Jeudi 28 Mars 2024
SEVILLA y SALAMANCA
Mardi, 02 Février 2021

sev02ph

Le NO8DO attire l’attention…

Le design apparaît partout sur les affiches, les plaques, les rues, les toilettes publiques et les plaques d’égout.

Le truc au centre qui ressemble à un 8 n’est pas un chiffre.

C’est un écheveau de laine.   En espagnol, ça se dit « madeja ».

Ainsi, on obtient « No-madeja-do », ou, prononcé différemment, « No me ha dejado ». Qui peut se traduire par: « Elle ne m’a pas abandonnée ».

En effet, après la reconquête du XIIIe siècle, le roi Fernando III a installé sa cour à l’Alcazar de Séville. C’est donc de Séville qu’a gouverné son successeur, son fils Alfonso X, un lettré, un poète, linguiste et astronome reconnu à son époque.

Quand son propre fils Sancho a tenté d’usurper le trône, les gens de Séville seraient demeurés fidèles à Alfonso (dit « Le sage »), et c’est lui, qui, rendant hommage à Séville, aurait dit: « Elle ne m’a pas abandonnée ». « No me ha dejado », ou No8Do.

Emilio Carrillo, conseiller municipal d’Urbanisme de Séville, a publié le livre « El NO8DO de Sevilla. Signification et origine » (RD Editores), dans lequel il retrace l’histoire du symbole.

Or, Carrillo est catégorique dans sa conclusion :

« La légende du « no-madeja-do », forgée autour de la vérité historique du lien étroit entre Alphonse X et Séville, constitue une belle et infondée réinterprétation du NO8DO, mais les paradoxes de l’histoire, l’origine du signe, qui brille aujourd’hui dans tous les quartiers de la ville, avec les buts les plus divers, est étroitement liée au roi Sage » écrit Carrillo.   NO8DO est un signe qui fusionne l’énergie de NODO (liée au nœud d’Hercule et à l’idée de lien) et 8 (image d’union et de force). « Par conséquent, NO8DO est un brillant symbole intégral d’union » dit Carrillo.

« Et le symbole est né dans les écoles générales de latin et d’arabe et l’école de grammaire de Séville entre 1254 et 1275 pour représenter l’ensemble des droits, des volontés et des efforts qui ont légitimé l’aspiration du roi Alfonso à être nommé empereur du Saint et l’Empire romain. »

Les rêves impériaux d’Alphonse X ne se sont pas réalisés, mais le signe a survécu à travers les siècles.

Viva Sevilla ! Viva El Bétis ! Viva la Duquesa ! Viva Antonio Machado, Juan de Valdes Leal ! Viva Murillo ! Viva las espinacas con garbanzos !  Viva Curro !!!

Salamanca

« Quod natura non dat, Salmantica non præstat » signifiant « Ce que la nature ne donne pas, Salamanque ne (le) prête pas ».

Dans le blason de la ville de Salamanque, apparaissent les éléments attribués au premier seigneur d’Ayala, le pont romain et le taureau élevé dans les prairies de la province.

Sur la tête du blason sont représentés deux lions.

L'administration de Salamanque a ajouté des boucliers sur le côté droit du blason.

Au 3e Siècle av. J.-C., un certain Hannibal assiégea et prit la ville qui se nomme alors « Helmantica ». La ville devint une place commerciale importante de Carthage. Puis les Romains vont débouler dans le coin et battre à plat de couture les Carthaginois.

L’emplacement de la ville sur les rives de la rivière Tormès et son important centre d’échange contribuèrent à la placer sur l’une des plus importantes voies romaines de l’époque : « la voie d’Argent ».

Celle-ci permit au 1er siècle. de relier le sud de la péninsule avec le nord. Pour cette voie, les Romains construisirent un important pont dont ne subsiste aujourd’hui qu’une quinzaine d’arches

Vont s’ensuivre au cours des siècles suivants, invasions musulmanes et incursions de monarques asturiens qui vont à tour de rôle conquérir la ville puis l’abandonner à son triste sort, la détruire puis la reconstruire.

En 1218, le roi Alphonse IX le León fonde « l’étude générale » de Salamanque et Alphonse X le Sage lui accorde le titre d’université en 1254, ce qui en fait alors le 1er établissement d’enseignement européen à détenir ce titre.

En 1940, le pape Pie XII établit dans la ville une seconde université, privée catholique, on la nomme l’université pontificale.

L’apogée de la ville se situe au XVIe siècle avec une démographie qui atteindra en 1517 les 20.000 habitants grâce notamment au prestige de son université qui permet de véhiculer et de diffuser des idées humanistes. La ville est également prospère grâce aux richesses générées par le commerce de la laine et pas le pouvoir de la noblesse et des grands propriétaires terriens.

Plus récemment dans son histoire, la ville de Salamanque va vivre durant trois ans sous l’occupation française, durant la guerre d’indépendance (1809-1812). Les Français vont alors s’adonner à la destruction d’une grande partie des bâtiments de la ville afin d’obtenir des matériaux de construction pour constituer leur défense. Il est à noter la destruction d’un quartier entier où l’on pouvait trouver des collèges sous la tutelle de l’université. Il ne reste absolument rien de ce dernier.

Viva Salamanca ! Viva Antonio de Nebrija, Cristobal Colón !  Viva Fernando de Rojas !  Viva Miguel de Unamuno ! Viva  el cochinillo al fuego !  Viva El Viti, Julio Robles y Capea...

(Patrice Quiot)