Vendredi 29 Mars 2024
PATRICE
Vendredi, 02 Avril 2021

chin02ph

Mam’...

Il y avait Jean, il y avait Sonia, Martine, Henri, Stéphane «Tang ».

Il y avait Lucien et Michel.

Et il y avait Mam’, leur mère.

Ils habitaient à la rue Dorée où se trouvait le cabinet du tonton Tan-Ham-Loc qui exerçait la profession d’acupuncteur comme le précisait la plaque en cuivre sur la façade de l’Hôtel de l’Académie.

On entrait dans un monde.

Liberté de pensée et tolérance.

Délicatesse de sentiments et retenue de manières.

Pas d’excès, rien de superflu.

Les choses se faisaient, lentement.

En douceur.

Et bien.

Les mots importaient.

La porte de l’appartement aurait pu être en perles de buis.

Des pousses de soja murissaient dans des chiffons humides et quand elle parlait de son pays natal, Mam’ disait « Chez nous ».

Légèreté d’un accent autre.

Ténu et fragile.

Comme un chant d’oiseau.

Peut-être celui que les entomologistes nomment le Harle de Chine.

Des yeux qui regardaient loin et voyaient tout.

Et le dos vouté du travail d’une mère.

A  deux pas des arènes et pas très loin du Mont Margarot.

En plein centre de Nîmes.

D’où il vient.

Un toreo mesuré comme une balance Gancheng.

Un toreo sobre.

Un toreo du fond d’une enfance.

Un toreo parfait, sans redondance, sans vanité aucune.

L’épure des vingt passes du 1er mai 1977 à Madrid.

Des détails à exposer au Louvre.

Une poésie  de « ca trù » sur le sable.

L’ascèse d’une vie torera.

Et de somptueux costumes.

Pour moi, un infini regret.

Lucien Tien Orlewski.

«Chinito».

Matador de toros.

Le fils de Mam’.

Patrice Quiot