PATRICE |
Comme un fake de Victor Hugo… Expiation
Le soleil brillait Il était vaincu par sa conquête. Pour la première fois, Covid baissait la tête. De la pandémie finie, le virus battu revenait piteusement Laissant derrière lui brûler les pieds paquets fumants.
Le soleil brillait Sur le monde des toros, l'âpre hiver avait fini de fondre en avalanche. Après une temporada blanche, une autre temporada blanche. On n’apercevait plus les figuras, ni les amis du mundillo. Hier, on vivait in vitro, aujourd’hui on lorgne l’abono.
Le soleil brillait Le perdant s'abritait dans le ventre Des confinements morts ; au seuil des hôpitaux désolés, On voyait Salomon à son poste gelé, Debout et pregón affiché du mal vivre, Collant sa bouche de pierre à ses règles de cuivre.
Le soleil brillait Les experts, surpris d'être tremblants, Marchaient pensifs, les chiffres pendant à leur moustache grise. Le soleil brillait, pauvre Véran Tous enfin dehors, finies les geignardises.
Le soleil brillait Sur les hauteurs des mas des Costières et rechazado des beaux crus Celui qui n’était qu’un butor n'avait plus de vin et allait pieds nus. Ce n'était plus un bacille vivant, haineux de notre terre, Mais un cauchemar mourant, une enclume, un mystère.
Le soleil brillait La déroute pandémiale, vaste, épouvantable à voir, Dans la garrigue finissait, muette et noire. Le ciel bleu faisait sans bruit pour les vaccins en place un immense linceul. Et Covid se sentant fini était seul.
Le soleil brillait Le virus pensait : « Pourquoi ce funeste empire ? J’avais deux ennemis! La vie et le vin d’estrambord. Et, si à Nîmes, Caremeau était de tous mes ennemis, le pire, C’est le la daube de toro qui m’a fait le plus de tort !
Le soleil brillait C’était la fin. L’infâme germe grillait au feu des micocouliers du boulevard Et ouvrait les boites de masques pour en manger les élastiques. S’il se couchait pour la sieste, il mourait. Groupe morne et tragique, La horde de Covid fuyait.
Le soleil brillait Stupéfait du désastre et ne sachant que croire, Le virus se tourna vers Dieu. Et lui qui rêvait d’une peste noire Proféra dans le silence d’une l’épidémie finie : « Gens qui aiment la bamboche, je vous en veux.»
Le soleil brillait Le kyste malsain comprit qu'il allait expier. Il demanda : « Seigneur, est-ce là le terrible châtiment d’une morgue si longtemps affichée ? » « Seigneur, est-ce là le terrible châtiment de mon plaisir à les voir confinés ? »
Alors, du fond d’un enchantement, Covid s'entendit appeler par son nom. Et, de l'ombre de son récantou, Simon lui répondit : « Non ! » Datos : « Expiation » ou « L'Expiation » est un poème de Victor Hugo, présent dans le recueil Les Châtiments. (1853) L'auteur y retrace successivement toutes les étapes de la glorieuse déchéance de Napoléon après son Coup d'État du 18 Brumaire. Victor Hugo : 26 février 1802, Besançon/22 mai 1885, Paris. Texte original : « Il neigeait … Il neigeait. On était vaincu par sa conquête. Pour la première fois l'aigle baissait la tête. Sombres jours ! L’empereur revenait lentement, Laissant derrière lui brûler Moscou fumant. Il neigeait. L'âpre hiver fondait.... » Patrice Quiot
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