Vendredi 29 Mars 2024
DIVAGATIONS DE PATRICE
Samedi, 26 Décembre 2020

El Andalúz

La fausse mort d’Amor Antunez "El Andaluz"...

 

Valladolid, capitale de la province et de la communauté autonome de Castille-León.

Tomás de Torquemada, premier Grand Inquisiteur espagnol y est né en 1420, comme y sont nés en 1527 et 1605 Philippe II et Philippe IV d’Espagne et, plus près de nous et de l’aficion, en 1951, Roberto Domínguez.

Quand on sait  que  Christophe Colomb  y est mort en 1506, que Cervantes y vécut  entre 1604 et 1606 et que Bartolomé de la Casas y plaida lors de la fameuse controverse, vous comprendrez que cette ville tiene algo.

Nous sommes au début du mois d’août 1977 ; Franco est mort depuis un an et dix mois et Amor Antunez « El Andaluz », novillero français, torée en nocturne dans les arènes de la ville au 49A Paseo de Zorrilla.

Amor a vingt-cinq ans et banderille son premier novillo ; à la troisième paire, au moment de se réunir, le novillo le soulève et, en l’air, lui fracasse le crâne.

Transporté à l’infirmerie notre paisano voit les chirurgiens abandonner la salle d’opérations en enlevant leurs masques et entend le curé lui donner l’extrême onction.   Il est considéré comme mort.   Mais il ne l’est pas !

Pepe Calabuig, marchand de légumes arlésien et apoderado dont la délicatesse exquise est reconnue dans toute la profession, veille Amor en s’attendant bien évidemment à voir ce dernier mourir d’un moment à l’autre.

Ce qui n’est pas le cas.

Car, après huit heures de le coma à l’hôpital, Amor Antunez « El Andaluz » est transporté dans un couvent de nonnes où il se remet très doucement et plus ou moins bien de ce tabaco de miedo  dans une chambre du faux premier étage du couvent.

Bien entendu, Calabuig le suit et c’est à lui que, quelques jours après, les nonnes remettent la facture du séjour qu’il était, évidemment, impossible de payer because dinero no había.

« No te inquietes », dit Calabuig qui, la nuit venue,  gara la voiture sous la fenêtre par laquelle lui et le torero s’échappèrent du convento pour rejoindre le Sanatorio des Toreros où Don Maximo García de la Torre fit ce qu’il fallait pour remettre Amor en mesure de continuer son activité  professionnelle, comme il le fit le 15 août à Arles où dans l’après-midi, un bandeau sur la tête, il coupa une oreille et où le soir même, à Fos, il trancha une queue.

Mais le plus étonnant de cette histoire est que le jour où Amor fut blessé à Valladolid, François Caro toréait dans le coin et que le lendemain, la presse locale titra : « Curro Caro, un torero francés ha muerto !  »...

Que bonito es el mundo de los toros, no ?

Patrice Quiot