Vendredi 29 Mars 2024
DIVAGATIONS DE PATRICE
Lundi, 16 Novembre 2020

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Samouraï...

Nous sommes en 2006.                                                                             

Pendant l’hiver.

En novembre.

Nous sommes à Lima.

Le van de tournage longe les murs d’adobe faits de paille et foin mélangés de crin des maisons pauvres de la capitale péruvienne.

Dans le van : AT ; AC ; MD et JJ.

AT, c’est Alejandro Talavante, matador de toros depuis le 9 juin 2006 ; il a dix-neuf ans et, en 2007, il toréera soixante-douze fois.

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AC, c’est Antonio Corbacho, ancien novillero puis banderillero et manager du premier ; il a cinquante-cinq ans.

MD, c’est Michel Dumas, coréalisateur de «Signes du Toro» et, quelques années avant, de «Face au Toril» ; il a cinquante ans.

JJ, c’est Joël Jacobi, journaliste et producteur des mêmes ; il a cinquante-cinq ans.

Dans le van, il y a aussi Jacinto, le papa d’AT, Carlos Montano, le valet d’épée, et Valentín Luján, le banderillero de confiance.

En un mot, d’excellentes personnes réunies pour le tournage d’une séquence.

AT demande à JJ qui est MD.

JJ lui répond que c’est MD qui a réalisé «Samouraï», sujet  de 26’ consacré à José Tomás Román.

En 1999.

AT sourit.   Puis, d’un coup, il récite le script de  «Samouraï».

Par cœur.

Sans une hésitation, en contrefaisant à la perfection les voix des personnages : celle de José Tomás Román, celle de Celestino, son grand-père, celle de Corbacho, celle de José Miguel Arroyo «Joselito» et, en français, celle de Jacobi.

Il le récite comme un poème.

Et il le récite magnifiquement bien.

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Surprise…

AT explique :

A treize ans, à l’école taurine de Badajoz qu’il fréquentait, amoureux fou de la tauromachie de José Tomás Román, il avait emprunté le CD de «Samouraï », se l’était passé des centaines de fois et le connaissait sur le bout des doigts, sur le bout des gestes.

Sur le bout des lèvres.

AT n’a jamais restitué «Samouraï».

Le lendemain, dans un restaurant, les mêmes.

Alejandro Talavante rit.

Simplement

Et chante.

Sérieusement.

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Comédien désinvolte à l’insouciance du clown blanc tsukkomi dans la vie privée, Alejandro Talavante exprime dans l’arène la gravité de l’écriture de Mishima.  

Comme un sabre shikomizue à double face.

Patrice Quiot