
Je ne cherche pas, tu le sais, ma Mère, à mettre le feu aux arènes. Je ne cherche pas le défi, ni le conflit, ni le sensationnel. J’aspire à la douceur, à la nonchalance propre à ma race…
Quand viendra l’heure du sang, que ce soit sans haine, sans douleur, en toute compassion, que ce sang m’imprègne et macule mon habit, ou que le mien nourrisse son pelage luisant. Donne-moi la grâce et l’inspiration, donne-moi le duende et je te le promets, Demain, des milliers de chandelles scintilleront à tes pieds dans la cathédrale.
Vierge de la Macarena, les clarines ont sonné : fais de moi pour un instant, le temps d’une faena, Un ange, un ange pour les autres hommes. Monique Henrion
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