Vendredi 29 Mars 2024
TIBO GARCIA
Dimanche, 17 Janvier 2021

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A l’occasion de son départ pour l’Espagne, le point avec Tibo Garcia et ses apoderados Serge Alméras et Didier Cabanis...

« Après son alternative prise avec succès à Saint-Gilles le 25 août 2019, on aurait pu penser que Tibo Garcia allait recueillir les fruits de sa bonne prestation le jour de la cérémonie. Mais à cause de l’arrivée du coronavirus et du fait que les cartels soient formés bien en amont, il lui a été ensuite très difficile de se produire en corrida formelle.

A l’heure actuelle, la carrière de Tibo sera gérée par Didier Cabanis, ainsi que son ancien mentor Serge Alméras. Ils ont scellé ensemble un accord d’apoderamiento pour dorénavant, malgré un contexte difficile, mettre tout en œuvre pour apporter à leur protégé les opportunités nécessaires pour aller de l’avant lors de la temporada 2021... »

Telle était la teneur du communiqué publié à la Toussaint 2020, point de départ d’une nouvelle collaboration à la veille de la nouvelle temporada qui s’annonce pas mal compliquée...

Mais Tibo n’a pas pour autant baissé les bras et ces derniers temps, il a participé à pas mal de tentaderos. La semaine dernière, il a notamment tienté à la ganadería Barcelo où il était prévu que je le rencontre, le coronavirus m’empêchant au dernier moment de me rendre au Mas du Sire. Qu’à cela ne tienne, grâce à l’aimable collaboration de Pierrick Charmasson, j’ai pu illustrer cet article, les entrevistas ayant alors été réalisées par téléphone...

TIBO GARCIA

« Je vis actuellement sur Arles et à partir de là, j’évolue principalement dans cette zone, mais il m’est arrivé de me déplacer dans le Sud-Ouest et même en Espagne. Pour l’essentiel, j’ai participé à pas mal de tentaderos, notamment chez Barcelo, François André, Laugier, Tardieu, et je tiens à dire plus généralement que les éleveurs français ont joué le jeu et m’ont donné un sacré coup de mains, ce qui m’a permis de garder le rythme face au toro.

En Espagne, chez Pincha, on a été très bien reçus, j’ai eu deux bonnes vaches, notamment la première qui m’a permis de totalement m’exprimer et d’afficher le Tibo nouveau, celui qui a une détermination débordante et qui a aujourd’hui, plus que jamais, envie de réussir.

Il n’y a évidemment rien qui puisse me faire plus plaisir que d’apprendre que je suis engagé pour une corrida ! En l’occurrence, mon contrat d’Istres, le premier officiel pour la prochaine temporada, est très important par lui-même, mais aussi en tant que stimulant. Quand on a quelque chose devant, on va s’entrainer avec davantage de moral. A Istres, il y aura de la competencia, et c’est tant mieux, car il y a au bout des prix importants, entre la confirmation à la Mexico et une éventuelle incorporation dans le cartel de la corrida d’août...

Pour cette corrida d’Istres, mon toro proviendra de chez Roland Durand, ce qui me convient bien. En 2019, j’ai toréé la novillada de Tarascon avec cet élevage et au Palio, j’espère que son toro aura à son tour un comportement intéressant... 

Dès maintenant, je vais m’employer à bien préparer ce rendez-vous, ainsi que ceux qui devraient tomber d’ici là, même si l’on sait tous que la saison risque d’être compliquée. Pour ma part, je poursuis ma préparation afin d’être prêt à répondre à toute éventualité.

Pour cela, j’ai décidé de partir quelques temps en Espagne, plus précisément à Sanlúcar de Barrameda qui sera en quelque sorte mon camp de base, avec notamment les arènes du Pino pour les entrainements, ainsi que le point de départ pour d’éventuels tentaderos au campo.

Ce que je recherche, c’est d’être en immersion totale tout en étant en quête de contacts qui pourraient faciliter mes activités dans le milieu. Actuellement, il y a des pourparlers, notamment pour tienter, et je pense que les choses vont se dénouer sur place. En fait, j’y vais pour donner le maximum, afin de revenir totalement « puesto ».

Depuis la Toussaint, j’ai renoué effectivement le contact avec Serge Alméras et immédiatement, le courant est repassé. Je sais combien il travaille avec Didier afin de m’ouvrir quelques perspectives. C’est toujours très encourageant de se savoir ainsi entouré, ça stimule et ça te donne envie de te surpasser ! Nous sommes en contact permanent et même lors de mon séjour en Espagne, nous le serons également. Je sais que je peux compter sur eux pour me bâtir au mieux une temporada dans ce contexte difficile. Des pourparlers sont déjà bien avancés, même si l’on ne peut encore rien dévoiler officiellement, et bien sûr, lorsque la saison sera lancée, ce sera alors à moi de répondre au mieux à leurs attentes... »

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SERGE ALMÉRAS

« Je tiens avant toute chose à remercier la famille Barcelo qui avait été contactée par Didier pour faire cet article autour d’un tentadero pour Tibo qui a finalement eu lieu, mais sans toi, retenu par la maladie... L’accueil a été toujours aussi chaleureux, la tienta s’est bien passée et en définitive, cette journée lui a été très profitable.

D’autres éleveurs français nous ont donné aussi un bon coup de mains, et grâce à eux, Tibo n’est jamais resté trop longtemps sans bétail. Ces tentaderos ou toros en privé lui ont permis de rester en contact avec le campo et de se maintenir au mieux dans sa préparation à un moment où rien n’est facile à obtenir. Merci encore à tous ceux qui ont joué le jeu, leur soutien nous est très précieux ! Je n’oublie pas non plus tous les aficionados des Clubs Taurins et Peñas, ainsi que des particuliers, qui ont aussi favorisé la préparation au campo de Tibo ! Cette aide lui a permis notamment de tuer plusieurs toros et on va toucher du bois car à chaque fois, il les a tombés du premier coup ! Une fois, ça peut être le hasard, mais à chaque fois, ça devient significatif dans un domaine aussi important...

Toujours dans le cadre des tentaderos, il est allé en Espagne chez Pincha, grâce à Jean-François Dupuy, un ami du Sud-Ouest qui nous a mis en relation avec ce ganadero qui a été agréablement surpris par Tibo. Et comme parmi les invités, il y avait quelques organisateurs du Sud-Ouest, l’image qu’il a laissée s’est avérée très positive en termes de retombées. Cette journée a redonné encore plus confiance à tout le monde...

Dans le Sud-Ouest, Tibo a eu notamment un contact très fructueux avec Richard Milian qui lui a permis d’évoluer aussi bien sur le plan mental que technique. Incontestablement, il l’a boosté, le mettant face à ses responsabilités, et ce contact avec un professionnel reconnu n’a pu constituer qu’une aide précieuse.

... La dernière fois, on avait annoncé officiellement notre nouvel accord, mais là, maintenant, ce qui est essentiel après avoir été acté, c’est qu’il y ait les paroles... mais surtout les actes ! C’est dans ce sens que l’on a pas mal travaillé avec Didier pour trouver des tentaderos et même des toros en privé, afin de le voir à l’œuvre. Et franchement, on a vu un nouveau Tibo, relâché, plus ouvert, avec beaucoup plus d’envie manifestée et en nets progrès, aussi bien moralement que techniquement.

Dans une période très difficile où il pourrait y avoir du découragement, Tibo a au contraire relevé la tête, ne se laissant pas abattre et s’armant mentalement. Ce que j’attends d’un torero, c’est de se donner à fond, de ne jamais se relâcher, en étant toujours à le recherche de donner le meilleur de lui. Il est beaucoup plus critique envers lui-même et même quand ça se passe bien, il a toujours des exigences dans sa recherche de la perfection.

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Ensuite, mis à part le fait de lui faciliter son entrainement, mon rôle d’apoderado est essentiellement avec Didier de lui trouver des contrats. On sait combien ça va être difficile de lui monter cette année une temporada fournie et à cet effet, l’annonce de sa participation à la feria d’Istres est très importante.

On a pas mal de contacts que je ne peux préciser pour l’heure car non rendus officiels, concernant la première partie de la temporada, France comme Espagne, mais Istres se situe dans le concret et c’est pour nous une formidable vitrine.

Dans le cadre de notre prospection, on a pris des contacts un peu partout avec Didier. On a pu constater que Tibo a une bonne ambiance, comme personne et torero. Après, les engagements viendront d’autant plus facilement avec la vérité de la piste, c’est pour cela qu’il faudra qu’il débute en affichant un fort potentiel qui pourrait lui permettre d’enchainer. Il en est capable et en ce moment, il met dans sa préparation, autant que faire se peut, tous les atouts de son côté. C’est d’autant plus important qu’il aura à ses côtés des compañeros motivés et ceux qui s’en sortiront seront ceux qui auront le mieux saisi leur chance. Istres a ouvert une porte pour les ganaderos toreros français et surtout les jeunes qui ont envie de prouver beaucoup de choses, donc la concurrence va être sévère, mais très intéressante. On va donc le préparer au mieux pour aguanter cette competencia...

Fin janvier, on descendra en Espagne pour régler certaines choses et pour rester en contact avec Tibo. Son désir d’aller à Sanlúcar est selon moi une belle preuve de sa volonté de s’imprégner de ce milieu encore plus de l’intérieur. On souhaite évidemment que ça lui soit très profitable car ce sera une nouvelle opportunité de s’aguerrir davantage.

En ce qui concerne le bétail, j’ai toujours pensé qu’il ne fallait pas protéger à outrance un torero, c’est pourquoi on ne va pas systématiquement verser dans la facilité. L’idéal, c’est que Tibo se frotte à toutes sortes d’encastes. Il y a eu une époque où l’on pouvait davantage prendre le temps pour voir évoluer le torero, mais à présent, les choses vont vite, et surtout, elles sont entourées d’une grosse chape d’incertitude... On ne peut pas faire les difficiles et d’un certain côté, ça permet au torero de s’adapter à tous types de difficultés. Quand on te propose un tentadero, tu ne réfléchis pas à deux fois, tu fonces !

Pour conclure, que ce soit avec Tibo ou Didier, on a exactement les mêmes façons de faire et de penser, bref on est en osmose permanente. On se concerte beaucoup et on se retrouve le plus souvent sur la même longueur d’ondes... Quand on a parlé avec Tibo, c’est revenu naturellement, le puzzle s’est mis en place et tous les trois, nous avons la même optique. On se concerte pour tout, il n’y a pas de zones d’ombre, et avec Didier, on gère tout car on veut que notre torero soit libéré des soucis d’organisation pour ne se consacrer qu’à l’essentiel. En clair, ça signifie que tous les détails de l’organisation d’une corrida nous incombent, intendance, cuadrilla, déplacements... lui ne devant se consacrer dans sa préparation qu’à sa prestation devant le toro !

La cuadrilla ? Elle sera toujours composée dans l’intérêt de Tibo, avec de bons professionnels. L’époque a entrainé des modifications dans les comportements et quand on voit les chiffres de l’escalafón, on ne peut plus parler de cuadrillas fixes. Tout dépendra donc du contexte course par course... »

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DIDIER CABANIS

« Depuis un mois et demi, je vois Tibo très différent dans son envie comme son comportement au quotidien. Avec Serge, nous sommes là pour lui apporter de quoi peaufiner au mieux sa préparation, en France comme en Espagne. Tout le monde est logé à la même enseigne, les conditions actuelles ne sont pas idéales, mais il faut qu’il se prépare comme si elles l’étaient !

Tibo a beaucoup travaillé, avec sérieux et conviction, et pour ma part, je suis en train d’envisager de l’envoyer dans le Campo Charro, après son escapade andalouse. Toutes les expériences seront bonnes à prendre, mais je pense qu’il est sur la bonne voie quand par exemple, le 1er janvier, il est allé s’entrainer avec Rafi ! Ce sont des signes qui ne trompent pas...

Tibo bénéficie actuellement d’un préjugé plutôt favorable, mais certaines empresas attendent de voir sa capacité à combattre tout type de bétail. C’est un domaine qu’il travaille, d’autant plus qu’il ne pourra pas se payer le luxe, lui comme d’autres, de faire le difficile. La période sera exigeante pour tout le monde, mais je sens Tibo bien déterminé à répondre présent face aux sollicitations d’où qu’elles viennent. En fait, il va faire comme ça se faisait avant, avec un répertoire et des conditions adaptées à tout type de bétail.

Pour autant, ce n’est pas parce que tu dois toréer un toro d’un encaste réputé plus difficile que tu ne peux pas triompher ! Certains toreros ont effectué des carrières très méritoires en prenant toute sorte d’élevage. L’important, c’est d’être prêt et armé pour se comporter au mieux dans tous les cas de figure... On ne va donc pas cantonner Tibo dans un créneau particulier, mais plutôt lui permettre de se sentir à l’aise quoi qu’il puisse débouler du toril... »

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Avec sa nouvelle phase de préparation, son évidente détermination et le soutien de deux piliers rompus aux négociations dans les officines taurines, l’affaire semble bien ficelée pour que les aficionados découvrent bientôt un Tibo Garcia se positionnant sur la ligne de départ avec de solides arguments.

En cette période de vœux, et tout en tenant compte d’un contexte pour le moins compliqué, on va lui souhaiter le meilleur, à savoir profiter au mieux de toutes les opportunités en donnant aux empresas envie de l’enrôler dans leurs cartels et vau aficionados l’envie de le redécouvrir. Ou que ce soit et avec les toros que ce soit... Suerte, Tibo !!!