Vendredi 29 Mars 2024
HERRERA DEL DUQUE
Dimanche, 15 Novembre 2020

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Journée de triomphes à Herrera del Duque (Extremadura), avec notamment celui du novillero nîmois El Rafi...

Dimanche 15 novembre. Tarde. Ciel dégagé, vent. 200 personnes. Au milieu du paseo, minute de silence à la mémoire des victimes du Covid, avec hymne national. Quatre novillos du Puerto de San Lorenzo (4) et de la Ventana del Puerto (1, 2 et 3), même maison, offrant un jeu varié avec mention au second qui a été honoré de la vuelta posthume.

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Diego San Román (oreille et oreille) ouvrit le bal avec un client abanto auquel il servit plusieurs véroniques soyeuses. Monopuyazo suivi d’un gros bouchon sur un quite par chicuelinas, le Mexicain repartant illico au combat. Second tercio enlevé puis début de faena par tanteo avec réponses inégales du Fraile. Il a été vite établi que Diego devrait se livrer tout en prenant garde des intentions défensives et belliqueuses de son opposant qui ne débordait pas de bravoure. La partie n’a pas été facile, mais malgré quelques accrochages, il parvint toutefois à distiller quelques muletazos valeureux, distillés avec suavité, autant qu’il le pouvait. Bref, il a bien plus transmis que son adversaire ! Entière.

Le jeune Aztèque reçut son second par véroniques ajustées avant que Tito Sandoval ne vienne exécuter un bon puyazo, mesuré en intensité. Début de faena par la gauche, Diego haussant la muleta face à un bicho qui donnait déjà quelques signes de faiblesse. A droite, plusieurs séries liées avant de se faire désarmer de l’autre côté sur l’amorce du pecho. Diego s’efforça de maintenir le rythme, mais son adversaire ne débordait pas de chispa, passant plus par sosería que par réel allant et ne cachant pas son intérêt pour les tablas. Entière.

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El Rafi (deux oreilles et oreille) débuta avec un castaño par une succession de capotazos allurés qui lui valurent les faveurs du respectable. Bien mené au cheval, le novillo a été piqué sans excès avant un bon quite par lopecinas. Brindis au public puis accueil depuis le centre par rodillazos bien liés. La suite par derechazos relâchés, suivis d’autres faisant démarrer « La Concha Flamenca » avant un passage gaucher sans insister, puis un bon retour à tribord. Retour sur la zurda pour une série enlevée, Rafi étalant ensuite plusieurs gestes artistiquement remarquables. Manoletinas comme adornos avant conclusion d’un labeur somme toute très méritoire par entière tendida. Mouchoir bleu pour le « Ventana »...

Applaudi sur les capotazos de réception de l’unique représentant du Puerto, Rafi plaça ensuite avec à-propos le novillo face au cheval monté par Nicolas Bertoli qui administra une première - et unique - pique cuidée. Quite par chicuelinas, applaudissements pour Mambrú au second tercio, puis début par le haut, le Nîmois donnant la distance, alignant les derechazos valeureux. Bel enchainement de redondos portant sur les étagères, autres relâchés tout aussi validés par le conclave, puis changement de côté par naturelles inégales, Rafi devant ensuite s’employer à garder dans la flanelle un adversaire pour le moins récalcitrant ayant tendance à lorgner vers les extérieurs. Il le fit crânement par naturelles avant de conclure par entière traserita. Dans l’ensemble, bonne prestation du Nîmois qui a exposé de solides arguments, ce qui est de bon augure pour la prochaine temporada. On le sent puesto, malgré le peu de novilladas toréées cette saison, à l’image d’ailleurs de ses compañeros, tous étant logés à la même enseigne. Sur ce que l’on a vu ces deux jours à Herrera del Duque, j’estime que la plupart de ces novilleros méritent bien mieux que le sort qui leur est dévolu à cause de ce satané virus. Vivement que les temps changent ! Ojalá...

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Matin. Public clairsemé. Ciel plus dégagé que la veille. Minute de silence et exécution de l’hymne national en milieu de paseo. Quatre novillos d’El Pilar, plus un sobrero du même fer (2) donnant la plupart un bon jeu, maintenant toujours l’intérêt de cette novillada.

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Francisco Montero (oreille et deux oreilles)  a reçu son premier au centre pour une entame volontaire, bien qu’un poil brouillonne, finissant par se faire désarmer. Difficile à mettre en place au cheval, le Fraile s’employa, Montero réalisant ensuite un quite par chicuelinas applaudi. Brindis à l’assemblée et début arrodillado au centre, par la gauche, du meilleur effet. Le Chiclanero poursuivit par plusieurs séries ajustées, bien que voulant parfois trop en faire, il finit par se prendre parfois les pieds dans le tapis. Mais quelle ardeur, quelle joie de toréer ! Final plus encimista, bernardinas en s’exposant, le tout se soldant par un trophée avec applaudissements à l’arrastre du bon Pilar.

Francisco alla accueillir son second a portagayola avec son capote de paseo, ce qui réduit considérablement la voilure. Il réalisa deux largas avant de perdre l’équilibre et de se faire reprendre par son opposant. Une fois de plus, il venait d’exposer ses ganas et sa volonté d’afficher un répertoire largo, se faisant ensuite désarmer en plaçant le novillo au cheval, provoquant un batacazo, alors que Montero souffrait de son avant-bras gauche. Bien pris la seconde fois, le Pilar empêcha Manuel sur la lancée d’exécuter les capotazos avec suavité. Par la suite, le novillo accrocha Ignacio Martín, le propulsant contre l’estribo. Une paliza qui aurait pu avoir de plus fâcheuses conséquences. Montero s’engagea ensuite dans un trasteo dynamique et courageux, transmettant ses ganas au public. Face à un client sérieux, il aguanta la menace avec cran, essuyant néanmoins une voltereta avec cornada dans la cuisse gauche. Après un intermède bien compréhensible pour récupérer au mieux, il revint au combat sans sa chaquetilla, certes, mais avec autant d’envie ! Malgré la douleur, Francisco n’a pas laissé passer devant les caméras l’occasion de montrer ses différences, faisant peut-être fi d’une certaine orthodoxie, mais mettant en avant d’autres arguments, à commencer par sa personnalité, sa faculté à transmettre, la variété de ses trasteos et bien entendu, les deux calebasses qui vont avec... La tauromachie, ce n’est peut-être pas que ça, mais c’est aussi ça ! Puis comment ne pas avoir été sensible à ses larmes dans lesquelles se mêlaient certainement, à l’heure de joindre l’infirmerie, tout ce qu’il a pu endurer tout au long de sa trajectoire... Olé, Montero !!!

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Manuel Diosleguarde (oreille et oreille), venu remplacer Fernando Plaza, a eu l’infortune de voir son premier taper fort contre les tablas et se retrouver illico au tapis. Il a dû être puntillé en piste et a été remplacé par un sobrero du même fer accueilli de façon quelque peu inégale au capote. Au cheval, il mit les reins, sans avoir toutefois les moyens de trop inquiéter le lancier. Au second tercio, José Andrés Gonzalo se fit spectaculairement cueillir de face et ramener aux planches, apparemment sans conséquences. En début de faena, le bicho confirma sa bonne noblesse, buvant le leurre, malgré des forces limitées. Faena ambidextre agréable, Diosleguarde affichant de belles dispositions artistiques avant de conclure d’une entière.

A son second, Diosleguarde, natif de Dios le Guarde, pueblo natal de la zone de Ciudad Rodrigo, dans le Campo Charro, se fit applaudir au capote. Puyazo furtif, second tercio à oublier puis brindis à l’assistance avec réception suave au centre, le Pilar accusant toutefois certaines faiblesses dans les mollets. Il était assez clair que le novillero devrait s’accommoder d’un trasteo à mi-hauteur, ce qu’il fit par gestes profonds avec l’approbation du conclave. Succession de gestes méritoires, juste ternis par cette charge aléatoire d’un novillo qui sans cela, aurait pu lui donner une excellente réplique. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il en tira cependant le maximum avec la compréhension des présents. Entière tombée d’effet immédiat qui mit fin à une novillada entretenue grâce à l’envie de deux novilleros au corte très différent, certes, mais que l’on réunira dans les félicitations pour leur actuation du jour. En outre, on ne manquera pas d’y ajouter le jeu des El Pilar, eux aussi, dans leur diversité, avec leurs complications parfois, ayant généré pas mal d’intérêt.

On a appris plus tard que Francisco Montero a été opéré dans l’infirmerie d’une cornada de 12 cm dans la cuisse gauche, sans dégâts autres que musculaires. Il a été transféré plus tard vers l’hôpital de Don Benito pour observation....

(Photos : copies d’écran)