Jeudi 28 Mars 2024
BADAJOZ
Samedi, 24 Octobre 2020

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Triomphe d’Antonio Ferrera qui lors de son encerrona s’est grandi face à un lot exigeant de Zalduendo auquel il a coupé cinq oreilles...

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Arènes bien garnies, dans la limite de la jauge autorisée. A l’issue du paseo accompagné par l’hymne d’Estrémadure, une minute de silence a été observée à la mémoire des victimes de la pandémie, puis la banda du MaestroTristán, de la Maestranza de Séville, a interprété le paseo joué habituellement dans cette prestigieuse plaza.

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Ensuite, les élèves de l’école taurine de Badajoz sont venus en piste honorer le maestro.

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Enfin, avant le début de la course, Antonio, qui était venu à la plaza au volant de sa trapadelle, fit venir autour de lui la cuadrilla complète, le mayoral et le torilero au centre du ruedo pour partager l’ovation descendue des tendidos.

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Six toros de Zalduendo bien présentés, certains pour une arène de première, sérieux, inégaux d’âge et de comportement.

Sobresalientes : Álvaro de la Calle et Enrique Martínez « Chapurra ».

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L’Extremeño s’attira les applaudissements pour son accueil capotero harmonieux de « Pueblo » avant un monopuyazo. Second tercio inégal puis brindis à l’assistance et début par derechazos templés faisant résonner « Cielo Andaluz ». Poursuite sur le même corte puis naturelles dans un pouce de terrain, autre tanda qui fait bouillir la marmite, retour à bâbord face à un toro juste de forces, mais noble, gobant les muletazos ! Final alluré par la zurda avant de citer de loin, marchant ensuite vers lui pour tomber le Zalduendo d’une entière suivie de deux coups de verdugo. Oreille.

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Son second, « Tulipa », a été entrepris de loin, le faisant venir pour une excellente suite capotera autant variée qu’ajustée. Long à placer, le piquero alla alors se tanquer au centre pour faire venir le bicho depuis les tablas ! Une suerte inversée pour le moins originale et bien peu orthodoxe qui permit toutefois au toro d’embestir et de provoquer... un batacazo ! Rebelote pour une charge ce coup-ci bien contenue, le piquero se retirant sous l’ovation. Bonne paire de Fernando Sánchez au second tercio puis début de faena hésitant, le bicho se mettant à réfléchir et à se défendre. Antonio chercha alors l’emplacement adéquat pour davantage l’intéresser et le faire foncer, sachant que l’accord parfait allait être plus qu’aléatoire. Accompagné par « Opera Flamenca », en l’occurrence un poil à contre style, Ferrera eut le mérite de ne pas se résigner, ponctuant son trasteo de plusieurs détails méritant la mention. Une fois de plus, il partit loin, d’au moins 10m, pour marcher vers le fauve et réussir à le tomber d’une entière. Oreille.

« Primoroso » a été accueilli avec détermination, sans toutefois totalement s’employer. Toro sérieux, bien fait, poussant lors d’une unique pique bien contenue par le piquero. Début au centre où Antonio se fit spectaculairement cueillir par un astado dangereux qu’il entreprit rageur, par redondos dynamiques avec l’approbation du conclave. Ensuite, Ferrera s’arrima comme un beau diable, au son de « Manolete », un bel effort soutenu par un public bien conscient du danger... qui faillit se traduire par un nouvel accrochage par derrote sur un pecho gaucher, évité de peu. Restait à se l’envoyer, et comme s’il s’en était visiblement ce jour imposé la règle, il repartit une nouvelle fois au loin, plaçant une épée qui n’avait rien d’exemplaire, enfoncée à moitié, le bicho  tardant à se coucher. Saluts, sifflets à l’arrastre.

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« Utópico », applaudi de salida pour son encornamiento, veleto astifino, et sa morphologie, proche de ses six ans, a été accueilli par larga arrodillada. S’ensuivirent des véroniques applaudies, puis placement au cheval par chicuelinas marchées. Piqué pour la forme, le bicho tenta ensuite d’accrocher un capote parfaitement maitrisé par Ferrera et rematé par splendide rebolera. Saluts de Miguel Murillo et Antonio Marquez aux palitroques avant que ne descende d’un tendido une saeta en l’honneur du maestro. Puis au son de Nerva, Antonio  traça des derechazos liés appuyés par les olés de l’assemblée. D’autres en s’étant fait passer la muleta dans le dos pour le citer, puis enchainant « a gusto » et poursuivant avec les palmitas d’accompagnement d’un conclave qui sentait que ce toro pouvait emmener quelque chose d’important. Bien à gauche, avec superbe solo de trompette à la clé, reprise sur l’autre aile avec temple, relâchement et émotion, avant originaux adornos. Allait-il à nouveau se placer loin et avancer ? Eh bien oui, encore plus loin même, avançant muleta à l’épaule puis enfonçant une lame jusqu’à la garde, un estocodón foudroyant qui mit les gens debout. Olé ! Pluie de mouchoirs faisant tomber deux oreilles.

« Ofuscado » s’est fixé rapidement, mais il n’a pas étalé ensuite une grande classe dans la soie, Ferrera se distinguant tout de même sur deux véroniques et la demie. Bon et unique puyazo avant applaudissements pour Fernando Sánchez et Javier Valdeoro qui s’est bien rattrapé sur sa deuxième paire. A la muleta, Antonio mit un certain temps pour trouver le bon sitio à cause d’un bicho qui accusa le coup en perdant les mains et qui avait quelques scrupules à s’employer. Au son de « Suspiros de España », Antonio fit l’effort, tirant tout ce qu’il pouvait d’un adversaire qui ne justifia pas l’adage, sans pouvoir imprimer la moindre connotation artistique à son trasteo. Pour faire toutefois bonne mesure, il alla une nouvelle fois se positionner au loin, avançant pour un pinchazo al encuentro, ne se décourageant pas et retournant au point de départ pour une seconde tentative se résumant à une demi-lame avant descabello. Silence.

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« Nóbel », très proche de ses six ans,  a été reçu a portagayola se résumant à une sortie en trombe qui faillit être fatale à Antonio, se dégageant dans une sorte de plongeon pour éviter l’accrochage. Reprise debout par fins capotazos provoquant les olés. Faisant alors son irruption en piste, le garrochista Raúl Ramírez a été applaudi sur un premier saut qu’il termina au sol, mais ne voulant pas rester sur un semi-échec, il retourna dans le ruedo pour un second passage acclamé comme il se devait après sa réussite ! Bon puyazo, Antonio sortant le cornu avec une paire de banderilles dans les mains, plantant son capote dans le sable pour une paire applaudie avant un quite du sobresaliente Álvaro de la Calle, suivi de l’autre, Chapurra, une sympathique attention de la part  du maestro. La suite à charge avec les palos de Jesús Talaván et Rafi Goria qui ont « cumplé ». Ferrera brinda ensuite une paire de palos dans les mains, et au son de la « Concha Flamenca »... il se fit violemment soulever pour une spectaculaire autant que violente rouste qui laissait craindre le pire, mais dont il sortit indemne après avoir basculé sur les cornes ! Emouvant salut, public debout ! Emouvant brindis à la gente, Ferrera délaissant chaquetilla et zapatillas avant de s’engager près des planches dans des doblones aussi savoureux que décidés. Reprise de la « Concha », Antonio arrachant les derechazos un par un, avec entrega et quelque part, un aguante forçant le respect. Le toro s’avéra assez rapidement rajado et Ferrera, sans se décourager, s’efforça de le faire passer dans un terrain réduit. Toreo de mucho valor... et toro de menos condiciones ! Pour un fois, pas de cites lointains, mais un estoconazo qui fit rugir les gradins, scellant une tarde triomphale de grand mérite pour un disestro qui finit totalement vidé après avoir pu montrer toutes les facettes de son talent. Un Maestrazo !!! Oreille de peso... avant un départ avec ensuite arrêt à la chapelle. On devine aisément pourquoi...