Vendredi 29 Mars 2024
PATRICE
Vendredi, 29 Janvier 2021

no28ph

Quite à Nîmes Olympique : Nunca muere el caimán !

En 2018, en trente-huit journées et une temporada, les Crocodiles se sont joués la vie et ont joué celle de leur ville.

Cette ville, c’est celle de Christian, de Kader, de Michel Gilles, de Denis Loré, celle de Bernadette Lafont et de Jean Pierre Adams, celle de Maxime, celle de Léa;  cette vie, c’est la leur, mais c’est aussi celle de Canto, de Mezy, de Jean Bousquet, de Robert Piles, d’Hassan Akesbi, d’Alain Clary et de bien d’autres encore qui aiment ou aimaient se promener sous les micocouliers du Victor Hugo.

Magnifiques comme une trichera de Morante, un dribble d’Alioui, un but de Bozok et un autre de Thioub, un pétage de plombs de Simon, une toile de Viallat, une rouille de seiches de Pascal de « Chez Nicolas », une galéjade de Marius, un remate coquin de Jean-Paul Journot ou un chichi de Jean Pierre Isaia, ces crocodiles de la romanité ont porté des Costières au haut de la Tour Magne les couleurs de Nîmes.

Vert et rouge, comme la divisa de Zahariche ou le fanion d’un Blaise Cendrars en képi blanc.

Ceux-là, nos amis, nos compères de 2018 et de toute la vie, n’ont pas fait dans le convenu du lisse et du sans épines qui conviennent si bien à ceux qui n’ont rien à dire et qui ne donnent à voir qu’une absence de sens.

Ceux-là, nos amis, nos compères de toute la vie ont avancé, créé, uni, construit.

La fleur au fusil, sur une pelouse verte ou sur le sable des arènes, ils ont perpétué la légende d’Antonin, de Cavalier, de Mistral, des fusillés pour l’exemple, de Jean Robert, de Vincent Faïta et de Macareno.

En un sueño en maillot rouge et blanc et comme devant le toro noir de la vie qui passe, ils ont fait ce qui porte le beau nom d’essentiel.

Ces Crocodiles aux dents de fer et au cœur grand ont été les ambassadeurs des gamins du Chemin Bas, des gamines aux ongles peints du Mas de Mingue, des vieux du Bosquet et des vieilles en cheveux qui reviennent des Halles le cabas plein de cèbes.

Leur langue fut celle du « Prolé », leur lexique celui de Bachalas, leur syntaxe celle des clochards qui dormaient sous les ponts de Talabot, leur grammaire celle des mazets aux grillons, mais leur chant fut celui des tribunes de l’Old Trafford, des tablaos de Paterna de la Rivera et des figuiers de Palestine qui ont connu le visage du Christ.

La grandeur des crocos 2018 tira sa force de la garrigue, s’abreuva de l’eau du  Gardon, de celle du Mont Margarot et s’abrita du soleil sous les tribunes du vieux stade Jean Bouin.

Leur entrega fut novilleríl.

Leur constance fut de cartel.

Et leur temple s’aligna sur le chrono de l’arbitre, sur celui de l’horloge du Lycée et celui  de la pendule blanche des arènes.

Les Crocodiles de 2018 furent magnifiques.

Trente-huit journées de bonheur partagé.

Comme les trente-huit passes d’une grande faena un dimanche de Pentecôte.

Aujourd’hui, ce sont presque les mêmes qui défileront sur un char de la pégoulade de la  Féria du «Si Dios quiere ».

Nommons-les car ils le méritent :  Baptiste, Lucas, Anthony, Pablo, Loïk, Naomichi, Kelvan, Birger, Florian, Patrick, Sofiane, Gaétan, Andrés, Sidy, Lucas, Matteo, Lamine, Antoine, Zinedine, Renaud, Lucas, Niflas, Haris, Yassine, Moussa, Nolan et Jérôme...

Des prénoms qu’auraient aimé énoncer Pierre Casabianca, Gaston Lessut, Marcel Sant ou Robert Jonis.

A la mi-saison, tous ont pris des cornadas de miedo et tous ont connu l’échec des larmes.

Mais le rêve est sauf.

Pour eux, il s’inscrira en dix-neuf faenas à venir et mille sept cent dix minutes à combattre.

Pour nous, il aura la tonalité plébéienne d’un remake nimeño du « You’ll never walk alone » d’Anfield Road, entonné par tout un peuple du haut des talenquères de la Tribune Sud.

P’alante, Crocodiles ! P’alante Caimanes !

Dix-neuf faenas pour rester là  où vous ne pouvez qu’être.

Dans la cour des grands.

Et dans nos cœurs.

For ever.

Patrice Quiot