Jeudi 28 Mars 2024
DIVAGATIONS DE PATRICE
Jeudi, 10 Décembre 2020

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Le Père Goriot évoque le mundillo...

Au sujet des figuras anciennes, Eugène de Rastignac à Séville, au cimetière San Fernando devant le mausolée de Benlliure, sépulcre de  Joselito « El Gallo » : « Il regarda la tombe et y ensevelit sa dernière larme de jeune homme, cette larme arrachée par les saintes émotions d'un cœur pur, une de ces larmes qui, de la terre où elles tombent, rejaillissent jusque dans les cieux. ».

Au sujet des papas de toreros, Maxime de Trailles à Cayetano et à Fran Rivera : « Il existe deux sortes d'hommes. Ceux qui combattent leur père et ceux qui cherchent toute leur vie à le remplacer ! »

Au sujet de l’art, Le père Goriot à Morante de la Puebla : « Il y a du bonheur dans toute espèce de talent. ».

Au sujet de la philosophie, Vautrin à Francis Wolff : « Les atomes crochus, expression proverbiale dont chacun se sert, sont de ces faits qui restent dans les langages pour démentir les niaiseries philosophiques dont s'occupent ceux qui aiment à vanner les épluchures des mots primitifs ».

Au sujet de l’ambition, Le Marquis d’Ajuda-Pinto en parlant de Simon : « Il lança sur cette ruche bourdonnante un regard qui semblait par avance en pomper le miel, et dit ces mots grandioses : A nous deux maintenant ! »

Au sujet des groupies de toreros, Horace Bianchon évoquant Ana Soria : « Les femmes sont toujours vraies, même au milieu de leurs plus grandes faussetés, parce qu'elles cèdent à quelque sentiment naturel. »  

Au sujet des apoderados : « Prodigues de tout ce qui s'obtient à crédit, ils sont avares de tout ce qui se paye à l'instant même, et semblent se venger de ce qu'ils n'ont pas, en dissipant tout ce qu'ils peuvent avoir. »

Au sujet du «parné », Victorine Taillefer et la duchesse d’Albe : « Le secret des grandes fortunes sans cause apparente est un crime oublié, parce qu'il a été proprement fait. »

Au sujet du toreo féminin, Rastignac à Léa : « Le bonheur est la poésie des femmes, comme la toilette en est le fard. »

Au sujet de l’ennui, Delphine de Nuncingen à Bérard : « Il est des situations dans la vie où tout est amertume. »

Au sujet du sentimiento, Rafael de Paula  à Anastasie de Restaud : « Je suis un grand poète. Mes poésies, je ne les écris pas : elles consistent en actions et en sentiments. »

Au sujet de la morale, Jean-Esther Van Gobsek à Pepe Calabuig : « L'honnêteté ne sert à rien ! »

Au sujet de la relation, Vautrin sur le lien entre Manolete et Cámara : « L'obéissance était ennuyeuse, la Révolte impossible, et la Lutte incertaine. »

Au sujet de la religion, Anastasie de Restaud au père Jacques Tessier : « L'amour et l'église veulent de belles nappes sur leurs autels. »

Au sujet de la stratégie empresariale, Vautrin à Óscar Chopera : « Il n'y a pas de principes, il n'y a que des événements ; il n'y a pas de lois, il n'y a que des circonstances. »

Au sujet de la passe naturelle, Antoinette de Langeais à Marcos : « L'insuccès nous accuse toujours la puissance de nos prétentions. »

Au sujet des années d’étudiant de Francis Marmande à Paris : « Pendant sa première année de séjour à Paris, le peu de travail que veulent les premiers grades à prendre dans la Faculté l'avait laissé libre de goûter les délices visibles du Paris matériel. Un étudiant n'a pas trop de temps s'il veut connaître le répertoire de chaque théâtre, étudier les issues du labyrinthe parisien, savoir les usages, apprendre la langue et s'habituer aux plaisirs particuliers de la capitale; fouiller les bons et les mauvais endroits, suivre les cours qui amusent, inventorier les richesses des musées. Un étudiant se passionne alors pour des niaiseries qui lui paraissent grandioses. »

Au sujet des médias, Christophe Chay répondant à une interrogation du père Goriot au sujet d’Hubert Yonnet : « Oui, monsieur, dit Christophe, c'était un brave et honnête homme, qui n'a jamais dit une parole plus haut que l'autre, qui ne nuisait à personne et n'a jamais fait de mal. »

Au sujet des «convenios», Vautrin à Pascal Martin devant «Chez Nicolas», rue Poise à Nîmes : « Voilà la vie telle qu'elle est. Ça n'est pas plus beau que la cuisine, ça pue tout autant, et il faut se salir les mains si l'on veut fricoter. »

Clap de fin et fin de tercio : « Il est des individus nés mercenaires qui ne font aucun bien à leurs amis ou à leurs proches, parce qu’ils le doivent ; tandis qu’en rendant service à des inconnus, ils en recueillent un gain d’amour-propre : plus le cercle de leurs affections est près d’eux, moins ils aiment : plus il s’étend, plus serviables ils sont. »  

Le Père Goriot (1842) - Honoré de Balzac (20 mai 1799-18 août 1850).

Patrice Quiot