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Mercredi, 21 Avril 2021

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Era de Marion y se llamaba Dean...

 « Je n’ai pas à expliquer quoi que ce soit à personne. » (James Byron Dean)

Demi-véronique, larga cambiada, desplante.

Quelques-unes des suertes dans lesquelles James Dean est  représenté sur d'innombrables photographies.

Les clichés ne mentent pas.

James Byron Dean, natif de Marion, Indiana, était accro raide dingue à la tauromachie.

De toute la vie.

Caleb Trask (A l’Est d’Eden), Jim Stark (La Fureur de Vivre), Jett Rint (Géant).

Trois rôles.

Un cartelazo.

L’aficion de Dean était née de son amitié avec le réalisateur Rogers Brackett qui l'avait présenté au torero new-yorkais Sydney Franklin.

Née, peut-être aussi de la version «Charlot joue Carmen» de Charlie Chaplin sorti en 1915.

Le veneno coulait dans le sang de Dean, grand aficionado à Barnaby Conrad, auteur de  "Matador", roman fondé sur la vie et la mort de Manuel Rodríguez "Manolete".

Conrad, auteur, torero sous l’apodo de « El Niño de California », ami de Juan Belmonte avec lequel il partagea quelques carteles et de Carlos Arruza, boxeur, propriétaire de « El Matador Night Club » à San Francisco et vice consul US à Séville et Málaga.

Barnaby Conrad dont John Steinbeck disait que «Matador», vendu en 1952 à 3 millions d’exemplaires, était le meilleur roman de l’année.

Dean lui rendait hommage chaque fois qu'il se rendait à  la Screen Actors Guild, l'association des acteurs professionnels américains.

C'est Conrad qui offrit à Dean un capote de Sydney Franklin, le torero de Brooklyn.

Capote que Dean  convertit en  tête de lit.

De son lit.

C'était le cadeau dont il était le plus fier.

Dean n'avait aucun scrupule à dire que s'il ne réussissait pas en tant qu'acteur, il partirait pour le Mexique pour tenter sa chance en tant que torero.

Et il allait régulièrement à Tijuana, la première ville mexicaine après la frontière, pour assister à toutes les corridas auxquelles participait Manolo Martínez.

Mort à peu près au même âge que Joselito «El Gallo», Dean laisse à la postérité le film «Rebel without a cause», (La Fureur de vivre), dont Nicholas Ray, le réalisateur, soulignait que la tendresse de l'acteur venait de « son attirance pour le sens du rituel, du courage et de l'élégance des toreros ».

Dans la scène d'ouverture, Dean apparaît ivre, allongé sur le sol.

L'acteur affirmait qu’il voulait ainsi ressembler à un torero blessé sur le sable de l’arène.

Cette scène a été peinte par l'artiste Kenneth Kendall, qui pour l’occasion,  avait habillé Dean d'un costume azabache negro.

Dean lui avait offert une aquarelle peinte par lui.

L’aquarelle figurait un torero jouant à un jeu de balle.   Caleb Trask, Jim Stark, Jett Rint.

Trois personnages.

Trois héros.

Dans la bibliothèque de son appartement de New York, Dean avait deux livres dont il assurait de ne jamais s’être séparé: "Los Toros", de José María de Cossío et "La course de taureaux", commentaire de Michel Leiris du film à caractère documentaire de Pierre Braunberger.

L'image de James Dean est la deuxième carte postale la plus vendue de l'histoire des États-Unis.

Dans beaucoup de ces clichés, il apparait, veste ou cape à la main, exécutant une véronique ou une autre suerte.

Gestes qu’il répétait quotidiennement.

Autres photos célèbres : Celle de sa maison avec une statue de toro réalisée au Pérou et celle de son chat «Marcus» qu'il avait  confié à Elizabeth Taylor la veille de sa mort.

Dean  avait converti Liz à sa passion taurine.

Elle fut immortalisée dans une photo où, vêtue de lumières et une cagoule sur la tête, l’actrice toréait son mari Mike Wilding qui lui faisait un toro…

… Dont la tête était en paille.

Caleb Trask, Jim Stark, Jett Rint.

Trois héros.

Trois toreros

Trois faenas pas complètement abouties.  

« Le mystère James Dean, c'est le mystère du vide » a écrit un critique de cinoche.

C’est peut-être vrai.

Mais le 30 septembre 1955 à Cholame, près de Salinas, Californie, James Byron Dean, veinticuatro años de edad, rencontra la réalité concrète du toro de la carretera.

Comme César Girón en 1971 et Antonio José Galán en 2001.

Il était un tout petit peu plus de cinq heures de l’après-midi.

Datos :

James Byron Dean : 8 février 1931 - Marion (Indiana)/30 septembre  1955 -  Cholame (California)  

- À l'Est d'Eden (1955)

- La Fureur de Vivre (1955)

- Géant (1956)

James Dean a été inhumé dans l’Indiana dans la ville de Fairmount, le 8 octobre 1955. Un mémorial lui est consacré sur les lieux de son décès. Sur la stèle, on peut lire l’une de ses citations préférées, tirées du roman Le Petit Prince : « L’essentiel est invisible pour les yeux ».

Reseña de l’accident :  

« Vendredi 30 septembre 1955, le soleil de plomb qui rase la colline d’Hollywood se reflète sur la carrosserie chromée de la Porsche 550 Spyder de James Dean.

James est souriant, il vient d’en finir avec le tournage de son troisième film “Géant”. Il est enfin libre contractuellement de reprendre le pilotage. Demain, il participera à une nouvelle course à Salinas, au volant cette fois-ci d’une voiture capable de s’imposer face aux meilleurs pilotes.

Son ami Rolf Wütherich, mécanicien allemand, l’accompagne. Il parle à peine anglais, mais c’est un véritable petit génie de la mécanique, et il lui a préparé son Spyder aux petits oignons. L’engin dont le tarif est affiché à 6900 dollars, une vraie fortune à l’époque, a été acheté par la star contre 5000 billets verts et la reprise de sa 356.

A 13h30, l’équipage prend la route suivi de Bill Hickman, cascadeur ami de Dean et de Sanford Roth, photographe qui décide au dernier moment d’accompagner ce petit monde pour faire quelques clichés. Il ignore encore qu’il prendre les dernières photos de son pote vivant. Ils suivent au volant d’une Ford et d’une remorque vide, Dean ayant finalement choisi de se rendre sur le lieu de la prochaine course au volant de la Porsche afin de la roder et de se faire la main à son volant.

Après quelques kilomètres, Otie Hunter, policier de la Highway Patrol, voit passer la Porsche à une vitesse estimée à 110 km/h au lieu de 90. Il arrête James Dean et Bill Hickman, dresse une contravention à chacun des conducteurs et les laisse repartir.

A 17h, arrêt ravitaillement au Blackwell’s Corners qui se situe au croisement des routes 466 et 33. James et ses amis croisent d’autres participants à la course du lendemain dans ce restaurant. Ça chambre, ça plaisante et les premiers paris pour la course commencent à tomber. Après avoir commandé un repas léger, James avale un Coca, s’allume une clope et repart en direction de Salinas.

Plusieurs témoignages viennent accréditer la thèse selon laquelle le bolide gris roule à vive allure. James commet quelques dépassements limites, il fait des pointes à 160 km/h et le break Ford qui le suivait est désormais loin derrière.

Au même moment, dans le sens inverse, Donald Turnupseed, un paysan local est au volant de sa lourde Ford Coupé 1950. Il approche de l’embranchement de la route 41. Cet endroit est assez connu dans le coin pour être du genre dangereux. Il faut dire qu’il a déjà été le lieu d’accidents mortels par le passé. Mais aujourd’hui, tout roule pour Donald, son épouse est enceinte et personne à l’horizon ne semble pouvoir le sortir de la quiétude dans laquelle il est plongé.

Donald se déporte à gauche sans clignotant pour prendre la route 41. Il aperçoit bien au loin une familiale que Dean vient de dépasser, mais elle est loin. En face pourtant, James Dean est bien là au volant de sa Porsche qui semble raser la route.

En voyant Turnupseed s’engager sur sa voie, il lève le pied. Sa vitesse est plutôt réduite à cet instant, évaluée à moins de 100 km/h. Contrairement à ce que la légende dit, James ne roulait pas à tombeaux ouverts au moment du drame.

En l’espace d’une seconde, il freine, hurle à Rolf : “Ce gars-là ne nous a pas vus”.

Ce seront ses derniers mots... »

Patrice Quiot