Vendredi 19 Avril 2024
PATRICE
Mercredi, 27 Janvier 2021

lav26ph

 « Après une lessive, il manque toujours une chaussette... Ça peut arriver avec les housses de couette, mais c'est plus rare... » René Descartes in «  Le discours de la méthode »...  

 Recuerdo mosellano : La lavandería autoservicio de St Avold (1)

 Ce fut donc le 1er novembre de l’année d’alternative de Sandra Moscoso  à Ubrique (Espagne, province de Cadix ; parrain, Finito de Córdoba, témoin, Juan José Padilla ; taureaux de la ganadería de José Luis Osborne) que je redécouvris la lavandería  autoservicio « 7 à sec » du centre-ville de St Avold.

Je la connaissais déjà de l’époque où, pour des raisons de déménagement et de branchements ad-hoc pas terminés, il n’était pas possible de faire des lessives domestiques a la casa nuestra du 8 c/de los Castaños.

Et comme, en ce temps lointain, nous n’avions pas osé demander à la voisine d’en face de s’en occuper, nous avions, J et moi, inauguré l’utilisation de ce service naborien de proximité.

Comme si, à Nîmes, tu commandais tes entradas à la plaza sur le site dédié pour t’éviter de faire la queue à la rue de la Violette.

Certains préfèrent.

Moi, non.

Ce premier novembre, l’objet de la visite à la lavandería n’était pas seulement le lavage, mais aussi le séchage, car, au motif d’un temps infâme, il était inimaginable de bénéficier du service des fils  de l’étendoir dont nous jouissons dans le jardin de 3 ares, attaché à notre maison de 0.59 are pour laquelle nous payions à notre bailleur un modique loyer nu mensuel de 419.58 euros soit, à 38.2€ euros près, le sueldo brut d’un mozo de espadas actuant avec un novillero, quelle que soit la catégorie de la plaza.

Les six radiateurs étant déjà occupés par des lessives préalables et, une surcharge de linge humide n’étant pas préconisée pour un rendement thermique optimum de ces équipements sans compter les risques de vapeur d’eau générant des moisissures néfastes qui feraient, à coup sûr, l’objet d’imputations onéreuses lors de l’état des lieux de sortie, il convenait de trouver un biais.

Ce dernier me fut suggéré par la relecture des œuvres complètes de José Flores «Cámara» qui  m’éclaira en la matière et me permit de trouver la solution.

Solution d’autant plus obligatoire qu’une couette en duvet d’oiseau rare et vivant exclusivement dans les hautes montagnes autrichiennes, nécessitait, avant sa descente définitive en el Sur, un traitement spécial en termes de nettoyage et une attention particulière en termes de séchage.

Au vu de son âge, nous convînmes que notre machine à laver «Vedette -Ligne Thalassa - » dotée d’une capacité d’essorage d’à peine 500 tours/minute qui avait connu la despedida du « Viti » comme la fin du dernier septennat de Mitterrand, n’était pas à même d’assurer la chose.

Aussi, il fut unilatéralement décidé qu’une nouvelle visite au « 7 à sec » du centre-ville de St Avold s’imposait.

Le gouvernement me missionna pour m’occuper dans les plus brefs délais de cette intendance lavandière.

Pour bien situer l’évènement dans son contexte historique, je me dois de préciser que le samedi soir des amis étaient venus dîner à la maison et que le dimanche, après les rangements afférents et le nettoyage de la casa, nous étions conviés à une soirée « Tripes et bourguignon » chez d’autres bons collègues.

Point n’est besoin de vous dire que nous nous étions couchés fort tard les deux soirs et que, le lundi, la fatigue pesant sur un estomac et un foie bien chargés en excédents lipidiques et vineux, l’humeur de chacun n’était pas au beau fixe, d’autant que maman devait reprendre le travail mardi et que cette perspective n’arrangeait pas vraiment la sauce, mais avait plutôt tendance à faire monter la pression de la cocotte-minute !

Je vous passerai donc les détails de l’ambiance at home, qui ressemblait un peu à celle qui règne dans le récantou de Simon quand le palco décide de faire donner trois puyazos à un novillo qui n’en supporterait pas un, pour en venir au fait.

En un tour de roue de la nouvelle 308 HDI de 136 cv de fonction de Maman J, je fus sur les lieux.

Il était 13h16 GMT, aussi bien à St Avold qu’à Morón de la Frontera et qu’à l’horloge du Lycée.

Mitoyenne d’une agence de communication graphique du nom de «  Bleu Ciel » et d’un magasin d’orthopédie allemande du nom de «Obperkamp Medikal », la lavandería autoservicio « 7 à sec » était située en plein centre de Saint-Avold, au niveau du rond-point de la mairie.

Un peu comme à Nîmes, le magasin de Roblot de la rue des Greffes.

Dans la vitrine de l’agence de com, on admirait des photos en couleur de mecs jeunes - dont un black -, en costume gris, debout les mains dans les poches, tout en sourires, barbe naissante et allure faussement cool, donnant visiblement des conseils éclairés de stratégie marketing à des gonzesses blondes, assises mais tout aussi souriantes, occupées à consulter avec des yeux énamourés et la bouche ouverte des ordinateurs sur lesquels s’affichaient des statistiques.

Un peu comme Cristiano Ronaldo, Cayetano, David Beckham et Javier Conde qui expliqueraient à Ana Soria quel serait le meilleur sastre torero  pour acheter le vestido de novia  à porter le jour de la noce pour faire plaisir à Enrique...

C’était affligeant de vulgarité machiste revisitée de rapports sociaux made in USA.

Dans la vitrine du magasin d’orthopédie allemande, on pouvait voir des fauteuils roulants, des bas de contention, des pansements herniaires, des genouillères et des coudières en tissus renforcé, ainsi que des photos de chambres médicalisées.

Sur celles-ci, on distinguait un couple de vieux, elle en cheveux permanentés et lui en cardigan, qui contemplaient une tasse de café en jouant au « Monopoly ».

Au mur de la chambre, des portraits de famille et des dessins d’enfants.

Pour te filer le bomi, rien de mieux !

Comme regarder «L’île nue» de Kaneto Shindo après « Les bronzés font du ski », écouter un pregón de Francis Wolff après avoir lu un « San Antonio », te farcir un seul contre six de Marcos ou un fado d’Amália Rodrigues au lieu et place de «Tata Yoyo » !

Bien loin de la calle Adriano un día de Farolillos ou de la rue Fresque un dimanche de Pentecôte, c’était à pleurer de tristesse tragique…

A suivre...

Patrice Quiot