Vendredi 19 Avril 2024
PATRICE
Vendredi, 26 Février 2021

jf25ph

José Fuentes...

Je ne l’ai pas souvent vu toréer.

Au plus quatre ou cinq fois.

Une seule aurait suffi.

L’art n’a nul besoin d’être ressassé.

« Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » est  la première phrase de «L’étranger».

On a compris ce à quoi et celui à qui on a à faire.

Force d’une extraction modeste.

Epure aristocratique.

Ecriture et toreo.

Même combat.

Phrases en verre coupant.

Passes en cristal poli.

Les deux qui interrogent.

Un brin de menthe sur une décharge de Soweto.

Un dimanche de San Isidro d’une année bien lointaine.

Lleno hasta la bandera.

En barrera, le Prince Juan Carlos en costume.

Dans le callejón, «El Pipo», en chapeau blanc.

Dans le ruedo : Ordoñez, Santiago Lopez et l’ancien apprenti cordonnier que fut José Fuentes.

Le capote sans un pli comme l’abandon d’une duchesse en mantille dans les bras d’un journalier.

Pas  de débauche,

Aucun abus.

Pas d’outrance.

Quatre lances en justesse de ton et autant d’harmonie.

Un remate de cuir et un sourire coquin.

La muleta  qui œuvre comme une forme à monter.

Tendue de fils de chanvre et de lin.

Cousue main droite, brodée main gauche.

Sans glue.

L’estocade en un marteau à clouer.

Droite et meurtrière.

Aucune retouche.

Une faena brindée au Prince, mais qui aurait pu l’être à John Lobb, chausseur à  Regent’s Street depuis 1866.

Echoppe d’ombre d’un Navalón de la haine ordinaire qui lui reprochait son pico de combat.

Echoppe d’ombre du toro de Louro Fernandez de Castro à Huesca qui lui troua le visage.

Echoppe d’ombre d’un autre à Barcelone qui pendant quatre ans l’empêcha de marcher.

Echoppe d’ombre d’un argent qu’amoureusement il dispersa dans les parfums du catalogue de Leporello.

Cortijo de lumière pour un novillero culte.

Cortijo de lumière pour la queue du toro de Garcigrande de Barcelone qu’il toréa le chapeau du « Pipo » dans la main droite.

Cortijo de lumière pour le million de pesetas qu’il prêta à Victorino pour acquérir les vaches d’Escudero.

Cortijo de lumière pour les onze oreilles de Madrid et la Grande Porte  du 12 octobre 1981.

Un torero de soleil, de pluie et de vent.

Humilité d’une origine.

Muleta de marquis.

Un lucero escondido.

Un torero de cartel.

Un torero qui m’a marqué.

Le regret de ne pas l’avoir suffisamment dit.  

Datos :

José Fuentes Sánchez.

6 février 1944 : Linares (Jaén).

Début en public: Linares, 17 juin 1962.

Début  avec chevaux : Linares, 19 avril 1963.

Alternative: Málaga, 18 avril 1965, Antonio Ordóñez comme parrain et Carlos Corbacho comme témoin, toros de Carlos Núñez.T

Confirmacion: 30 mai 1965, Antonio Ordóñez comme parrain et Carlos Corbacho comme témoin, toros de Pablo Romero.

Patrice Quiot