Vendredi 19 Avril 2024
DIVAGATIONS DE PATRICE

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Il y a un an, deux mois et onze jours disparaissait Jean- Louis Lopez...

C’était le 1er octobre 2019.  

En l’apprenant, j’avais écrit d’un trait ce petit truc que je n’avais pas voulu relire.

Ce matin pluvieux du 12 décembre 2020, je l’ai retrouvé.

JLL

Depuis quelques mois, JL ne répondait plus à mes appels téléphoniques.

Je savais et, sachant, j’appréhendais ce silence et en redoutais la raison.

Aujourd’hui m’apprend la nouvelle de sa disparition.

Je connaissais JL depuis plus de cinquante ans ; je connaissais son caractère difficile, une intransigeance quelquefois déplaisante, une fierté occasionnellement mal venue et une faconde que certains considéraient inappropriée.

Mais JL était mon ami ; cela me suffit et le reste ne vaut pas.

De lui, je garderai des millions de souvenirs, la majorité d’entre eux d’ordre tauromachique : Discussions ou  disputes, fâcheries et rabibochages, abrazos de cuerpo abierto ou ignorance de l’autre  en changeant de trottoir.

Sol y sombra.

Ombre et lumière.

Tout relevait de ce monde magnifique des toros qui, beaucoup plus que l’Université des livres, enseigne la dureté de la vie, les règles du combat et la beauté du monde.

C’est dans ce rêve de gloire, de magnificence et de soleil d’Espagne qu’a vécu JLL.

Il aimait les kilomètre faits la nuit, les ventas des bords de route, les férias des plaisirs volés à ce temps qui passe comme il aimait les éditions tauromachiques rares, les belles filles et les coquelicots de Benalup qu’ensemble, nous rêvions de revoir.

Ces coquelicots deviendraient des grands prêtres qui célébreraient les vierges des champs, vierges en fleurs ou en crinoline : Vierge de la Soledad épanouie comme une immense tulipe, Vierge du Carmen dans sa barque de lumière, Vierge du Rocío, étoile de cristal sur le fleuve  qui roule de la calle Iris jusqu’à la mer.

Dans le soleil des saetas troubles des cantaoras de Paterna de la Rivera, nous aurions fredonné la vieille copla :

“Amapola,

Lindísima amapola,

Será siempre mi alma tuya sola.

Yo te quiero, amada niña mía,

Igual que ama la flor la luz del día».              

Cette nuit, je le sais, je rêverai que je retourne à Benalup.

Ce sera au printemps d’une nouvelle année que toi, amigo Jean-Louis, tu ne verras pas...

Patrice Quiot